L'élection présidentielle française de septembre 1920 s'est déroulée le 23 septembre 1920 à la suite de la démission du président Paul Deschanel et s'est soldée par l'élection du président du Conseil Alexandre Millerand.
Contexte
Élu le 17 janvier 1920, le président Paul Deschanel souffre d'une maladie nerveuse qui l'empêche d'exercer ses fonctions. Le 17 septembre, il charge le président du Conseil, Alexandre Millerand, d'annoncer sa démission au Conseil des ministres, qui décide alors de convoquer les deux chambres du Parlement en Assemblée nationale[1].
Mais Millerand refuse dans un premier temps de se présenter et apporte son soutien au sénateur Charles Jonnart. Après le refus de ce dernier, il l'apporte au président de la Chambre des députés, Raoul Péret[1]. Mais tous deux déclinent l’offre et encouragent la candidature du président du Conseil[2]. Pressé par les groupes centristes et de droite, le chef du gouvernement accepte finalement de se présenter au soir du 20 septembre[3].
Soutenu par les radicaux mais n’ayant pas les faveurs de Millerand, le président du Sénat, Léon Bourgeois, renonce une nouvelle fois à la présidence[4].
Les déclarations de Millerand en faveur d'une révision constitutionnelle élargissant les pouvoirs du chef de l'État (notamment lors de la négociation des traités) inquiètent des parlementaires[5]. Ainsi, si sa candidature reçoit l’appui unanime de l’ERD et de l’ARS, plusieurs groupes émettent des réserves, voire des critiques, particulièrement les sénateurs radicaux — qui siègent au sein de la Gauche démocratique, présidée par Gaston Doumergue — et maintiennent la tenue de la traditionnelle réunion préparatoire des groupes républicains[4]. Millerand tente de rassurer le Parlement en faisant savoir qu’une éventuelle révision constitutionnelle ne pourra intervenir qu’une fois le redressement de l’économie française achevé[4].
Ayant manifesté leur opposition à Millerand en portant leurs suffrages sur les deux autres noms, les socialistes décident de présenter contre celui-ci la candidature du député du NordGustave Delory[6]. Mais ils ne sont que 68 à la Chambre des députés[5].
La réunion plénière visant à désigner le candidat unique des républicains est organisée le au palais du Luxembourg. Des bulletins de vote sont préparés au nom d'Alexandre Millerand, Léon Bourgeois et Raoul Péret. Ces derniers déclinent néanmoins à nouveau toute candidature : Bourgeois prétexte l’incompatibilité de la présidence de la République avec celle de l'assemblée générale de la Société des Nations tandis que Péret refuse de façon moins nette[7].
Millerand sort vainqueur avec 528 suffrages[8],[9]. Des noms circulent, notamment celui du radical Gaston Doumergue ainsi que le président du Sénat, Léon Bourgeois, et le président de la Chambre, Raoul Péret.
Alexandre Millerand est élu avec le plus fort pourcentage jamais recueilli lors d'une élection présidentielle depuis 1873, étant parvenu à rallier beaucoup de voix radicales s’étant portées sur Doumergue lors de la réunion préparatoire[4]. Cependant, en raison d'un nombre de bulletins blancs et nuls plus importants, il obtient un nombre de voix plus faible que Paul Deschanel lors de l'élection présidentielle du mois de janvier précédent[6].
Suites
Le candidat victorieux est investi président de la République le jour même[14]. Pour lui succéder à la présidence du Conseil, il nomme Georges Leygues. En 1924, en conflit avec le cartel des gauches, Millerand sera contraint à la démission.
↑ abc et dJean-Louis Rizzo, Alexandre Millerand : socialiste discuté, ministre contesté et président déchu (1859-1943), Paris, L'Harmattan, coll. « Chemins de la mémoire », , 574 p. (ISBN978-2-343-00859-2), p. 374-377.
↑ a et bJean-Marie Mayeur, La Vie politique sous la Troisième République 1870-1940, Paris, Seuil, 1984, p. 253-263.