L’épée d'académicien est l'épée des membres de l'Institut de France, portée lors des réunions solennelles et des cérémonies officielles.
Elle accompagne l'habit vert, constitué d'un chapeau bicorne, d'un gilet et pantalon brodés de branches d'olivier, de gants blancs et d'une cape.
Historique
La Révolution française ayant supprimé les académies royales, elle décide la création de l'Institut de France en 1795, an IV dans le calendrier républicain. Rapidement, les membres souhaitent obtenir un signe distinctif, jugeant une carte et une médaille insuffisantes. Cela conduit à l'adoption, le , d’un arrêté qui codifie le costume des académiciens ; celui-ci sera amendé au fil des siècles. L'épée n'est alors pas citée dans ce texte et, encore aujourd'hui, ne fait pas l'objet d'une définition officielle[1].
Son origine historique n'est pas clairement connue[1], son usage se serait généralisé au moment de la Restauration[2].
Barbara Cassin, à son entrée à l'Académie française en 2019, « casse les codes » en faisant réaliser une épée qui ressemble fortement à un « sabre laser »[3]. La lame en est de cuir souple, où fluoresce une phrase de son maître Jacques Derrida : « Plus d’une langue », grâce à un tissu en fibre optique, et sa garde est un petit écran souple ressemblant à une montre connectée[4], permettant de « lire virtuellement tous les textes du monde »[3].
Remise de l'épée
L'épée est offerte grâce à une souscription auprès des amis du futur académicien, formation appelée le « comité de l’épée »[5]. Si l'académicien en question n'a pas suffisamment de moyens, il peut en emprunter une à l'Académie[6].
Ensuite, une cérémonie de remise de l'épée a lieu quelques jours avant celle de réception sous la coupole.
À la mort de l'académicien, l'épée revient à la famille.
Objet d'art
La réalisation de l'épée est souvent l'occasion de mise en valeur de symboles représentant la vie ou l'œuvre de l'académicien[7].
Épée de Jean Cocteau, par Cartier, 1955. Dessin par l'artiste lui-même avec le visage d'Orphée pour la garde et une lyre sur le pommeau. Sertie de diamants, elle est vendue en vente publique en 1997 pour 1,75 million de francs[8].
Épée du commandant Cousteau, 1988, en cristal. Le pommeau représente trois pingouins de l'Antarctique et on trouve sur l'applique le symbole de la Calypso[12].
Épée d'Hélène Carrère d'Encausse, par Goudji, 1991. Première épée portée par une femme sous la Coupole. Elle porte la devise « Heureux les pacifiques »[13].
Épée de Pierre Laurens, par la Maison Arthus Bertrand, 2014. Au sommet du pommeau se trouve une abeille prise dans l'ambre, en référence à son ouvrage L’Abeille dans l’ambre. Célébration de l’épigramme de l’époque alexandrine à la fin de la Renaissance[17].
Épée de Xavier Darcos, par Lorenz Bäumer, 2014. La pointe du fourreau est un tuyau d'orgue. La garde et la poignée forment une plume qui ondule, ponctuée de deux citations, l'une en latin (« Per aspera ad astra »), l'autre mélangeant du latin et de l'anglais (« Tibi or not to be »). Au sommet se trouve le lion d'Aquitaine[18].
↑Catherine Cardinal, « "L'épée d'académicien, objet d'art" », Connaissance des Arts, no no 917 Hors série, , pp. 48 (lire en ligne, consulté le ).
↑« Vente : l'épée d'académicien de l'écrivain Jean Cocteau a été vendue à Drouot, 1,75 million de francs. », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le ).