En 1836, le conseiller de la reine de Tahiti Pomare IV, le pasteur George Pritchard, fait expulser deux pères catholiques français dénommés Caret et Laval. En réaction, la France envoie en 1838 l’amiral Abel Aubert du Petit-Thouars pour obtenir réparation. Une fois sa mission accomplie, l’amiral Du Petit-Thouars se dirige vers les îles Marquises, qu’il annexe en 1842. En , l'amiral Du Petit-Thouars revient faire escale à Tahiti. Il s’allie alors avec des chefs de Tahiti hostiles aux Pomare et favorables à un protectorat français. Il leur fait signer une demande de protectorat en l’absence de leur reine, avant d’obliger cette dernière à ratifier le traité de protectorat[1]. Avant même que le traité ne soit ratifié par la France, Mourenhout est nommé commissaire royal auprès de la reine Pomare.
Dans le cadre de ce traité, la France reconnaît la souveraineté de l’État tahitien. La reine est responsable des affaires intérieures, tandis que la France dirige les relations extérieures, et assure la défense et le maintien de l’ordre. En 1880 le gouverneur Chessé, soutenu par des chefs tahitiens, pousse le nouveau roi Pomare V à abdiquer en faveur de la France. Le , il cède à la France le royaume de Tahiti ainsi que les îles qui en dépendent. Devenue une colonie, Tahiti perd alors toute souveraineté. Tahiti est cependant une colonie particulière, puisque tous les sujets du royaume se voient accorder la citoyenneté française[2]. Le , sous les cris de « Vive la République », la foule célèbre l'appartenance de la Polynésie à la France lors du premier Tiurai (fête nationale et populaire). En 1890, Papeete devient une commune de la République.
La colonie
Port de Papeete en 1906.Une du Miroir après le bombardement de Papeete en 1914.
Les EFO participent à la Première Guerre mondiale avec la Nouvelle-Calédonie au sein du bataillon de tirailleurs du Pacifique qui part combattre en Europe. Cette unité est dissoute en 1919. En 1914, Papeete est bombardée par deux croiseurs de la Marine allemande venus de Kiautschou et de Nouvelle-Guinée allemande qui cherchent à s'emparer du stock de charbon. Celui-ci est incendié alors que les canons de marine, installés à terre, tirent sur les bâtiments allemands. En représailles, ceux-ci bombardent la ville puis se retirent. Un navire allemand saisi quelques jours plus tôt est coulé dans le port ainsi qu'une canonnière française.
La période de l'entre-deux-guerres marque le début de la chute de la production des huîtres nacrières (pour la fabrication en Europe des boutons de nacre) et perlières naturelles, qui était de l'ordre de 1 000 tonnes par an de nacre brute vers 1920, et passera à 10 tonnes exportées vers 1975 en raison de la surexploitation des stocks naturellement présents dans les lagons[3].
Comme le Protectorat auparavant, les EFO dépendent du ministère de la Marine (Service des Colonies) jusqu'en 1894, date de création du ministère des Colonies, lequel fut le seul interlocuteur en métropole, dans la mesure où il a des services Santé, Instruction publique, etc.
La colonie est dirigée, à partir de 1881, par un gouverneur, représentant le président de la République.
L'organisation des EFO est précisée par deux décrets de [5], instituant un Conseil général (qui n'équivaut pas à ceux de métropole) et un Conseil privé du gouverneur, supprimés au début du XXe siècle (1903 et 1912). En 1903 est institué le Conseil d'administration, qui va durer jusqu'en 1932. Le Conseil d'administration, formé par huit fonctionnaires et trois notables (infra), a un rôle consultatif en matière économique et financière.
Les services administratifs (Affaires judiciaires, Douanes, Enregistrement, Contributions, Travaux publics, Instruction publique, Imprimerie, Port...) emploient un assez grand nombre de cadres métropolitains et des auxiliaires nommés et révoqués par le gouverneur (400 à 600 employés au total).
Les administrateurs de secteur sont au nombre de cinq (en 1939) : Tahiti, Tuamotu, Îles Sous-le-Vent, Australes, Marquises. Les circonscriptions inférieures (districts) sont administrées par des agents spéciaux qui sont souvent des gendarmes (ex. : Moorea, Tubuai-Raivavae...).
↑Bernard Gille, Antoine Leca, « Histoire des institutions de l'Océanie française: Polynésie, Nouvelle-Calédonie, Wallis et Futuna », L'Harmattan, 2009, (ISBN978-2-296-09234-1)
↑Loi du 30 décembre 1880, Messager de Tahiti, 25 mars 1881
↑Publiés au Journal officiel de la République française le 11 janvier 1886, p. 169 et suivantes.
↑Lagayette, Pierre, « Contribution à l'histoire coloniale de Tahiti « l'affaire Henri Mager » », Journal de la Société des Océanistes, Persée - Portail des revues scientifiques en SHS, vol. 38, no 74, , p. 57–76 (DOI10.3406/jso.1982.2498, lire en ligne, consulté le ).
↑Newbury, Colin, « La représentation politique en Polynésie française, 1880-1903 », Journal de la Société des Océanistes, Persée - Portail des revues scientifiques en SHS, vol. 23, no 23, , p. 11–27 (DOI10.3406/jso.1967.2207, lire en ligne, consulté le ).