La 6e est la dernière-née des armées de chars soviétiques, créée par l'ordre signé par Staline et Antonov du , appliqué le : sont rassemblés en son sein le 5e corps de chars de la Garde (Stalingrad-Kiev) et le 5e corps mécanisé, complétés par le 156e régiment de tanks, le 57e régiment de mortiers (katiouchas) et le 181e bataillon du génie, le tout placé sous le commandement du lieutenant-généralAndreï Grigorievitch Kravtchenko[1]. Il s'agit donc de la plus faible des six armées de chars, les autres disposant de trois corps (deux de chars et un mécanisé).
Elle est affectée dès son ordre de formation au 1er front d'Ukraine du général Nikolaï Vatoutine, pour être engagée quelques jours plus tard dans l'offensive soviétique contre le saillant allemand de Kanev (ce que l'historiographie russe appelle l'opération Korsun-Shevchenkovski). Selon la doctrine militaire des opérations en profondeur prônée par l'Armée rouge (théorisée par Triandafillov et Toukhatchevski), une armée de chars (Танковая армия, abrégée en TA) est destinée à être engagée après une percée effectuée par une autre armée combinée (composée d'infanterie largement soutenue par des divisions d'artillerie et des brigades de tanks d'accompagnement) ; le rôle de l'armée de chars étaient de servir d'« échelon de frappe opérative » en s'enfonçant le plus loin possible en territoire adverse (jusqu'à 150 à 400 km), si possible ses corps d'armée avançant en parallèle, pour déstructurer tout le système ennemi[2]. Les deux (3e et 5e dès mai-) puis six armées de chars furent les fers de lance des principales offensives soviétiques de la seconde partie de la Grande Guerre patriotique.
Son premier engagement est en janvier-, lors de la percée du front allemand au nord-ouest de Kanev, puis l'encerclement et la réduction de la poche de Korsoun-Tcherkassy. En , elle participe à l'offensive Jassy-Kichinev, obtenant le titre de membre de la Garde soviétique le .
Transférée dans le district militaire de Transbaïkalie et regroupant désormais le 5e corps de chars de la Garde ainsi que les 7e et 9e corps mécanisés de la Garde, avec en plus des renforts d'infanterie et d'artillerie, l'armée est engagée en pointe lors de l'invasion soviétique de la Mandchourie (dans la partie appelée opération Khingano-Moukden), fonçant de 800 km en (avec ravitaillement aérien).
1991 à 1992 : lieutenant-général Vitaly Radetsky (3 May 1991 – April 1992)
Composition en 1988
À la veille de la dislocation de l'URSS, la 6e armée de chars de la Garde est une unité de second échelon constituée autour de quatre divisions de chars maintenues à un niveau d'alerte intermédiaire (catégorie III selon la classification américaine, à 60 % de son effectif). Elle compte aussi trois divisions de chars de réserve activables en cas de mobilisation grâce à du matériel prépositionné[4] :
À sa suppression en 2013, ses deux principales unités passent alors sous les ordres du commandement opérationnel est ukrainien : d'une part la 17e brigade de chars (ex 17e division de chars de la Garde), d'autre part la 93e brigade mécanisée (ex 93e division de fusiliers motorisés de la Garde).
Notes et références
↑(en) David Glantz, Marc J. Rikmenspoel, Scott R. McMichael, Hugh Foster, Steven Myers, Uri Khonko, Natalya Khonko et Keith E. Bonn (dir.), Slaughterhouse : The Handbook of the Eastern Front, Bedford, The Aberjona Press, (ISBN0-9717650-9-X), p. 335.
↑Jean Lopez, « Armée de tanks soviétique : l'autre solution », dans Infographie de la Seconde Guerre mondiale, Paris, Perrin, (ISBN978-2-262-06825-7), p. 56-59.
↑(en) Claude Gillono et Leife Hulbert (ill. Dennis Oliver), Comrade Emcha : Red Army Shermans of WW2, Keiraville, The Oliver Publishing Group, coll. « Firefly collection », (ISBN978-0-9806593-7-5), p. 23.
(ru) Владимир Оттович Дайнес [Vladimir Daĭnes], Советские танковые армии в бою [« Les armées de chars soviétiques dans la bataille »], Moscou, Яуза/Эксмо, , 797 p. (ISBN978-5-699-41329-4).
(ru) V. I. Feskov, V. I. Golikov, K. A. Kalashnikov et S. A. Slugin, Вооруженные силы СССР после Второй Мировой войны: от Красной Армии к Советской [« Les forces armées de l'URSS après la Seconde Guerre mondiale : de l'Armée rouge à celle soviétique »], Tomsk, Scientific and Technical Literature Publishing, (ISBN978-5-89503530-6).