Ada Rehan, née Ada Delia Crehan, le dans le comté de Limerick (Irlande) et morte à New York (États-Unis), est l'une des plus célèbres actrices et comédiennes américaines de la fin du XIXe siècle, pour ses rôles dans les pièces de Shakespeare et ses interprétations dans des comédies européennes.
Jeunesse et carrière
Ada Crehan naît dans le comté de Limerick, en Irlande. Elle fait partie d'une fratrie de cinq enfants issus de Thomas Crehan (mort en 1890) et Harriet (ou Harriett) Ryan Crehan (morte en 1901). Sa date de naissance diffère entre 1857 et 1860 selon les répertoires officiels. 1860 est la date qu'elle communique lors de sa demande de passeport américain. Ce n'est pas un cas unique parmi les actrices que de chercher à gommer quelques années de son état civil. Sa famille émigre aux États-Unis et s'installe à Brooklyn, New York lorsqu'elle a cinq ans[2].
Carrière théâtrale
Les sœurs de Bridget Crehan, Harriet et Kate, la précèdent sur scène. Kate épouse son partenaire Oliver Doud Byron. Leur fils, le neveu d'Ada, est l'acteur Arthur Byron. Les deux frères de Bridget Crehan, William et Arthur, travaillent également dans le domaine théâtral, côté gestion[2]. Bien qu'elle ne soit pas destinée au théâtre, à 14 ans, elle remplace une actrice souffrante pour un petit rôle dans Across the Continent une pièce écrite par Oliver Doud Byron et jouée à Newark, New Jersey. Elle est suffisamment crédible pour que sa famille l'encourage à suivre des cours dramatiques[3]. C'est lors de sa prestation suivante, au Louisa Lane Drew’s Arch Street Theatre de Philadelphie, qu'elle est présentée sous le nom d'Ada C. Rehan, un nom qu'elle va conserver[4]. Ada poursuit sa formation à Louisville, Kentucky (1875-1876), à Baltimore, à Albany avec la compagnie de John W. Albaugh où elle joue quelque 90 seconds rôles aux côtés d'acteurs réputés comme Edwin Booth et John Edward McCullough[5],[6].
Augustin Daly et le succès
Rehan fait ses débuts à New-York dans Thoroughbred en 1875. Puis quatre ans de seconds rôles s'enchaînent[4]. Rehan joue dans l'une des pièces d'Augustin Daly, Pique, produite par le Grand Opera House de New York avec Fanny Davenport en vedette, lorsque l'auteur la remarque, en avril 1879. Cette année-là, lorsqu'il ouvre son troisième théâtre à New York, le Daly's Fifth Avenue Theatre, Rehan rejoint sa compagnie. Augustin Daly est l'un des « faiseurs de stars » de cette époque. Il révèle le potentiel artistique de Rehan et elle continue à travailler avec lui jusqu'à sa mort vingt ans plus tard. Mais leur relation à la fois artistique et sentimentale, bien que marquée par un énorme succès pour chacun d'entre eux, est tumultueuse[7].
Rehan fait partie de la compagnie de Daly connue sous le nom de « Big Four » avec John Drew, Jr., Ann Hartley Gilbert et James Lewis[8]. Sous la direction et la gestion minutieuses de Daly, le quatuor conquiert la critique et le public avec des pièces shakespeariennes, des comédies de Restauration et des adaptations de farces allemandes et françaises. En 1884, elle est acclamée à Londres. L'accueil à Paris et dans les capitales européennes est aussi enthousiaste[4]. Les quatre acteurs principaux jouent souvent des variations sur les mêmes types de personnages. Drew et Rehan endossent les rôles de héros et d'héroïne romantiques, tandis que Lewis et Gilbert jouent les rôles de personnages plus mûrs. Comme le décrit un journaliste du Herald : « Ils ont une façon de jouer la comédie chez Daly et une seule. Que la pièce soit de Sheridan ou de Shakespeare, de Schonthan ou de Jérôme, les acteurs sont toujours de bons Américains, brillants, de la classe moyenne »[9]. Tout en remportant beaucoup de succès dans ses rôles de travesti masculin, pour son public en Amérique et à l'étranger, Rehan incarne un idéal de féminité, désirable, respectable et ambitieuse. Dans la biographie écrite par William Winter, son contemporain écrit : « La capacité de jouer les rôles de Katherine, Lady Teazle, Rosalind, Vera Bouraneff et Viola dénote une profondeur de cœur, une extraordinaire sincérité intellectuelle et de grandes ressources artistiques »[10]. Il est vite devenu évident que Rehan est la star de la compagnie de Daly, au sein des Big Four, mais ce dernier refuse de le reconnaître, tant sur le plan financier que sur aucun traitement préférentiel.
Rehan a vingt-deux ans, Daly quarante-et-un. Leur relation professionnelle de Rehan et Daly est compliquée par leur relation personnelle. Cornelia Otis Skinner, la fille du comédien Otis Skinner, membre de la troupe de Daly, affirme que Rehan devient la maîtresse de Daly qui est un homme marié[11],[12].
La réalisation la plus achevée de Daly et Rehan, qui reflète le mieux leur propre dynamique de création est probablement leur Mégère apprivoisée (1887). La pièce est montée à la fois à New York et à Londres et cette première production totalise 121 représentations, ce qui est un exploit pour un spectacle au XIXe siècle[13],[14].
Nombre de femmes s'efforcent d'imiter sa diction, son style et même ses robes. Le Chicago Evening Mail rapporte, comme un phénomène de mode, que des femmes interprètent des répliques de Rehan, que des chapeaux féminins portent son nom et que les créateurs de mode lui offrent des costumes en échange de leurs noms dans les programmes[18].
Retraite
Quand Augustin Daly meurt en 1899, Rehan déserte la scène pendant une année entière. Elle revient avec une production de Sweet Nell of Old Drury et une tournée qui relance certains des rôles classiques de sa carrière avec la compagnie de Daly. Cependant, ses performances qui commencent à s'émousser dans les années 1890, deviennent datées dans ces productions post-Daly[19].
Dans une lettre à William Winter, Rehan écrit : « Je suis très indifférente à l'avenir. Si jamais je continue mon travail, je crains que la routine prenne le pas sur le travail de l'artiste »[20]. Après quelques autres tentatives mal reçues, Rehan se retire définitivement de la scène en 1905[4].
Mort et héritage
Rehan vit ses dernières années entre ses maisons de New York et la côte anglaise. Elle meurt d'une artériosclérose et d'un cancer à New York le . Ses cendres sont enterrées au Greenwood Cemetery, Brooklyn[21].
Ada Rehan est admirée en Amérique et en Europe, ayant joué à Paris, Berlin, Hambourg, Londres, Édimbourg, Dublin et Stratford-upon-Avon[22]. Quand elle est meurt, les journaux à travers le pays pleurent son décès. Une notice nécrologique importante paraît dans le New York Times[23] .
Elle joue les principaux personnages féminins dans[26]:
Cinderella at School
Needles and Pins
A Wooden Spoon
After Business Hours
Our English Friend
Bibliographie
(en) William Winter et al., Ada Rehan : a study, New York, F.T. Neely, , 211 p. (OCLC639814777)
(en) William Winter, Shadows of the stage, New York, 1893-1895 (OCLC1153967822)
(en) Lewis Clinton Strang, Famous actresses of the day in America. Second series, Boston, L.C Page and Co, (OCLC276864728, présentation en ligne)
(en) Norman Hapgood, The stage in America, 1897-1900, New York, The Macmillan Co., (OCLC859422688)
(en) William Winter, The wallet of time : containing personal, biographical, and critical reminiscence of the American theatre, New York, (OCLC471813244)
(en) Izard Forrest (Project Gutenberg's Heroines of the Modern Stage), Ada Rehan dans Heroines of the Modern Stage (lire en ligne), p. 203
↑(en) Kim Marra, Strange Duets: Impresarios and Actresses in the American Theatre, 1865-1914, University of Iowa Press, (ISBN978-1-58729-741-0, lire en ligne), p. 49-53
↑(en) Kim Marra, Strange Duets: Impresarios and Actresses in the American Theatre, 1865-1914, University of Iowa Press, (ISBN978-1-58729-741-0, lire en ligne), p. 48
↑(en) Kim Marra, Strange Duets: Impresarios and Actresses in the American Theatre, 1865-1914, University of Iowa Press, (ISBN978-1-58729-741-0, lire en ligne), p. 53
↑(en) William F. Winter, Ada Rehan, a study, London, New York : Priv. pr. for A. Daly, 1891-1898 (lire en ligne), p. 19
↑(en) Kim Marra, Strange Duets: Impresarios and Actresses in the American Theatre, 1865-1914, University of Iowa Press, (ISBN978-1-58729-741-0, lire en ligne), p. 50
↑(en) Cornelia Otis Skinner, « Family Circle », sur www.goodreads.com, (consulté le )
↑(en) Kim Marra, Strange Duets: Impresarios and Actresses in the American Theatre, 1865-1914, Iowa City, University of Iowa Press, , p. 65
↑(en) REHAN, Miss Ada C., actor dans Woman of the Century (lire en ligne)
↑(en) Kim Marra, Strange Duets: Impresarios and Actresses in the American Theatre, 1865-1914, University of Iowa Press, (ISBN978-1-58729-741-0, lire en ligne), p. 58
↑(en) Edward T. James, Notable American Women, 1607–1950, Cambridge, MA, Harvard University Press, (lire en ligne), p. 131
↑(en) Kim Marra, Strange Duets: Impresarios and Actresses in the American Theatre, 1865-1914, Iowa City, University of Iowa Press, , p. 70
↑(en) Stanley Appelbaum, The Chicago World's Fair of 1893: A Photographic Record, Photos. from the Collections of the Avery Library of Columbia University and the Chicago Historical Society, Dover Publications, (ISBN978-0-486-23990-3, lire en ligne)
↑(en) Ada Rehan as Beatrice, in Shakespeare's Much ado about nothing (Folger Shakespeare Library holdings identifie Ada Rehan dans cette pièce), Hamnet Catalog Record, (lire en ligne)
↑(en) James Grant Wilson, Rehan, Ada dans Appleton's cyclopaedia of American biography, Detroit, Gale, (OCLC946228069, lire en ligne)