« Quan arriba l'aiguat, hi ha pas res de salvat (quand arrive l'aiguat, rien n'est sauvé)[1]. »
Étymologie
Le mot catalan aiguat (prononcé « aïgouate ») a été retenu en français pour désigner cet événement.
Présentation
L'épisode pluvieux, sur les Pyrénées-Orientales, s'étend du 16 au . Malgré la désorganisation des services de météorologie due à la guerre, il est relevé 840 mm de pluie le , ce qui est officiellement considéré comme le record d'Europe de précipitations en 24 heures, alors que le pluviomètre a débordé plusieurs fois ; la valeur de 1 000 mm semblerait cohérente avec la réalité[2]. Guillaume Julia, un instituteur de Saint-Laurent-de-Cerdans, relève 1 930 mm sur les cinq jours, dont 1 000 mm pour le seul .
Le bilan humain est d'environ 50 morts dans les Pyrénées-Orientales (essentiellement dans la vallée du Tech, à Amélie-les-Bains) et plus de 300 en Catalogne. L'événement a conduit à l'évacuation puis à la fermeture du camp d'internement de Saint-Cyprien. Les étrangers qui y étaient alors internés (principalement Juifs des pays d'Europe centrale et d'Allemagne) ont été transférés à Gurs.
Conséquence
Conséquence dans la vallée du Tech
Conséquence à Prats de mollo
Prats-de-Mollo-la-Preste fut amputé de plusieurs fontaines. L’aiguat dévasta une partie de Prats et de sa vallée, emportant notamment le pont d’Espagne et plusieurs établissements. La catastrophe provoqua une réorientation de l’économie locale vers le tourisme et le thermalisme[3],[4],[5].
Conséquence au Tech
Le village du Tech se voit semblablement atteint. L’Église Notre-Dame-de-l'Assomption est emportée par le courant, provoquant sa reconstruction en hauteur dans le village[6].
Conséquence à Arles sur Tech
A Arles-sur-Tech, la nouvelle[Note 1] usine du Groupe Cémoi est détruite par les flots, provoquant le déménagement de l’entreprise à Perpignan[7]. Un débit de 4 600 m3/s est recensé dans la commune[8].La ville d’Arles Sur Tech réalisa un document numérique illustrant l’aiguat via des photos d’époque[9].
Conséquence à Amélie les bains
Ainsi, Amélie-les-Bains se retrouve en ruine avec sa gare et son casino qui se retrouvent emportés jusqu’à Brouilla. Amélie les bains est amputée de 23 de ses habitants, soit presque la moitié des morts côté français[10],[11].
Autres conséquences
Au Boulou, on recense un débit de 3 500 m3/s[8]. Le camp de Saint-Cyprien est détruit, entraînant sa fermeture et l’évacuation de ses prisonniers, notamment vers les camp de Gurs et d’Argelès-sur-Mer, car moins touché par les inondations. Il y eu cependant deux victimes, deux femmes espagnoles[12].
Conséquence dans la vallée de la Têt
Conséquences à Vernet les bains
La ville de Vernet-les-Bains est également impactée : pas moins de 71 pavillons et cinq hôtels furent détruits lors de l’inondation. Le 17 octobre, on comptait déjà 58 immeubles anéantis. L’établissement thermal de la ville est inondé, l'hôtel du parc et les villas sont balayés par l’eau. Seuls, le Casino de Vernet-les-Bains et l’hôtel du Portugal sont des témoins du passé thermal de la ville[13],[14].
Autres conséquences
La Basse fit une crue avec un débit de 3 600 m3/s, de même pour la Têt loin de son débit habituel de 11 m3/s. Le niveau de l’eau passa de 1 m à 5,6 m au niveau du pont Joffre.[15]
Notes et références
Notes
↑Nouvelle car la première usine fut détruite dans un incendie en 1927
↑Jocelyne Bonnet-Carbonell et Charles-Olivier Carbonell, Prats-de-Mollo et les Pratéens: mémoire de pierres et souvenirs d'hommes, Trabucaire, coll. « Etnologia », , 208 p. (ISBN978-2-84974-055-2)
Gérard Soutadé, Les inondations d'octobre 1940 dans les Pyrénées-Orientales, Perpignan, Conseil général, Direction des archives départementales, , 351 p. (ISBN978-2-86066-025-9, LCCN94166617).
Fiction fortement inspirée de l'aiguat de 1940, parue pour la première fois en 1949. L'édition de 2007 est suivie d'une étude « La Crue et l'aiguat de 1940 » par Gérard Soutadé.
Nicolas Jacob, « La crue d'octobre 1940 dans la basse vallée du Tech (Roussillon), d'après les dossiers des sinistrés », Annales de Géographie, vol. 106, no 596, , p. 414-424 (lire en ligne).
Maurice Pardé, « La crue fantastique d'octobre 1940 dans le Roussillon », Revue de géographie alpine, vol. 29, no 2, , p. 353-357 (DOI10.3406/rga.1941.4312, lire en ligne).
Huguette Vivian, « G. Soutadé : Les inondations d'octobre 1940 dans les Pyrénées Orientales », Revue de géographie alpine, vol. 82, no 2, , p. 159-160 (lire en ligne).
(ca + fr) Collectif, L'aiguat de 40. Les inondations catastrophiques et les politiques de prévention en Méditerranée nord-occidentale. Actes du congrès de Vernet-Les-Bains : les inondations d'octobre 1940 en Catalogne : 50 ans passés, 18-20 octobre 1990, Barcelone, Generalitat de Catalunya, , 484 p. (lire en ligne).
S. Brochot et P. Lefranc, « Prévention des crues torrentielles en Haut-Vallespir : validation des hypothèses de travail à partir de l'Aiguat d'octobre 1940 », Colloque « Aiguat del 40 », Vernet-les-Bains, 18-19-20 octobre 1990.
Gérard Soutadé, Quand la terre s’est ouverte en Roussillon, l’Aiguat-octobre 1940, Perpignan, l’Olivier, , 171 p.
Guillaume Julia, École de St Laurent de Cerdans, Inondations des 17-18-19 Octobre 1940 (lire en ligne) : relevé des précipitations et des dégâts des crues par l'instituteur de St Laurent.