Ses livres, au nombre d'une vingtaine, comptent parmi les meilleures ventes de librairie.
Biographie
Enfance
Sa famille tenait un petit café. Après avoir vu un film intitulé Boy Soprano à l'âge de 11 ans, il déclare son rêve de monter sur les planches en tant que chanteur et entre à l'Université nationale japonaise de musique à 15 ans. Son idole est Yūjirō Ishihara.
Chanteur
Il commence sa carrière professionnelle en tant que chanteur de chanson de cabaret à Ginza à l'âge de 17 ans à son arrivée à Tokyo (1952)[1], y chantant dans divers night-clubs ses chansons françaises préférées d'Édith Piaf à Yvette Guilbert en passant par Marie Dubas. Il rencontre alors Yukio Mishima et le dramaturge Shūji Terayama, qui le font rapidement jouer[1]. Il a appris le français enfant à l'école.
Yukio Mishima devient le grand amour de sa vie. Cette relation démarre quand Mishima le complimente dans un cabaret en lui disant, « Maruyama, vous n'avez qu'une faiblesse. C'est que vous ne pourriez jamais tomber amoureux de moi. ». Il change son nom après le suicide de Mishima le pour devenir Miwa[2],[3].
Sa célébrité commence en 1957 avec le tube Méqué, méqué(メケ・メケ?), reprise en japonais de Gilbert Bécaud[4]. Son type de beauté efféminée atypique parmi les médias fait fureur.
Dans les années 1970, le milieu du cinéma offrant moins de débouchés, il se tourne à nouveau vers une carrière de chanteur pour laquelle il reprend une apparence masculine.
Écrivain
Miwa a écrit de nombreux livres très engagés au sujet des problèmes sociaux et militaires, conséquence de sa grande expérience du pire de ces sujets, étant lui-même rescapé de l'explosion atomique de Nagasaki dont il se sortit relativement épargné mais toujours très critique contre le gouvernement dans l'ensemble de ses concerts[5],[6].
En 1968, il joue l'héroïne criminelle du film Le Lézard noir de Kinji Fukasaku[7], adapté du roman éponyme d'Edogawa Rampo de 1934 ; il en compose et y interprète également le thème musical. Yukio Mishima, qui y fait une courte apparition, adapte pour lui Le Lézard noir au théâtre l'année suivante. En 1969, il joue encore l'un des rôles principaux dans La Demeure de la rose noire de Kinji Fukasaku.
Au début des années 1970, il interprète pour la télévision, le double rôle de Yukinojo et Yamitaro dans la version de La Vengeance d'un acteur (Yukinojo Henge) dont les premiers épisodes sont réalisés par Hideo Gosha[8].
En 2010, le réalisateur français Pascal-Alex Vincent lui consacre un documentaire dans lequel il est longuement interviewé : Miwa : à la recherche du Lézard noir[12]. Diffusé dans les cinémas au Japon en 2013, il est également disponible en DVD en version sous-titrée aux éditions Parco qui sont également l'éditeur des livres et spectacles de Miwa.
En 2013, Hideki Noda lui consacre une pièce de théâtre simplement baptisée Miwa[1].
Vie privée et icône gay puis transgenre au Japon
Il est pendant longtemps le seul homosexuel affiché au Japon, après avoir fait son coming out à 17 ans. Son petit ami se pend peu après, sa famille s'étant aperçue de son homosexualité[12]. Son physique androgyne lui permet de jouer des rôles attribués parfois au genre masculin, parfois au féminin, dans la lignée des théâtres Kabuki. Son indifférence du genre font de lui une personnalité transgenre au Japon[13],[14]. Sa popularité n'est pas uniquement expliqué par son charisme et son identité d'artiste, mais également par la documentation des discriminations[15] auxquels il dut faire face dans un Japon dominé par la masculinité hétérosexuelle[16],[17].
↑ ab et c(en) Nobuko Tanaka, « It doesn’t have to be all true to be the life of Akihiro Miwa », The Japan Times, (lire en ligne, consulté le ).
↑(en-US) Vincent Canby, « Review/Film; In Tokyo, A Queen Of Crime In Drag », The New York Times, (ISSN0362-4331, lire en ligne, consulté le )
↑Bruno Lesprit, « Le grand saut dans le vide de Yukio Mishima », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
↑Delphine Valloire, « Miwa, L'ange androgyne », Otomo n°11, 3ème trimestre 2022, "En 1957, Miwa remporte un immense succès avec une reprise de Gilbert Bécaud Mé-qué, Mé-qué (écrit par Charles Aznavour)" p. 96
↑(en) Michael Saward, Milija Gluhovic, Shirin M. Rai, Silvija Jestrovic, The Oxford Handbook of Politics and Performance, Oxford University Press, , 752 p. (ISBN9780190863456, lire en ligne), "Miwa hold's a unique position among Japanese homosexual media personalities as he is seen as a cultural figure for his artistic talent and insightfull understanding of social problems, including critical stances on the government's desire for remilitarization in the current power dynamics within East Asia from his perspective as a survivor of the atomi bomb dropped on Nagasaki" p. 628
↑(en) Claire Maree, Queerqueen, Linguistic Excess in Japanese Media, Oxford University Press, , 214 p. (ISBN9780190869632, lire en ligne), "Miwa Akihiro is [...] a prolific writer [...]. A survivor of the nuclear bombing of Nagasaki, he is highly respected for this forthright critique of the machination of war and nuclear weapons. [...] Miwa is the author of more than twenty solo-authored books, and countless magazine and newpaper columns" p. 150
↑Robin Gatto, Hideo Gosha, cinéaste sans maître (tome 2), LettMotif, , 400 p. (ISBN9782367160467), "Seuls les deux premiers épisodes de cette série [Yukinojo Henge] [...] furent réalisés par Hideo Gosha [...] Gosha jeta son dévolu sur l'atypique Akihiro Miwa pour incarner le double rôle de Yukinojo et Yamitaro."
↑(en) Dani Cavallaro, The Animé Art of Hayao Miyazaki, McFarland, Incorporated, Publishers, , 204 p. (ISBN9780786451296, lire en ligne), p. 184
↑Delphine Valloire, « Miwa L'ange androgyne », Otomo n°11, 3ème trimestre 2022, "Tout aussi improbable, l'amitié qui unit Miwa et le réalisateur Hayao Miyazaki. Il la choisit en 1997 pour faire la voix de Moro, le loup blanc géant dans Princesse Mononoke [...] Miyazaki a aussi imaginé le personnage ambigu de la Sorcière des landes dans le Château ambulant (2004) en pensant à iel." p. 102
↑(en) Hideko Abe, Queer Japanese, Gender and Sexual Identities Through Linguistic Practices, Palgrave Macmillan, , 199 p. (ISBN9780230106161, lire en ligne), "Miwa Akihiro [...] is the very first transexual to establish him/herself a successful entertainer and become visible in public media [...] Miwa was called "sister boy" because of his/her chusei (neutral/genderless) fashion."
↑Robin Gatto, Hideo Gosha, cinéaste sans maître (tome 2), LettMotif, , 400 p. (ISBN9782367160467), "Grande figure d'une homosexualité japonaise [...] Miwa (Maruyama) est aussi et surtout l'une des personnalités majeures d'un flamboyant transgenre nippon trouvant son incarnation dans des formes d'expression étonnantes et très riches telles que les théâtres Kabuki, d'une part où les hommes jouent des rôles féminins, et le Takarazuka d'autre part, où les femmes jouent, en chanson, des rôles d'hommes"
↑(en) Claire Maree, Queerqueen, Linguistic Excess in Japanese Media, Oxford University Press, , 214 p. (ISBN9780190869632, lire en ligne), "He [Miwa] also documents the discrimination he faced as a young queer man, who rebelled against societal gender and sexuality norms and developed the unique fashion style for which he is still known today." p. 150
↑(en) Alastair Phillips, Hideaki Fujiki, The Japanese Cinema Book, Bloomsbury Publishing, , 624 p. (ISBN9781844576814, lire en ligne), "The way in which his queer persona [Miwa] was chaped in relation to the dominant mode of heterosexual masculinity of the period." p. 179
↑Delphine Valloire, « Miwa, L'ange androgyne », Otomo n°11, 3ème trimestre 2022, "l'excentrique Miwa traverse soixante-dix ans de culture japonaise [...] tout en révolutionnant l'idée du genre sur la scène publique et en manifestant pour les droits des homosexuels et le pacifisme." p. 95 ; "Miwa, être libre, artiste à la culture érudite, homosexuel affiché et sans aucune culpabilité." p. 97 ; "En arrivant à 15ans à Tokyo, Miwa se fait jeter des cailloux par les gens dans la rue, et subit aussi des attaques verbales. Un de ses petits amis, dont l'homosexualité a été "démasqué", se pend pendant le conseil de famille qui statut sur son cas. Révolté contre cette violence, Miwa va [...] revendiquer sa sexualité en plein jour avec une sincérité désarmante. Pendant des décennies, iel sera la seule personnalité publique au Japon à le faire. L'unique idole queer." p. 104