Né Jean Le Grand à Morlaix, peut-être en 1599, il est le fils de Jacques, sieur de Loteric, en Guiclan, et d'Anne Noblet. Après des études au couvent dominicain de sa ville natale, il entre dans les ordres au couvent de Rennes vers 1620, où il choisit de se placer sous le patronage d'Albert le Grand, avant de se voir assigné à celui de Morlaix en 1623[1]. On note successivement la présence de frère Albert dans les couvents de son ordre à Quimperlé, Guingamp, Dinan, Vitré, et Nantes (de 1634 à 1636, correspondant à la longue période d’impression de sa somme hagiographique)[2]. Cherchant une matière à ses prédications exercées de bourg en bourg, il recueille dans chaque paroisse des traditions locales qu'il entreprend de collecter et recouper avec des sources familiales (travaux de son ancêtre le chanoine Yves Le Grand). En 1627, le vicaire général de la congrégation gallicane des dominicains Noël des Landes lui commande un immense travail de collecte des chronologies, des archives des évêchés, des chartriers des églises et des monastères de toute la Bretagne. Cette compilation aboutit huit ans plus tard à un corpus d'hagiographie bretonne publié en 1637, La Vie des saincts de la Bretaigne armorique qui incarne le courant théologique et universitaire de l'ordre dominicain. S'appuyant sur des sources d'authenticité et de valeur historique variables, son travail hagio-historiographique est interrogé par la critique moderne[3]. Il est mort au couvent de Rennes entre 1640 et 1644[2].
Œuvres
Ses écrits, consacrés à la matière hagiographique et historique bretonne, en partie légendaires, connaissent un grand succès. Il est surtout connu pour sa Vie des saincts de la Bretaigne armorique, publiée en 1637 à Nantes chez Pierre Doriou, et pour laquelle il utilise notamment des manuscrits anciens disparus par la suite. Selon l'historien Joël Cornette, cet ouvrage tient lieu « pendant plusieurs siècles, de Bible et d'abécédaire sous de nombreux toits bretons : c'est bien lui le principal responsable de la fixation du légendaire hagiographique breton… jusqu'à nos jours ! »[4].
Albert Le Grand publie également en 1640La Providence de Dieu sur les justes en l'histoire admirable de saint Budoc archevesque de Dol, chez J. Durand à Rennes. Cette vie de saint Budoc est intégrée aux rééditions successives de La Vie des saincts de la Bretaigne armorique (au titre modifié dès sa deuxième réédition en 1680 en Vies des saints de la Bretagne armorique).
Références
↑Joachim Darsel, Histoire de Morlaix, Impr. réunies, , p. 80
↑ a et bPhilippe Lahellec, Approche de la vie et de l’œuvre du fondateur de l’hagiographie bretonne : Albert Le-Grand de Morlaix et « La vie des Saincts de la Bretaigne Armorique (1637), Université de Bretagne-Occidentale de Brest, 1996
↑Dominique Aupest-Conduché, « Méthodes de travail d'Albert Le Grand, hagiographe breton », Bulletin philologique et historique (jusqu'à 1610) du Comité des travaux historiques et scientifiques, année 1966 (Actes du 91e Congrès national des Sociétés savantes tenu à Rennes), volume 2, p. 661-671
↑Joël Cornette, Histoire de la Bretagne et des Bretons. Des âges obscurs au règne de Louis XIV, Seuil, , p. 130
↑Joseph-Claude Poulin, L'hagiographie bretonne du haut Moyen Âge. Répertoire raisonné, J. Thorbecke, , p. 34
La vie, gestes, mort et miracles des Saints de la Bretagne Armorique, ensemble un catalogue des évêques des neuf eveschés d'icelle par Albert Le Grand (1659) disponible sur Google Livres.
Les vies des saints de la Bretagne Armorique par Albert Le Grand, (1901) lire en ligne sur Gallica