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Vingt-six œuvres d'art volées par Alfred Dodds lors de ses campagnes militaires sont offertes par lui au musée du Trocadéro en 1893 et 1895, puis détenues par le musée du Quai Branly. Elles sont restituées au Bénin en 2021.
Biographie
Famille
Alfred Dodds est le fils de Antoine Henri (ou Henry) Dodds (1818-1882), négociant, métis, quarteron, dernier directeur de la Poste à Saint-Louis (avant sa fusion avec le télégraphe), et de Charlotte Billaud de la Chapelle (1823-1890), métisse ou signare, ou mulâtresse, de père français né à la Grenade et de mère issue d'une vieille famille franco-sénégalaise.
Il naît en 1842, aîné d'une famille qui comptera dix enfants.
Son grand-père, John Dodds (1790-1874), officier britannique, aide-de-camp du dernier gouverneur anglais à Saint-Louis, avait épousé une Sénégalaise, Sophie Feuilletaine (1797-1866), fille d'un officier puis négociant d'origine lorraine et d'une femme peule[2].
Formation
Il est versé dans l'infanterie de marine à sa sortie de Saint-Cyr en 1862. Lieutenant le , il est affecté à La Réunion[3] ; il se distingue lors de la répression d'une insurrection débutée en décembre 1868. Blessé à la tête, il empêche sa section de tirer sur la foule. Il est proposé au grade de capitaine.
Il est en poste au Sénégal de 1871 à 1874, puis à Brest de 1874 à 1876[3], puis à Cherbourg et à Toulon. Chef de bataillon le [3], il participe aux opérations de la Casamance entre 1877 et 1878 et se distingue à l'assaut de Moricounda. Il retourne au Sénégal entre 1881 et 1883 et commande un bataillon de tirailleurs sénégalais. Il est nommé lieutenant-colonel le et promu officier de la Légion d'honneur en décembre.
Commandant du 2e régiment de tirailleurs tonkinois (1886-1887)
De décembre 1886 à février 1887, commandant du 2e régiment de tirailleurs tonkinois, il participe aux opérations dans le delta du Tonkin à Ba-Dinh. Il est promu colonel le , à 45 ans, et rentre en France en 1888.
Commandant supérieur des troupes au Sénégal (1888-1891)
En décembre 1888, il est nommé commandant supérieur des troupes au Sénégal. Il pacifie le Fouta-Djalon en Guinée en 1891.
De retour en France en octobre 1891, il prend le commandement du 8e régiment d'infanterie de marine à Toulon et est fait commandeur de la Légion d'honneur en décembre.
En avril 1892, il est nommé commandant supérieur des établissements français du Bénin (Royaume du Dahomey)[4] et commandant en chef de la deuxième expedition au Dahomey. Un débat a lieu quelques mois plus tard à la Chambre des députés afin de pouvoir confier à Dodds le commandement des troupes de mer en plus de celui des troupes terrestres. La décision est prise et le ministre de la Marine Godefroy Cavaignac (1853-1905), qui souhaitait un commandement séparé, démissionne en septembre[5],[6].
Dodds prend la ville royale d'Abomey, capitale du royaume du Dahomey le [7], dépose le roi Béhanzin qui prend le maquis, libère ses esclaves et permet la renaissance de royaumes soumis par le Dahomey (Kétou...), met fin aux sacrifices humains[8]. Il est nommé général de brigade le [3], après la prise de la ville sainte de Cana (ou Kana) puis fait grand officier de la Légion d'honneur en décembre.
L'amiral Henri Rieunier, ministre de la Marine, charge le au matin Hanès, commissaire de la marine, de remettre au général Dodds, de retour de Dahomey à bord du paquebot le Thibet, dans le port de Marseille, la première médaille commémorative de l'expédition.
Une troisième expédition, menée par Dodds, d’octobre 1893 à janvier 1894 a pour but de capturer Behanzin. Le 15 janvier 1894, un nouveau roi de Dahomey, allié à la France, est mis en place et Béhanzin se rend puis le protectorat français sur le Dahomey est proclamé[9].
Commandant supérieur des troupes en Indochine (1896, 1900-1902)
Adjoint à l'inspecteur général des troupes de marine en septembre 1894, il reçoit en avril 1896 le commandement supérieur des troupes en Indochine. Il est rappelé peu après et remplacé par le général de division Bichot en septembre. Cette affaire suscite des interrogations dans la presse de l'époque qui soupçonne « une question de race » d'être à l'origine de ce ce rappel[10]. Il rentre en France et est mis en disponiblité en novembre.
Promu général de division le , il retrouve en septembre 1900 son poste de commandant supérieur des troupes en Indochine, en remplacement du général Borgnis-Desbordes, poste qu'il conserve jusqu'en septembre 1902.
Commandant du Corps d'armée des troupes coloniales (1902-1904)
Il est décoré de la médaille militaire le , distinction suprême pour un officier général, et passe dans la réserve en février[11].
Il meurt à Paris le , au domicile de ses neveux, âgé de 80 ans.
Les donations Dodds restituées au Bénin
Alfred Dodds fait deux donations d’œuvres au musée du Trocadéro, à Paris, en deux versements : huit pièces en 1893, dix-huit en 1895[12]. En 1893, il donne « trois statues mi-homme, mi-animal, quatre portes du palais et un siège royal », et, en 1895, « trois récades, six autels portatifs, des calebasses gravées, les trônes des rois Ghézo et Glélé, un repose-pieds, un fuseau, un métier à tisser, une tunique et un pantalon de soldat »[12].
Le transfert de propriété de ces œuvres, considérées comme « butin de guerre », est rendu possible par une loi adoptée par le parlement le et promulguée le [12].
↑Luc Garcia, Le Royaume du Dahomé face à la pénétration coloniale (1875-1894), éd Kathala, 1988 - Sylvain Sankalé, « A la mode du pays... - Chroniques saint-louisiennes d’Antoine François Feuiltaine - Saint-Louis du Sénégal 1788-1835 », thèse pour le doctorat en histoire du droit et des faits économiques et sociaux - faculté de droit de Montpellier - 1998 - 750 pp.
↑«Commandant supérieur des établissements français du Bénin : Alfred Amédée Dodds», site des ANOM. Lire en ligne.
↑François Berge, « Le Sous-secrétariat et les Sous-secrétaires d'État aux Colonies : histoire de l'émancipation de l'administration coloniale » in
Outre-Mers. Revue d'histoire, Année 1960, n168-169, p. 365. Lire en ligne.
↑Manchuelle, François, « Métis et colons : la famille Devès et l'émergence politique des Africains au Sénégal, 1881-1897 », Cahiers d'études africaines, Persée - Portail des revues scientifiques en SHS, vol. 24, no 96, , p. 477–504 (DOI10.3406/cea.1984.2197, lire en ligne, consulté le ).
↑La conquête du Dahomey (1890-1894), Service historique de la défense. Lire en ligne.
↑« Le rappel du général Dodds » dans L'Extrême-Orient, 6 septembre 1896. Lire en ligne.
↑ abcdef et gMichel Wattel et Béatrice Wattel (préf. André Damien), Les Grand’Croix de la Légion d’honneur : De 1805 à nos jours, titulaires français et étrangers, Paris, Archives et Culture, 2009, p. 148.
↑ ab et cPhilippe Dagen, « Vingt-six objets bientôt rendus au Bénin par le Musée du quai Branly », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
↑[entretien] Philippe Dagen, Guillaume Fraissard et Emmanuel Kasarhérou, « "Nous avons décidé avec le Bénin de ne pas faire les restitutions des objets royaux en catimini" », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
↑Nota : la médaille militaire se porte en avant de la LH pour les officiers généraux. Attention : selon la Grande Chancellerie, aucun texte officiel n'existe et il s'agit d'une simple habitude.
Michel Wattel et Béatrice Wattel (préf. André Damien), « Dodds, Alfred Amédée » in Les Grand’Croix de la Légion d’honneur : De 1805 à nos jours, titulaires français et étrangers, Paris, Archives et Culture, , 701 p. (ISBN978-2-35077-135-9).
François Desplantes, Le Général Dodds et l'expédition du Dahomey, Mégard, 1894 ; lire en ligne.
Pierre Gentil, « Les troupes du Sénégal,1816-1890 », tome 2 « Les troupes du Sénégal : du colonel Pinet-Laprade au colonel Dodds (1865-1890) », Paris, université de Paris, 1978, 545 p. (thèse d'État).
François Manchuelle, « Métis et colons : la famille Devès et l'émergence politique des Africains au Sénégal, 1881-1897 », Cahiers d'études africaines, 1984, 24, no 96, p. 477-504.