Andreï ou André Iourievitch (en russe : Андрей Юрьевич et en ukrainien : Андрій Юрійович), dit André Ier ou plus couramment surnommé « André Bogolioubski[1] » (en russe : Андрей Боголюбский et en ukrainien : Андрій Боголюбський), est un dirigeant du Rus' de Kiev[2] de la dynastie des Riourikides (né en 1111[3] à Rostov et mort le ), qui règne de 1169 à 1171.
Son surnom de Bogolioubski (« aimé de Dieu ») lui vient de la ville de Bogolioubovo qu'il apprécie particulièrement, mais également de sa grande piété et de ses bonnes relations avec l'Église russe. Il est également surnommé à l'est le « César Scythe ».
Biographie
Dès l'enfance, il se montre très religieux et donne beaucoup aux pauvres autour de lui. Aux alentours de 1148 à 1151, lors de la guerre civile entre Iouri Dolgorouki et son neveu Iziaslav II, André est soutenu par son père. En 1155, André quitte la ville de Vychgorod (qu'il a reçu de son père en 1149) pour s'installer à Vladimir, où il organise une bureaucratie fidèle et puissante.
André Bogolioubski tente d'unifier les terres russes sous son pouvoir. La rivalité avec Kiev atteint son apogée lorsqu'un vieil ennemi de son père, Mstislav II Chobry (cousin d'André), devient le nouveau grand-prince de la ville, venant s'ajouter à la ville de Novgorod qui demande l'aide de Mstislav, ouvrant alors la Rus' de Kiev à une nouvelle guerre civile sanglante. Les troupes d'André finissent par prendre Kiev et son trône après un siège entre le 8 et le , qu'il pille et détruit en partie[4] (par mépris pour les Kiévains qui ont tué son père), et fait administrer sans prendre le titre de grand-prince, confiant la ville à Gleb Ier, le plus inexpérimenté de ses frères[5]. Après avoir dérobé de nombreux objets religieux, il repart dans le nord-est de la Rus' avec ses troupes. Cet évènement met fin de fait à la suprématie de la Rus' de Kiev où le titre de « grand-prince de Kiev » ne sera ensuite disputé qu'entre de nombreux prétendants sans pouvoir réel, la nouvelle capitale de l'État russe étant désormais Vladimir. Après la mort en exil de Mstislav II Chobry en , André chasse son fils Roman Mstislavitch de la ville de Novgorod, et donne le pouvoir de la ville à un autre cousin, Rurik II.
À cette époque, la résidence préférée d'André Ier se trouve dans la ville de Bogolioubovo (près de Vladimir, où il avait un château), qui lui a donné son surnom. C'est André Bogolioubski qui a apporté l'icône de Notre-Dame de Vladimir (une des plus vénérées en Russie et du monde orthodoxe en général) à Vladimir, ville qui s'agrandit considérablement et dont le pouvoir s'accentue énormément pendant la phase de déclin de Kiev. Durant le règne de Bogolioubski, il fait construire de nombreux monastères et églises (comme la cathédrale de la Dormition de Vladimir), et la principauté de Vladimir devient progressivement la plus importante de la Rus', au détriment de Kiev. Le patriarcat de Constantinople rejette pourtant la demande d'André Bogolioubski de faire de Vladimir le siège d'un nouveau Métropolite. En contrepartie, l'empereur byzantin régnant, Manuel Ier Comnène, accepte de recueillir quatre des frères d'André condamnés à l'exil (Michel, Vsevolod, David et Iaropolk) avec leur mère, Hélène, la seconde femme de Iouri Dolgorouki.
En 1164, il sort victorieux d'une guerre contre les Bulgares (André pille systématiquement les villes bulgares, dont Bolgar, pour défendre ses frontières orientales).
Mais son autorité princière entre en conflit avec de nombreux nobles, qui ourdissent alors des complots contre lui. C'est au château de Bogolioubovo qu'il est assassiné dans la nuit du par une vingtaine de conjurés conduits par le boyard Iakim Koutchkof, qui font irruption dans sa chambre, le tuant dans son lit. Il est enterré dans la cathédrale de Vladimir. Après sa mort, de nombreux conflits et machinations se trameront entre les boyards et habitants de Vladimir, Rostov et Souzdal, qui nommeront différents successeurs respectifs.
Iouri, prince de Novgorod. Vers 1185/89, il épouse la reine Tamar Ire de Géorgie et change son nom en Georges Russi (le russe). Il est mort après 1193.
Francis Dvornik Les Slaves :histoire et civilisation, de l'Antiquité aux débuts de l'Époque contemporaine. La Russie de Kiev, pages 171 à 228. Éditions DU SEUIL Paris (1970).