André Jeanbon est le fils de Marie Molles et d’Antoine Jeanbon, né en 1716, foulonnier au faubourg de Villenouvelle et issu d’une famille protestante, mais forcé de vivre extérieurement en catholique tout en restant protestant de cœur. André a un frère aîné prénommé lui aussi Antoine, né en 1747, qui continua l’industrie de son père, et deux sœurs cadettes, Jeanne et Antoinette[2].
André est élevé chez les jésuites, d’où il est retiré par son père calviniste. Il étudie la navigation à Bordeaux, s’enrôle dans la marine marchande, atteint le grade d’officier et devient capitaine. Après trois naufrages et la perte de ses économies, il abandonne la marine.
Jeanbon Saint-André siège sur les bancs de la Montagne. Dès la fin novembre, il déclare à ses collègues députés : « si Louis XVI est innocent, vous êtes tous des rebelles ; s'il est coupable, il doit périr »[4]. Lors de son procès, il vote la mort et rejette l'appel au peuple et le sursis à l'exécution[5]. Il est en mission lorsqu'à lieu la mise en accusation de Jean-Paul Marat[6], et vote à son retour contre le rétablissement de la Commission des Douze[7].
Jeanbon Saint-André exerce des responsabilités de premier plan au sein de la Convention. Dès novembre 1792, il est élu secrétaire de la Convention aux côtés de Jean-Baptiste Treilhard et de Louis-Antoine de Saint-Just sous la présidence de Bertrand Barère[8]. En juin 1793, sur motion de Barère, il entre au Comité de Salut public pour remplacer Robert Lindet[9]. Il est reconduit dans ses fonctions en juillet, le premier avec Barère, par 192 voix[10]. Il est président de la Convention le même mois[11] et annonce à ses collègues la mort de Marat, assassiné par Charlotte Corday[12].
Au sein du Comité de Salut public, Jeanbon Saint-André prend en charge les questions relatives à la Marine. Il s'absente souvent de Paris pour des missions auprès de la Marine. D'abord envoyé en mission aux armées de l'Est, le conventionnel est bientôt chargé de la réorganisation de la marine militaire, minée par l'insubordination. À Brest, où il est représentant en mission du Comité de salut public, de à , avec son collègue Prieur de la Marne, il rétablit la discipline en combattant les officiers de la marine royale en rébellion contre la Révolution[15]. Il y séjourne plusieurs mois, fait nommer un chef d'escadre efficace, à défaut d'être révolutionnaire, et de nouveaux officiers ; puis, il fait de Brest un îlot républicain en plein cœur de la Bretagne hostile. L'arsenal brestois profite de l'aide de spécialistes de la construction navale pour réaliser La Montagne. Lors d'un second séjour du commissaire, sont réparés ou construits 30 navires, des corvettes et des frégates. Contrairement aux critiques qui lui sont faites, en particulier celles de sévérité excessive dans la répression, son œuvre a permis, en quelques mois de restaurer une marine en perdition. Entretemps, de janvier à début il est revenu à Paris. Le 27pluviôsean II (), il propose, au nom du Comité de salut public, de remplacer le pavillon de la marine sur fond blanc timbré des trois couleurs et d'adopter le pavillon tricolore en trois bandes verticales d'égales largeurs avec le bleu frappé sur la drisse côté guidant, puis le blanc, le rouge battant au vent[16]. Il participe alors, sur mer, aux opérations de Villaret de Joyeuse contre les Anglais[17] ; il participe ainsi en mer à la bataille du 13 prairial an II au large d'Ouessant le (célèbre pour la résistance du Vengeur du Peuple) à bord du vaisseau La Montagne, en compagnie de ce contre-amiral.
Dans le même temps, il obtient le maintien d'un tribunal extraordinaire à Brest en . Autonome dans son fonctionnement, ce tribunal condamne soixante-dix personnes à mort, pour l'essentiel des fédéralistes et des émigrés[18].
En mission lors de la chute de Robespierre, qu’il désapprouve, il est remplacé par un thermidorien au sein du comité de salut public, sous prétexte des empêchements de ses missions en province. De à , il est en effet chargé d’une nouvelle mission dans les départements maritimes du Midi, spécialement Toulon, où il montre les mêmes qualités d’administrateur.
Jeanbon-Saint-André est décrété d'arrestation le 9 prairial (28 juin) en même temps que Lindet, son ancien collègue du « Grand Comité », et que David, Dubarran, Jagot, Lacoste et Lavicomterie, anciens membres du Comité de Sûreté générale de l'an II [19]. Cependant, après l’adoption de la constitution de l'an III, le et l’échec de l’insurrection royaliste le 13 vendémiaire, une loi d’amnistie générale « pour les faits proprement relatifs à la Révolution » est votée le , et il est libéré le .
Après sa libération, Bonaparte le nomme commissaire général des trois départements de la rive gauche du Rhin, en , puis préfet du Mont-Tonnerre à Mayence en [22]. Napoléon le nomme chevalier de la Légion d'honneur en 1804, puis baron d’Empire, baron de « Saint-André », en 1809.
Franc-maçon actif, Jeanbon Saint-André fut le premier vénérable maître de la loge « Les Amis de l’union » de Mayence, fondée en 1803, et qui existe toujours aujourd’hui dans cette ville sous l’appellation « Die Freunde zur Eintracht »[23].
Sermon d'action de graces, prononcé dans une société de Protestans le dimanche , pour remercier Dieu de la fin des troubles de Paris, & de l'éloignement des troupes qui environnoient cette capitale, Montauban, Teulières et Fontanel, 1789.
L'Éducation nationale, impr. par ordre de la Convention nationale, Reprod. de l'éd. de : [Paris], [de l'Impr. nationale], [179-?] (lire en ligne sur Gallica).
Journal sommaire de la croisière de la flotte de la république, commandée par le contre-amiral Willaret, tenu jour par jour par le représentant du peuple Jean-Bon Saint-André, embarqué sur le vaisseau la montagne, imprimé par ordre de la Convention nationale, Reprod. de l'éd. de : Paris, de l'Impr. nationale, an ii, 1793, 1794 (lire en ligne sur Gallica).
Opinion et projet de décret, du citoyen Jean-Bon St.-André,... sur l'organisation de la marine française, impr. par ordre de la Convention nationale, Reprod. de l'éd. de : Paris, de l'Impr. nationale, (lire en ligne sur Gallica).
Rapport des représentans du peuple, envoyés à Brest et auprès de l'armée navale par Jean-Bon Saint-André ; [fait à la] Convention nationale, Reprod. de l'éd. de : Paris, de l'Impr. nationale, 179-? (lire en ligne sur Gallica).
Rapport fait au nom du comité de marine par Jean Bon Saint-André, membre du comité, imprimé par ordre de la convention nationale, Reprod. de l'éd. de : Paris, de l'Impr. nationale, (lire en ligne sur Gallica).
Rapport sur la trahison de Toulon, au nom du Comité de salut public par Jean-Bon Saint-André, impr. par ordre de la Convention nationale, Reprod. de l'éd. de : Paris, Impr. nationale, 179-? (lire en ligne sur Gallica).
Recueil des arrêtés du citoyen Jean-Bon-Saint-André, représentant du peuple dans les départemens maritimes de la République, pendant la mission au Port la montagne, Reprod. de l'éd. de : Port de la montagne, chez A. Aurel, an ii 1794 (lire en ligne sur Gallica).
Réponse de Jean-Bon Saint-André, à la dénonciation des citoyens de la commune de Brest, impr. par ordre de la Convention nationale, Reprod. de l'éd. de : Paris, de l'Impr. nationale, an iii, 1795 (lire en ligne sur Gallica).
↑Léon Lévy-Schneider, « Le Pasteur Jeanbon Saint-André », Bulletin historique de la société d’histoire du protestantisme français - Études historiques, p. 337.
↑Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 52, p. 47.
↑Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 53, séance du soir du 29 novembre 1792, p. 682 et 683.
↑Alphonse Aulard, Recueil des Actes du Comité de Salut public tome 2, Représentants en mission, séance du 8 mars 1793, p. 285.
↑Ibidem., Représentants en mission, séance du 9 mars 1793, p. 303.
↑Michel Biard, Annie Crépin et Bernard Gainot, La Plume et le Sabre, Paris, Éditions de la Sorbonne, , 554 p. (ISBN979-1-03510-453-5, lire en ligne), p. 209.
↑Michel Biard, Les derniers jours de la Montagne 1794-1795. Vie et mort des premiers irréductibles de gauche, Paris, Presses universitaires de France collection « Question républicaines », 2023, p. 179-184.
↑Paul R. Hanson, Historical Dictionary of the French Revolution, Lanham, Rowman & Littlefield, , 2e éd., xxi, 419, 24 cm (ISBN978-0-81087-892-1, lire en ligne), p. 485.
↑Léon Lévy-Schneider, Le Conventionnel Jeanbon Saint-André : membre du Comité de salut public, organisateur de la marine de la Terreur, 1749-1813, t. 2, Paris, Félix Alcan, (OCLC176881762, lire en ligne), p. 1099.
↑Henri Martin, Histoire de France populaire depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours : 5 juin 1804 à mai 1832, Paris, Furne, , 572 p., 1 vol. : ill. grav. vignettes 27,5 cm (OCLC493241191, lire en ligne)
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Adolphe Robert, Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889, t. 3, Paris, Bourloton, 1889, (De Javoques à Jolivet), p. 412-413.
Léon Lévy-Schneider, Le Conventionnel Jeanbon Saint-André, membre du Comité de salut public, organisateur de la marine de la Terreur, 1749-1813, Paris, Félix Alcan, 1901, 2 volumes.
(de) Helmut Mathy, Jeanbon St André : der Präfekt Napoleons in Mainz und Förderer des Gutenberggedankens, Mayence, Verlag der Gutenberg-Gesellschaft, , 62 p., 24 cm (OCLC460405616, lire en ligne).
(de) Michel Nicolas, Jean-Bon Saint-André : sa vie et ses écrits, Paris ; Montauban, Comptoir des imprimeurs-unis à Paris ; Réthoré, 1848, rééd. 1988, 196 p., 349 p. (lire en ligne)
Léon Lévy-Schneider, « Le Pasteur Jeanbon Saint-André jusqu'à la réunion des États-généraux, 1749-1789 », Bulletin historique et littéraire, Société de l'histoire du protestantisme français, Agence centrale de la Société, Paris, 1894, lire en ligne sur Gallica p. 337 passim.
Tu. Schoel, « Le pasteur et conventionnel Jeanbon-Saint-André », Bulletin historique et littéraire, Société de l'histoire du protestantisme français, Agence centrale de la Société, Paris, 1901, lire en ligne sur Gallica p. 497 passim.
A. Paul, « Jeanbon-Saint-André et les Réfugiés du Palatinat », Bulletin historique et littéraire, Société de l'histoire du protestantisme français, Paris, 1911, lire en ligne sur Gallica p. 351 passim.
Jacques Pannier, et al., « Quelques souvenirs de Jeanbon Saint-André à Mayence (1804-1813) », Bulletin historique et littéraire, Société de l'histoire du protestantisme français, Paris, 1925 lire en ligne sur Gallica p. 345 passim.
René Toujas, « Le Bi-Centenaire de la Naissance de Jeanbon Saint-André », p. 19-25, Bulletin archéologique historique et artistique de la Société archéologique de Tarn-et-Garonne, 1949, t. LXXVIlire en ligne sur Gallica.
Daniel Ligou, Jeanbon Saint-André, membre du grand comité de salut public de l'an II 1749-1813, Paris, Messidor, 1989.
Daniel Ligou, « Jeanbon André, dit Jeanbon Saint-André », p. 595-597inAlbert Soboul, Dictionnaire historique de la Révolution française (dir.), Paris, Presses universitaires de France, 1989, réédition collection « Quadrige », 2005, 1132 pages.
Jean Tulard, Jean-François Fayard, Alfred Fierro, Histoire et dictionnaire de la Révolution française 1789-1799, 1997.