Fils de Jean-Baptiste Gensonné, chirurgien militaire ayant fait fortune à Saint-Domingue, et de Marie Tranchere, Armand Gensonné fit des études de droit et devint avocat au Parlement de Bordeaux. Il est un des fondateurs en 1783, avec Saige et Pierre Victurnien Vergniaud, du Musée de Bordeaux, société de pensée annonçant les clubs révolutionnaires. En 1784, il épouse sa cousine germaine, Marie Désirée Leysson, fille d'Élie Leysson, capitaine de navire et lieutenant de frégate à brevet, et de Marie Tranchere[2].
Sous la Révolution
Armand Gensonné refuse la désignation de secrétaire de la ville de Bordeaux par le roi, mais accepte d'être élu membre de la municipalité et de devenir procureur de la commune en 1790. Élu à l'Assemblée législative, il soutint Jacques Pierre Brissot et se rangea dans le camp des Girondins. Lors de son arrivée à Paris, il s'inscrit à la société des amis des Noirs dont l'objectif était d'obtenir l'égalité entre les hommes blancs et de couleurs. Comme rapporteur du Comité diplomatique, il se signala par la demande de mise en accusation des frères du roi et la déclaration de la guerre à l'Autriche ().
Réélu à la Convention nationale, il devint membre du Comité de constitution et du Comité diplomatique. Au Procès de Louis XVI, il demanda la ratification par le peuple du jugement de la Convention nationale; se prononça pour la culpabilité du roi et pour la peine de mort, sans sursis. Armand Gensonné est un des plus modérés parmi les Girondins et on lui reprochera, au moment de son procès, un mémoire adressé au roi la veille du 10 août 1792 et ses relations avec Charles François Dumouriez. Il demanda des poursuites contre les auteurs des massacres de Septembre (1792).
Gensonné se récusa dans le scrutin à appel nominal sur la mise en accusation de Jean-Paul Marat, mais vota pour le rétablissement de la Commission des Douze.
Dénoncé par les sections de Paris, il fut décrété d'arrestation le 2 juin 1793 avec les Girondins, il aurait pu s'enfuir grâce à des complicités, il s'y refuse : « Je ne me fais aucune illusion sur le sort qui m'attend, mais je subirai sans m'avilir. Mes commettants m'ont envoyé ici : je dois mourir au poste qu'ils m'ont assigné. » Il fut traduit devant le Tribunal révolutionnaire du (3 au 9 brumairean II ; condamné à mort, il fut guillotiné le 10 brumairean II, avec vingt des vingt et un condamnés. Il fut inhumé au cimetière de la Madeleine.
Bertrand Favreau, « Gensonné, ou la fatalité de la Gironde », dans François Furet et Mona Ozouf (dir.), La Gironde et les Girondins, Paris, Payot, coll. « Bibliothèque historique Payot », , 468 p. (ISBN2-228-88400-6, présentation en ligne), p. 409-435.