Commandé par Vsevolod Roudniev, le Varyag arrive en rade le 10 janvier. Son équipage comprend un commandant en second, trois lieutenants de vaisseau, quatre officiers mécaniciens, deux médecins, un prêtre orthodoxe, quatre maîtres d'équipage, trois commis de cuisine et 530 matelots. Il est rejoint peu après par le Koreïets commandé par Belaïev (et comprenant soixante hommes d'équipage).
Les communications étant coupées depuis plusieurs jours, le ministre de Russie à Séoul donne des ordres pour que le Koreïets aille chercher des ordres à Port-Arthur. Sortant du port, à hauteur de l'île Yodolmi, celui-ci subit le lancement de trois torpilles qui manquent leur but et tire deux coups de canon. Après cet engagement le Koreïets rentre au port.
La bataille
Le , une flotte japonaise se présente devant le port de Chemulpo (Incheon) et débarque des troupes. Dans le port se trouvent deux navires russes, le croiseurVaryag et la canonnièreKoreïets, qui assistent au débarquement sans intervenir. Il est vrai que la guerre n'est pas officiellement déclarée (elle ne le sera que le ), et, si cela n'embarrasse guère les Japonais qui attaquent le même jour Port-Arthur, cela gêne les Russes, plus formalistes.
Le lendemain matin, le contre-amiral Uryu adresse un ultimatum au capitaine Roudniev, commandant du Varyag, par lequel il le met en demeure de quitter Chemulpo avant midi, afin de combattre en pleine mer. L'officier japonais précise qu'en cas de refus, ses bâtiments attaqueront à 16 heures, dans le port pourtant zone neutre, les navires russes. Après un débat avec les capitaines de quatre navires de guerre étrangers (italien, britannique, américain et français) présents dans le port et qui s'indignent du non-respect de la neutralité des lieux, Roudniev fait part de sa détermination à gagner les eaux internationales, pour respecter la réglementation et à engager le combat contre les Japonais pour l'honneur de la marine impériale russe malgré l'écrasante disproportion des forces.
Le Varyag appareille donc, suivi du Koreïets et gagne le large ; l'escadre japonaise ne leur laisse pas une chance et les accable de ses salves. Le croiseur cuirasséAsama, navire amiral japonais, ouvre le feu à 9 000 mètres de distance, bientôt suivi par les cinq croiseurs protégés de l'escadre nippone. Le Varyag se défend avec acharnement mais ses tirs sont imprécis et n'atteignent pas ses adversaires. Il est en revanche touché à onze reprises dont trois au-dessous de la ligne de flottaison. Après 35 minutes d'affrontement, il rentre tant bien que mal au port, le pont jonché de victimes, tout en continuant à tirer sur les Japonais avec ses deux pièces arrière de 152 mm. Revenu à Chemulpo, il est sabordé par son équipage tandis que les bateaux neutres français, italien et britannique envoient des chaloupes recueillir les marins russes. Quoiqu’indemne, le Koreïets subit un sort similaire pour ne pas tomber entre les mains des Japonais.
Bilan
Le Varyag a tiré 180 coups de ses pièces principales et 360 des autres. Le Koreïets a tiré 23 coups de son armement principal et 18 coups des autres pièces.
Le transport russe Sungari, également présent dans le port, est aussi sabordé. Les Russes déplorent 222 tués et blessés lors de l'engagement alors que les Japonais n'ont aucune victime.
Le contre-amiral Uryu exige des capitaines des navires français, italiens et britanniques qu'ils livrent les marins russes qu'ils ont embarqués et qu'il considère comme des prisonniers de guerre. Il se heurte à une fin de non-recevoir et n'insiste pas.
Le Varyag est renfloué par les Nippons, qui le réutilisent sous le nom de Soya, avant de le vendre douze ans plus tard à la Russie.