Bernardo Strozzi (qui n'est en rien apparenté à la famille des célèbres marchands de Florence qui portent ce nom) est né à Gênes en 1581. Elève de Cesare Corte, il entre à l'âge de 15 ans, dans l'atelier de Pietro Sorri[1].
Deux ans plus tard, il s'engage dans la vie religieuse, chez les Frères mineurs capucins et peint de petits tableaux de dévotion pour le couvent de San Barnaba[1]. En 1610, après la mort de son père, il obtient l'autorisation de sortir du couvent pour s'occuper de sa mère et de sa sœur. C'est alors qu'il commence à exercer le métier de peintre : datant de cette époque, sa toile intitulée l'Adoration des bergers manifeste l'influence du franciscanisme. Afin de soutenir sa famille, il devient ingénieur au port de Gênes, entre 1615 et 1621, années durant lesquelles il fait la découverte des œuvres du peintre flamand Rubens. On cite de lui à Gênes un Portrait d'un évêque au Palais Durazzo; Joseph en prison et Saint Jean-Baptiste au Palais Balbi[2]. En 1625, il est accusé de pratiquer illégalement la peinture.
Vers 1630, une fois sa mère décédée, les capucins le rappellent à ses vœux de religion. Sur son refus de réintégrer la vie claustrale, il est attaqué en justice et condamné à trois années de prison. Au terme d'un bref emprisonnement dans la capitale ligurienne, et afin d'échapper à l'emprise des capucins génois, il s'enfuit, en 1631, à Venise, où il poursuivra sa carrière, avec le surnom de il prete genovese (le prêtre génois).
Dans la cité des doges, après la commande d'un portrait faite par le musicien Claudio Monteverdi, la renommée de Strozzi grandit, et il peint de nombreux portraits de Vénitiens. Il a également peint de plus grandes compositions. Il a d'ailleurs abordé les genres les plus divers : compositions religieuses, sujets mythologiques ou allégoriques, scènes de genre, natures mortes, portraits et académies. À Venise, l'église S. Benedetto conserve son Saint Sébastien, et l'on mentionne encore certains de ses ouvrages à Novi et à Voltri[2].
Il se réconcilie avec le clergé, puisque lui sera décerné, en 1635, le titre de monsignore[3].
Lors de sa formation, il est influencé par le maniérisme tardif de l'École siennoise comme dans les fresques de la villa Centurione en 1617[1], et par le luminisme des œuvres de Luca Cambiaso. Il se rapprocha aussi de la peinture de Procaccini et de Cerano comme dans l'ébauche pour les fresques perdues de Saint Dominique en 1620[1].
À Gênes, après avoir vu des œuvres du Caravage, et à la suite du passage d'artistes caravagesques comme Battistello et Gentileschi, il s'intéressa à la représentation du réel. Strozzi s'est montré ensuite sensible à des influences diverses : Rubens, et même Rembrandt, notamment dans La cuisinière et Le joueur de fifre, deux toiles qui se trouvent au Palazzo Rosso de Gênes.
Durant son séjour vénitien, il aurait apporté à ses peintures davantage de lumière, de soleil, de couleurs, ce qui aurait encore accentué l'influence rubénienne sur son œuvre.
La Cuisinière, v. 1625, huile sur toile, 176 × 185 cm, Palazzo Rosso, Gênes
Saint Jean-Baptiste enfant (avant 1630), attribué à Bernardo Strozzi, huile sur toile, musée Antoine-Lécuyer, Saint-Quentin (Dépôt du Musée du Louvre (Inv. 688), 1872)
La Parabole de l'invité indigne, 1636, huile sur toile, 127 × 190 cm, musée des Offices, corridor de Vasari, Florence. ébauche pour le plafond aujourd'hui perdu, de l'église des Incurables à Venise
Dictionnaire Bénézit, Dictionnaire critique et documentaire des peintres,sculpteurs, dessinateurs et graveurs de tous les temps et de tous les pays, vol. 13, Paris, éditions Gründ, , 4e éd., 13440 p. (ISBN978-2-7000-3023-5), p. 315-316
Le Caravage et la peinture italienne du XVIIe siècle, Louvre, éditions Ministère D'état-Affaires Culturelles. Paris, , 260 p.
L. Venturi, La peinture italienne, du Caravage à Modogliani, Genève, Skira, 1952.
O. Grosso, Il quadro di Erminia fra i pastori e la pittura dello Strozzi nel decennio 1620-1630, Gênes, 1942.
G. Migoni, Bernado Strozzi, Illustratione Italiana, N° 28, 1948.
J. Spicer, Bernardo Strozzi: Master Painter of the Italian Baroque, Baltimore, The Walters Art Gallery, 1995. (OCLC33225331)
R. Pallucchini, La pittura veneziana del Seicento, Milano, Electa, 1993. (OCLC29675234)
C. Krawietz, Bernardo Strozzi, in Jan Shoaf Turner (éd.), The Dictionary of Art, Londres, 1996.
M. S. Hansen and J. Spicer (éd.), Masterpieces of Italian Painting, The Walters Art Museum, n° 43, Londres 2005.
Notes et références
↑ abc et dGiovanna Nepi Sciré, La Peinture dans les Musées de Venise : Biographies, Editions Place des Victoires, , 605 p. (ISBN978-2-8099-0019-4), p. 591?
↑ a et bDictionnaire Bénézit, Dictionnaire critique et documentaire des peintres,sculpteurs, dessinateurs et graveurs de tous les temps et de tous les pays, vol. 13, Paris, éditions Gründ, , 4e éd., 13440 p. (ISBN978-2-7000-3023-5), p. 315-316.