Camille Chabaneau, né le à Nontron, où il est mort le , est un philologue, romaniste et félibre français.
Biographie
Fils de Marie Geneviève Pastoureau-Vallade et de Pierre Chabaneau, directeur des postes, la vocation philologique lui est très tôt venue, lorsqu’il a ouvert les œuvres de François Raynouard à la bibliothèque municipale de Marmande, où son père était fonctionnaire. Il se plie néanmoins, à la volonté paternelle et, sans même passer le baccalauréat, entre dans l’administration des postes[1].
Autodidacte n’appartenant à aucune école, formé par ses seuls efforts, sans autre secours que les livres[2], il était contrôleur à Angoulême lorsqu’il a publié, en 1863, son Histoire et théorie de la conjugaison française, ouvrage d’érudition et surtout de réflexion, qui a attiré sur lui l’attention de philologues de carrière, comme Émile Littré et Émile Egger, d’abord puis de Michel Bréal et de Gaston Paris[1], et lui a valu le prix Archon-Despérouses de 1879[3].
Poète lui-même, il a publié des Poésies intimes chez Lemerre[a]. En 1872, il commence à se faire connaitre dans la Revue des Langues Romanes (d), auquel il a longtemps assidument collaboré, y publiant de nombreux textes inédits accompagnés de savants commentaires, ainsi que dans Romania et dans les Annales du Midi. Dès lors, ses innombrables travaux sur la philologie romane et les troubadours ont attiré l’attention de toute l’Europe savante.
En 1876, il achève et publie sous sa forme définitive la Grammaire limousine progressivement élaborée par une série d’articles donnés à la Revue des Langues romanes[5]. La même année, il devient majoral du Félibrige, dont il était membre depuis sa création en 1854. En 1878, l’intervention de Michel Bréal convainc le directeur de l’enseignement supérieur, Albert Dumont[b], de faire entrer cet autodidacte non diplômé, qui occupait encore alors le poste de receveur des Postes à Cognac, dans l’enseignement supérieur, comme professeur honoraire, à la faculté des lettres de Montpellier sans être passé par l’agrégation[6], lorsque y sont créés trois enseignements nouveaux[c]. L’accueil initial de ses collègues a été plutôt tiède[d], mais cette chaire est la première à avoir été créée en province[e]. À la mort de Boucherie, en 1883, il cumule les chaires d’ancien français et d’ancien provençal.
Le rang élevé qu’il occupait parmi les philologues romanistes de France et de l’étranger lui a fait dédier, à l’occasion de sa soixante-quinzième année, un volume collectif intitulé Mélanges Chabaneau[2].
Les Troubadours Renaud et Geoffroy de Pons, Paris, Maisonneuve, , 31 p., in-8º (OCLC461762672, lire en ligne).
Les Biographies des troubadours en langue provençale : publiées intégralement pour la première fois avec une introduction et des notes, Toulouse, E. Privat, (réimpr. Slatkine reprints, Genève, 1975 et Laffite reprints, Marseille), 204 p., in-f° (OCLC248961063, BNF30214219, lire en ligne sur Gallica).
Histoire et théorie de la conjugaison française, Paris, A. Franck, , 133 p., in-8º (OCLC6977256, lire en ligne sur Gallica).
La Langue et la Littérature du Limousin : notice suivie d’un double appendice communiqué par Alfred Leroux, Montpellier, Société pour l’étude des langues romanes, , 62 p., in-8º (OCLC799092427, lire en ligne).
Notes sur quelques manuscrits provençaux perdus ou égarés : suivies de deux lettres inédites de Pierre de Chasteuil-Gallaup, Paris, Maisonneuve frères et C. Leclerc, , 112 p., in-8º (OCLC29135382, lire en ligne sur Gallica).
Sur la langue romane du midi de la France : ou, Le provençal, Toulouse, Édouard Privat, , 10 p., 30 cm (OCLC19359495, lire en ligne).
Éditions scientifiques
Fragments d'un mystère provençal découverts à Périgueux : publiés, traduits et annotés, Périgueux, Dupont, , 38 p., in-8º (OCLC743107440, lire en ligne).
Vie de sainte Marie-Madeleine : poème provençal (publ. pour la première fois, d'après le ms. unique appartenant à M. Paul Arbaud), Montpellier, Imp. centrale du Midi, , 65 p., in-8º (OCLC460873965, lire en ligne sur Gallica).
Sainte Marie Madeleine dans la littérature provençale : recueil des textes provençaux en prose et en vers relatifs à cette sainte, pub. avec introductions et commentaires, Paris, Maisonneuve frères et C. Leclerc, , 221 p., in-8º (OCLC7015146, lire en ligne sur Gallica).
Deux manuscrits provençaux du XIVe siècle : contenant des poésies de Raimon de Cornet, de Peire de Ladils et d’autres poètes de l’école toulousaine, Paris, , lvi-257 p., in-8º (OCLC16146374, lire en ligne sur Gallica).
Notes et références
Notes
↑Il a également mis à profit son séjour à Angoulême et à Cognac, pour se lier avec plusieurs poètes[4].
↑Avec Boucherie et Devic, le trio était connu dans le milieu universitaire sous le nom des « trois anabaptistes », mais le résultat de cet ostracisme commun a été de les rapprocher et de créer entre eux des liens d’amitié féconds[4].
↑Le motif qui a déterminé Dumont à créer cette chaire à Montpellier est sans doute qu’elle était le lieu de parution de la Revue des Langues Romanes[2].
↑ a et bHenri Teulié, « Camille Chabaneau (1831-1908) », Annales du Midi, Paris, t. 21, no 82, (lire en ligne, consulté le ).
↑Auguste Bouché-Leclercq, « Éloge funèbre de M. Camille Chabaneau, correspondant de l’Académie », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, Paris, vol. 52, no 6, , p. 407-10 (lire en ligne, consulté le ).
↑« Mort d’un maitre ès Jeux-Floraux », L’Express du Midi, Toulouse, vol. 18, no 5743, , p. 2 (lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
↑« Introduction », dans Gaston Guillaumie, Contribution à l’étude du glossaire périgourdin (Canton de Saint-Pierre-de-Chignac) : précédée d'un essai de délimitation phonétique des parlers de la Dordogne, Paris, Auguste Picard, , 164 p. (OCLC312669115, lire en ligne), p. 1.
↑« Camille Chabaneau », Rue de l'histoire. Cent ans d'érudition à Montpellier, Arts graphiques du Corum, 1996, p. 8
Bibliographie
Mélanges Chabaneau : volume offert à Camille Chabaneau à l’occasion du 75e anniversaire de sa naissance par ses élèves, ses amis et ses admirateurs, Erlangen, F. Junge, , xvi-1117 p., in-8º (OCLC763041138, lire en ligne).
Auguste Bouché-Leclercq, « Éloge funèbre de M. Camille Chabaneau, correspondant de l'Académie », Comptes-rendus de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, Paris, vol. 52, no 6, , p. 407-10 (lire en ligne, consulté le ).
Henri Teulié, « Camille Chabaneau (1831-1908) - note biographique », Annales du Midi, vol. 21-82, no 1, , p. 266-270 (ISSN0223-3711, lire en ligne, consulté le ).