Répondant à un appel du père Paresce, provincial du Maryland (États-Unis) qui cherche des professeurs pour le théologat jésuite qu’il compte ouvrir, Mazzella traverse l’Atlantique. Il enseigne d’abord à Georgetown Collège (1867-1869). Quand le nouveau scolasticat de Woodstock (Maryland) est ouvert, en 1869, Mazzella y accompagne les jeunes jésuites et continue à enseigner la théologie : il est également le premier préfet d'études (1869-1878). Ses notes de cours font autorité et sont utilisées en de nombreux séminaires. Il est conseiller du cardinal Gibbons et est considéré outre-Atlantique comme un ‘théologien américain’.
Par volonté expresse du pape Léon XIII - qui avait eu connaissance personnelle de ses écrits théologiques - Mazzella est appelé à Rome (octobre 1878) pour occuper à l'Université grégorienne la chaire de théologie dogmatique, vacante depuis l’élévation de Johann Baptist Franzelin au cardinalat. Il garde ce poste jusqu'en 1886, en plus d'être préfet d'études (1879-1886), ainsi que supérieur de la communauté jésuite (1880-1884).
Cardinal: diacre, prêtre et évêque
En 1885, le pape le nomme consulteur à la Congrégation de l'Inquisition, et le 7 juin 1886, le créé cardinal[1] Le reste de sa vie se passera au service direct du Saint-Siège. D’abord à la Propaganda Fide, où il s’occupe des questions relatives aux rites orientaux et où il préside la commission qui examine les statuts des nouveaux instituts religieux. En 1889, il est préfet de la Congrégation de l'Index et en 1893, préfet de la Congrégation chargée de superviser les études ecclésiastiques.
Validité des ordres anglicans
Le rapprochement de groupes anglicans et le passage de plusieurs pasteurs au catholicisme, pose de manière aiguë la question de savoir si leur ordination sacerdotale reçue dans l’Église anglicane est valide ou pas. En 1894, Léon XIII crée une commission de huit experts, canonistes et théologiens, pour étudier la question sous tous ses aspects. Camillo Mazzella, préfet de la Congrégation des rites, en est le président. Il rédige la première ébauche du document qui est soumis à un groupe de cardinaux. Après deux mois d’étude, la commission se réunit en présence de Léon XIII. Elle exprime une opinion unanimement négative.
Mazzella reste proche des affaires de la jeune Église catholique des États-Unis. Il préside la commission qui, en 1886, approuve les statuts de fondation de la Catholic University of America qui ouvre bientôt ses portes à Washington.
Il n’en est pas moins opposé aux courants libéraux et progressistes de cette Église, parfois définis de manière assez lâche comme ‘déviation américaniste’. Mazzella serait le promoteur du texte de Léon XIIITestem Benevolentiae, condamnant certaines opinions excessives en lesquelles, d’ailleurs, les personnes visées ne se reconnaissent pas[2].
Le cardinal Camillo Mazzella meurt le 26 mars 1900, au collège germanique de Rome, où il résidait depuis son retour dans la ville éternelle.
Écrits
De Religione et Ecclesia, Woodstock, 1876.
De Deo creante, Woodstock, 1876.
De gratia Christi, Woodstock, 1876.
De Virtutibus infusis, Woodstock, 1876.
Bibliographie
(Anonyme): Cardinal Mazella, in Woodstock Letters, vol.15, 1886, p. 284-297.
Richards, J.H.: Two of Woodstock's Founders; 1: Camillus cardinal Mazzella, Woodstock Letters, 29 (1900) 296-308.
Aixala, Jerome, Black and Red S.J., Bombay, 1968.
Ciani, J.: Varieties of ultramontanism, Washington, 1998.
Rambaldi, G.: À proposito della bolla `Apostolicae curae' di Leone XIII in Gregorianum, vol.61 (1980), 691-719.
Notes et références
↑. Dix ans plus tard Mazzella est élevé à la dignité de cardinal-prêtre (1896). L’année suivante il est nommé et consacrée évêque de Palestrina, un des six diocèses suburbains de Rome (8 mai 1897). Il devient donc cardinal-évêque. Il est le seul jésuite à avoir jamais été cardinal-évêque.
↑Il n’empêche que certaines opinions considérées comme ‘américanistes’ telle celle sur la ‘Liberté de conscience’ deviendront la doctrine officielle de l'Église catholique grâce au concile Vatican II