Le Cap Pinède est un ancien cap maritime situé au nord de la rade de Marseille. Il est progressivement arasé à la fin du XIXe siècle et au début du XXe lors de l’aménagement du port et la construction d’une centrale thermique, son altitude passant de 40 m à moins de 10 m. Ce secteur du quartier d'Arenc (2e arrondissement) est maintenant essentiellement occupé par un important nœud de circulation.
Histoire du cap et origine du nom
Situé dans la partie nord de la rade de Marseille le cap, dont l'altitude est alors d'environ 40 m, sert de vigie et abrite depuis le XVIIe siècle une batterie[1] encore restaurée au milieu du XIXe siècle[2]. Un relai du télégraphe Chappe de la ligne Paris-Toulon[3],[4] y est implanté dans les années 1820. Sa pointe est rognée à la fin du XIXe lors de la construction du Bassin de la Pinède dans l’avant-port nord[5]. Il est ensuite nivelé jusqu’à quelques mètres au-dessus du niveau de la mer pour laisser place à la centrale thermique dite du Cap Pinède[6]. Depuis, le cap au sens géographique du terme n’existe plus, mais son nom subsiste pour désigner le secteur du quartier d'Arenc qui correspond à son ancienne emprise au sol[7],[8].
Le toponyme du cap proviendrait de celui d'une ancienne possession de l’Église de Marseille, la Pinède de l'Évêque, qui s'étend alors dans le terroir nord de Marseille des Crottes jusqu'aux Aygalades et à Saint-Louis[2].
La centrale thermique
De à la Compagnie du gaz de Jules Mirès détient le privilège exclusif, accordé par la Ville de Marseille, de distribuer et vendre le gaz d'éclairage produit dans son usine du quartier des Crottes. De ce fait Il n’y a pas à Marseille, hormis pour quelques entreprises, de production et de distribution du courant électrique. Dès l’expiration du monopole la Compagnie d’électricité de Marseille (CEM) achète des terrains au Cap Pinède, à proximité du débouché de la Galerie de la Mer[9], afin d'y construire une centrale destinée à fournir en électricité toute la ville. Elle va fonctionner avec le lignite acheminé dans la galerie depuis le bassin minier de Gardanne[6].
Dans un contexte de concurrence avec l'ex Compagnie du gaz, devenue Société du Gaz et de l’Électricité de Marseille (SGEM), les travaux commencent avant même la signature de l'acte d'achat du terrain. Une partie de l’immense masse de safre et de poudingue constituant le cap est abattue au pic et à la pioche, y compris de nuit à la lumière de lampes à arc. La première unité de la centrale est mise en service dès le . Entre et , elle va être agrandie puis reconstruite, ce qui nécessite le nivellement d'une autre partie du cap, ainsi que la déviation de la rampe Fraissinet[6] et la suppression d'un tunnel ferroviaire permettant la liaison entre le quai de la Pinède et la gare d'Arenc[10].
La centrale est définitivement éteinte en , remplacée par celle de Gardanne. Les trois dernières cheminées sont démolies à la boule en lors de la construction de l'autoroute du littoral. De l’imposante usine[11], que l’on peut voir dans Le Rendez-vous des quais, film de Paul Carpita réalisé entre et , et qui a marqué le paysage industriel marseillais, seuls subsistent au no 8 de la rue Cargo-Rhin-Fidelity les monumentaux pavillons d’entrée attribués à l’architecte Joseph Madeline[12],[13].
La ligne de L'Estaque à Marseille-Saint-Charles[14] est mise en service en . Elle dessert alors les docks de la Joliette. Au niveau de la gare de l’Estaque elle est raccordée à la ligne PLM ainsi qu’à celle de la Côte Bleue[15]. Elle passe dans un premier temps en tunnel sous le cap, tunnel remplacé ensuite par une simple tranchée dominée par deux réservoirs de 6 000 m3 mis en service en afin d'approvisionner en eau les locomotives de la gare d'Arenc. Le mur de soutènement de ces réservoirs, dit Muraillement de la Pinède est ensuite percé par le Souterrain d'Arenc, tunnel ferroviaire situé au début de la ligne desservant la gare aux marchandise du Canet[16].
↑ a et bRevue de Marseille et de Provence, Marseille, (lire en ligne), p 422-424.
↑La tour du télégraphe a donné son nom à la traverse du télégraphe, cf. le plan du « Quartier des Crottes », sur archivesplans.marseille.fr (consulté le ). Elle se termine en impasse au niveau du pont sur la ligne chemin de fer depuis la construction de l’autoroute du Littoral.
↑Vue de la face sud du cap Pinède vers 1870-1880 depuis les quais du bassin National, dans le secteur où se situaient les Bains de mer de la Méditerranée : Degaye, Adolphe (1804 – 1883), « Cap Pinède », sur marius.marseille.fr (consulté le ).
↑Thierry Durousseau (dir.), Architectures à Marseille 1900-1913, Marseille, Maison de l’architecture et de la ville PACA, , 247 p. (ISBN978-2-9534948-2-2).
↑A. Joubret, « La nouvelle gare du Canet et les consolidations des murs de la Pinède à Marseille », Technica, no 15, , p. 9 (lire en ligne, consulté le ).