Un mystère ou une énigme en chambre close est une forme particulière de roman policier. L'intrigue tourne le plus souvent autour d'un meurtre commis dans une pièce hermétiquement fermée, d'où l'assassin n'a pu s'échapper après le crime. De nombreuses variantes existent : un crime perpétré sur une plage où n'apparaît aucune trace de pas, un cadavre qui disparaît d'un local entièrement scellé ou encore un assassinat qui a eu lieu alors que personne n'a pu entrer. L'idée de base est celle du « meurtre impossible ». Plusieurs auteurs se sont particulièrement illustrés dans ce genre : G. K. Chesterton, John Dickson Carr et Paul Halter.
La plupart des énigmes en chambre close appartiennent à la catégorie du whodunit (contraction de « Who [has] done it? » litt. « qui l’a fait ? »).
Histoire
Dans la Bible, l'histoire de Bel et le dragon, où le prophète Daniel démontre comment des offrandes peuvent disparaître d'un temple scellé sans intervention surnaturelle, est parfois décrit comme un prototype du mystère en chambre close.
il ne s'agit pas d'un meurtre mais d'une série de coïncidences résultant en un accident qui a l’air d'un meurtre ; on croit à une mort criminelle alors qu'il s'agit d'une mort accidentelle ;
il s'agit d'un meurtre mais la victime a été poussée à se suicider ou à provoquer sa propre mort accidentelle (victime rendue folle par un gaz, victime hypnotisée, etc) ;
il s'agit d'un meurtre, commis à l'aide d'un dispositif mécanique introduit auparavant et dissimulé dans une pièce du mobilier ;
il ne s'agit pas d'un meurtre mais d'un suicide déguisé en meurtre ;
il s'agit d'un meurtre dans lequel on croit que la victime est vivante dans la pièce close alors qu'elle est déjà morte : le meurtre est censé se dérouler après l'entrée de la victime dans la pièce ;
il s'agit d'un meurtre qui semble avoir été commis à l'intérieur de la pièce close, alors qu'il a été commis par quelqu'un qui se trouve à l'extérieur ;
il s'agit d'un meurtre dans lequel on croit que la victime est morte dans la pièce close alors qu'elle est encore vivante : la victime est endormie dans la chambre close et tuée après l'ouverture de la porte.
Variantes
Diverses œuvres de littérature policière pour la jeunesse[Lesquelles ?] relèvent du mystère en chambre close, par exemple des romans de Caroline Quine, des mangas comme Détective Conan ou des visual novels[Lesquels ?] (forme de roman avec les images des personnages, des musiques, les voix activables ou non et des choix sauf dans le cas présenté ici qui n'est qu'a lire et a résoudre ) Umineko no naku koro ni.
Edgar Allan Poe, Double Assassinat dans la rue Morgue (1841)[1] : une femme et sa fille sont assassinées dans une pièce inaccessible et verrouillée de l'intérieur. La gorge de la mère est tranchée si profondément que sa tête en est presque détachée du corps. La fille a été étranglée et violemment encastrée dans le conduit de la cheminée. La force de plusieurs personnes est nécessaire pour l'en extraire.
Edgar Wallace, Les Quatre Justiciers (1905) : un ministre britannique est assassiné alors qu'il est seul dans une pièce verrouillée de l'intérieur et protégée de l'extérieur par des policiers. La chambre est vide et les faits se sont déroulés au moment exact où les meurtriers l'avaient annoncé. La cause de la mort est indéterminée.
Gaston Leroux, Le Mystère de la chambre jaune (1907)[1] : dans un château appartenant à un physicien renommé qui y mène des expériences, sa fille Mathilde est victime d'une tentative de meurtre dans une chambre peinte en jaune adjacente au laboratoire, dont la porte est fermée de l’intérieur et les volets clos.
Dorothy L. Sayers, Lord Peter et le Mort du 18 juin (1932) : un homme est trouvé sur un rocher isolé du rivage, la gorge tranchée. Le crime est si récent que le sang de la victime n'a pas encore coagulé. Les occupants d'un bateau de pêche situé à moins de 90 m du lieu du crime jurent que personne ne s'est approché du rocher. Il n'y a aucune trace de pas sur le sable, hormis celles de la femme qui a découvert le corps et celles du mort.
John Dickson Carr, Trois cercueils se refermeront (1935)[1] : pendant une nuit d'hiver londonienne, deux meurtres sont commis à intervalles rapprochés. Dans le premier cas, le cadavre est découvert dans une chambre close de l'intérieur, alors que des gens se tenaient devant la porte. Dans le second cas, la victime marchait seule au milieu d'une impasse quand elle a été tuée à bout portant. Personne n'a été trouvé à proximité et le coupable avait la retraite coupée par trois personnes, dont un policier, qui se sont rués vers le lieu du crime après avoir entendu la détonation. Il n'y a pas de traces de pas sur la neige.
Agatha Christie, Dix Petits Nègres (1939) : dix personnages, dont chacun, dans le passé, a perpétré un homicide contre lequel la justice est impuissante, sont invités à se rendre sur une île. Bien qu'ils en soient alors les seuls résidents, ils sont mystérieusement assassinés les uns après les autres, d'une façon qui rappelle inexorablement les dix couplets d'une comptine. Un sous-chef et un inspecteur de police tentent de percer le mystère de la mort des dix petits nègres. Ils passent en revue chacun des invités, et voient la possibilité de chacun d'être le meurtrier. Malheureusement, au vu des indices découverts sur les lieux du crime, ils en déduisent qu'aucun d'eux n'aurait logiquement pu tuer tous les autres puis se suicider.
↑Eugène Chavette, La Chambre du crime, postface et bibliographie par Jean-Luc Buard, nouvelle édition revue et corrigée, Ed. Archives et documents presse et feuilletons (ADPF)/Mi Li Re Mi, 2019, 288 p. (ISBN978-1-326-23404-1). Postface : "Un livre mythique, La Chambre du crime (1874) ou du "roman judiciaire" à la "comédie policière". Avec en annexe un document révélateur : "Le Verrou d'Armand Silvestre ? Ou un mystère en "chambre" close enfin élucidé !" [Autre texte parodique basé sur le mystère de la mort du prince de Condé en 1830 trouvé mort dans une pièce verrouillée de l'intérieur]
↑Adapté au cinéma en 1928 sous le titre de Le Crime de Monsieur Benson, qui sera l'un des premiers films parlants.
Ouvrage
Mystères à huis clos, recueil de romans et de nouvelles, coll. « Omnibus », 1996, comprenant :