En 1949, les mineurs d'amiante d'Asbestos se mettent en grève. L'archevêque de Montréal, Monseigneur Charbonneau, prend position en faveur des gréviste et appelle les catholiques à leur venir en aide. Le premier ministre Maurice Duplessis (le « Chef ») s'oppose quant à lui aux syndicats au nom de l'ordre public et du respect de la propriété[1]. Un combat épique s'engage entre les deux hommes, opposant la moralité et le pouvoir[2]. Les grévistes obtiennent gain de cause, mais à cause de l'influence de Duplessis, Monseigneur Charbonneau est contraint de quitter son siège épiscopal.
Histoire
C'est en 1965 que John Thomas McDonough, un prêtre dominicain et professeur de philosophie[3], qui était étudiant à l'Université Laval lors de la grève de l'amiante en 1949, a l'idée d'écrire une pièce sur cet événement qui a bouleversé la société québécoise. Son texte, en anglais, est publié en 1968 chez McClelland & Stewart(en)[4]. Une adaptation radiophonique en anglais, employant en majorité des acteurs francophones, en premier lieu Jean Lajeunesse dans le rôle de Charbonneau et René Caron dans celui de Duplessis, est entreprise en mai et diffusée sur le réseau anglais de Radio-Canada le 30 juin 1968[3]. Un disque en est également tiré[3],[5]. L'auteur présente la pièce à Jean-Louis Roux, directeur artistique du Théâtre du Nouveau Monde, mais c'est Paul Hébert qui décide de l'adapter en français avec la collaboration du poète et dramaturge Pierre Morency. Le travail d'adaptation est important : après deux versions produites par McDonough, Hébert et Morency retravaillent le texte : emploi accru du français québécois, ajout de scènes, développement du rôle du syndicalisme, condensation de l'action pour en arriver à une durée de deux heures[6]. La pièce est créée par le Théâtre du Trident, une jeune compagnie de Québec alors dans sa première année d'opération et que dirige Hébert. Avec Jean Duceppe dans le rôle de Duplessis et Jean-Marie Lemieux dans celui de Charbonneau, la pièce remporte un grand succès[7], étant jouée à guichets fermés[8].
Après le succès remporté à Québec, Jean Duceppe s'empresse d'amener la pièce à Montréal, où Paul Hébert reprend sa mise en scène dans une coproduction entre le Trident et la Compagnie Jean Duceppe. Les deux mêmes comédiens tiennent les rôles-titres. La curiosité du public est immense, et des estrades supplémentaires doivent être installées au théâtre Port-Royal de la Place des Arts[9]. Après la durée prévue initialement, la pièce a été présentée en supplémentaires jusqu'en mars de l'année suivante[10]. Duceppe rachète les droits sur la pièce, dont le texte est publié chez Leméac en 1974[11]. En avril 1975 la pièce est jouée en version anglaise au Centre Saidye-Bronfman de Montréal[12].
Appréciation
Dès sa présentation originale, Charbonneau et le Chef est décrit comme « une réussite totale »[13]. Des parallèles sont faits, y compris par l'auteur, entre Monseigneur Charbonneau et Thomas Becket, et entre Duplessis et Henri II[14]. Pour Paul Hébert, « c'est la meilleure tragédie québécoise que je connaisse »[14]. La performance de Jean Duceppe dans le rôle de Duplessis est considérée comme une des deux plus grandes de sa carrière, avec celle de Willy Loman dans La Mort d'un commis voyageur[12].
Devant la demande populaire, cette production a été répétée de mai à juillet 1972[16] avec la même troupe, à l'exception des changements suivants:
Lionel Villeneuve remplace Bernard Lapierre-Assiniwi dans le rôle de L'archevêque de Rimouski (à la création, le personnage avait le titre d'évêque de Rimouski)
Réjean Gauvin remplace Raymond Bouchard dans le rôle de Marcotte
Raymond Bouchard remplace Marc Legault dans le rôle de Laroche
Hélène Parent remplace Lisette Bernier dans le rôle de Simone Laroche
Michel Gariépy : Latendresse, Un gréviste
Germain Lavoie n'apparaît plus à la distribution
Antoine Fafard : O'Brien, Un vicaire
Pierre Breton, Normand Chouinard, Luc Dumas : Grévistes, Policiers en remplacement de Louis Archer, Denis Blais, Luc Doucet et Alain Senteni[15].
Cette production a été jouée au Théâtre Port-Royal de novembre 1973 à mars 1974, puis en novembre 1974 et de janvier à mars 1975. Elle est jouée à Ottawa en septembre 1974, puis à Québec du 27 décembre 1974 au 5 janvier 1975. Elle est partie en tournée dans plusieurs villes du Québec de septembre 1974 à janvier 1975[10].
Yvan Benoît, Sylvain G. Bissonnette, Jeff Boudreault, Éric Cabana, Gaston Caron, Gilles Cazabon, Martin Dion, Pierre Gendron, Vincent Giroux, Denis Houle, Frédéric Paquet, Philippe Provencher, André Richard, Jean-Léon Rondeau, Daniel Roy, Francis Vachon : Grévistes, Policiers, Abbés, Vicaires, Journalistes, Gardes du corps[19]
↑ ab et c« Charbonneau and le Chef », Reproduction des notes de la pochette de l'enregistrement sonore paru en 1969, sur Le site de monsieur Jeff (version du sur Internet Archive)