Créé en 1807, c'est le plus ancien cimetière de Lyon encore en activité[1].
D'abord localisé à l'est de l'actuelle rue du Cardinal-Gerlier (anciennement : « chemin de Loyasse »), ouvrant au n° 40[2], il a été agrandi en septembre 1853 de l'autre côté de cette rue (n° 43), de sorte qu'on distingue officiellement l'« ancien cimetière » et le « nouveau cimetière ».
Situation et description
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Le cimetière est situé sur le versant nord de la colline de Fourvière, à environ 500 m à l'ouest de la basilique de Fourvière et 200 m au nord-ouest du théâtre gallo-romain.
La superficie totale est d'environ 12 hectares. L'ancien cimetière (environ 4,5 ha) est délimité par : la rue du Cardinal Gerlier, la rue Pauline-Marie Janicot et la rue Henri Le Châtelier ; le nouveau cimetière par : la rue du Cardinal Gerlier, puis montée de l'Observance, le chemin du Bas de Loyasse (avec le fort de Loyasse au nord) et des terrains privés au sud.
Il dispose d'un carré musulman (carré 43), situé dans l'ancien cimetière.
Histoire
Préliminaires (1775-1805)
Dès 1775, le problème de l'inhumation se pose à Lyon : une assemblée ecclésiastique se plaint au roi que les cimetières jouxtant les églises de la ville « débordent ». Celui du quartier dense du Vieux Lyon jouxte l'église Saint-Just. L'année suivante, la déclaration royale de Louis XVI du fixe les règles de sépultures en huit points. Cette disposition n'a pas d'effet et il faut attendre le décret du 23 prairial an XII (). Ce décret régit encore les cimetières français dans leurs dispositions essentielles.
À l'époque où les Lyonnais envisagent de créer un cimetière municipal, le chirurgien et futur maire de Lyon Jean-Jacques Coindre propose en un projet dessiné par l'architecte Jacques Marcoux qui comprend soixante fosses communes pouvant accueillir 4 000 morts. Il est approuvé par le Conseil municipal le [3].
Le , un traité est signé et des travaux sont démarrés pour ouvrir un nouveau cimetière sur le territoire des Sablons à Montchat où un terrain de 6,5 hectares est disponible. Au même moment, le cimetière des Quatre-Vents de l'église Saint-Just arrive à saturation : l'acquisition d'un terrain à Loyasse est alors signée. Les trois sites, Montchat, Loyasse et Croix-Rousse sont définitivement adoptés par le Conseil municipal le . Ce choix est validé par un arrêté du ministère de l'Intérieur le et par un décret impérial le . Le cardinal Fesch s'oppose alors avec le clergé à l'installation à Montchat, trop éloigné de la ville ; le site de la Croix-Rousse est aussi abandonné[4].
L'ancien cimetière
Mise en place
L'acquisition du terrain de Loyasse, qui fait 3,6 hectares, est signée avec Rivay le et l'acte définitif d'achat le . C'est Joseph Jean Pascal Gay, architecte de la ville, qui en dessine le plan. Le cimetière des Quatre-Vents ayant alors été fermé, les inhumations commencent immédiatement. Quatre terrains attenants sont aussi acquis entre 1807 et 1810[4].
Le , le chanoine Joseph Caille fait un don de 32 ares affectés à l'enterrement des ecclésiastiques, appelé « cimetière des prêtres ». Il vend en même temps 84 ares pour agrandir le cimetière général. La dernière extension de l'« ancien cimetière » a lieu le , par l'achat du clos Lièvre. Deux propriétés sont acquises en pour former le « nouveau cimetière »[5].
Le carré des prêtres, actuellement géré par la chancellerie du diocèse de Lyon, comprend plus de 750 tombes de prêtres et on y enterre toujours.
Premières inhumations
Les premières tombes sont installées en , après une simple clôture du terrain récemment acquis. 269 personnes sont enterrées cette année, puis 1 094 en 1809. Les tombes les plus anciennes encore présentes datent de 1809, telles que celles de la famille Jambon, dont Philibert Jambon inventeur de la prothèse externe mécanique, et celle de Jacques Barraband[6].
Création du nouveau cimetière
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Un cimetière de riches
Dans les années 1830, sur plus de 5 000 décès annuels, seuls 1 500 lyonnais étaient enterrés à Loyasse. La plupart des autres finissaient dans les fosses communes du cimetière de la Madeleine, donc en dehors des lieux définis par la loi. Une inhumation simple à Loyasse sur un emplacement de 5 ans non renouvelable, coûtait 34 francs, une somme inaccessible à la plupart des gens. De plus, l'espace réservé aux sépultures ordinaires s'est réduit au fur et à mesure de la création des concessions, un phénomène qui s'est accéléré à partir du , à l'institution des concessions de 15 et 30 ans[7].
Les concessions perpétuelles
Le Conseil municipal vote un arrêté le permettant l'aliénation de parcelles carrées de 25 m2, dites « masses »[8],[9], en concessions perpétuelles. Le tarif et les conditions sont fixés le et le décret d'application publié le . Un registre n'est ouvert qu'en , la plus ancienne concession datée et toujours visible est celle de Marc-Antoine Petit, créée le [6].
Le , le Conseil municipal vote de nouveaux tarifs et supprime la concession perpétuelle[10]. Cette suppression n'étant pas rétroactive, de nombreuses concessions sorties d'usage restent abandonnées[11].
À la fin du XXe siècle, la municipalité fait de nombreux efforts pour sauvegarder le patrimoine en recherchant activement les ayants droit et instaurant la cession à particulier contre un franc symbolique obligeant le remontage et la restauration du monument concerné sur un autre emplacement. Mais en 1996, aucun d'entre eux n'était classé monument historique, et des tombes d'importance historique continuent de disparaître, telle celle d'Antoine Péricaud[12].
Contraintes du site
Malheureusement, le site s'avérera malcommode. On s'aperçoit qu'il est exposé à tous les vents : en 1825, la croix qui orne l'entrée du cimetière est abattue par la tempête. Les murs sont endommagés par une tornade en 1847 et deux mille tuiles doivent être remplacées. Le terrain n'est guère plus propice : il est situé à l'ouest du plateau de la Sarra sur un terrain instable qui occupe les ruines romaines de la partie ouest de Lugdunum. Le terrain est instable à tel point que, dès 1810, le mur de la terrasse s'effondre. La nature imperméable du terrain empêche même la décomposition des corps[13].
De plus, le cimetière est très difficile d'accès car situé à l'extrémité de la ville d'alors et de surcroît, au sommet du plateau qui domine le centre de Lyon de plus de cent mètres : on accède au plateau par des escaliers abrupts ou bien par des détours considérables. Le transport des corps sera tout de même amélioré lors de la création du funiculaire entre Saint-Paul et Fourvière (surnommé « la ficelle des morts ») le [14] puis du train entre Fourvière et le cimetière.
Intérêt architectural
Styles des tombes
Outre le fait qu'étant placé sur les hauteurs de Lyon, à la limite de la commune de Sainte-Foy-les-Lyon, il permet d'avoir une très belle vue sur le centre de la ville, il offre surtout une panoplie de styles impressionnante. Par comparaison avec les cimetières des villes régionales, celui de Loyasse possède en particulier « l'abondance, la diversité, la qualité des œuvres néo-antiques, architecture et décoration : à Lyon, l'antique est vivant »[15]. Il présente une variété importante de chapelles et monuments représentatifs de l’art du XIXe siècle avec de grands noms de la sculpture et de l’architecture lyonnaise : Pierre Bossan, Paul Chenavard, Joseph Chinard, Charles Dufraine, Henri Prost[1].
Les tombes qui y sont édifiées ont suivi les modes architecturales de leur époque et les particularités de ceux qui y reposent. On y rencontre quelques tombes des premiers temps en forme de sarcophages, de simples tombeaux avec gisants, des effigies et des bustes d'artistes locaux, des monuments en forme de pyramides ou de style Art déco, néo-classiques, néo-gothiques, dont certains sont magnifiques et toujours en excellent état.
Nombreux sont les effigies et les bustes représentant des artistes locaux, peintres, architectes, et des personnalités, des maires de Lyon comme Antoine Gailleton ou Édouard Herriot, dont les portraits ornent leurs tombes respectives près de l'entrée du cimetière.
On y découvre aussi des monuments atypiques : celui de Nizier Anthelme Philippe dit « Maître Philippe », un mystique chrétien dont la tombe est constamment et abondamment fleurie et le grand if qui l'abrite porte de nombreux petits papiers pliés comme autant d'ex-votos ; celui de la famille Guimet avec son dôme de plaques colorées ; ou celui de la famille Pléney qui domine tous les autres avec sa pyramide de plus de dix mètres de haut qui se termine par une sculpture représentant une pleureuse dont le chagrin s'écoule dans un vase.
Jean-François Legendre-Héral, sculpteur et professeur de sculpture à l’École spéciale des arts de dessin de Lyon (future École des Beaux-Arts), réalisa plusieurs sculptures funéraires présentes au cimetière, dont Jeune femme sur la tombe de la famille Monnier datant de 1827, et Ange priant de 1835 surmontant la tombe d’Antoine Pinet mort à l'âge de 4 ans.
Monument des pompiers
À la croisée des deux grandes allées du cimetière ancien, se situe un monument en l'honneur de pompiers de la ville de Lyon. Il a été érigé en [16]. Deux fois par an, une commémoration entretient le souvenir de ces soldats morts au feu.
Le cimetière de Loyasse est considéré comme le lieu de repos de nombreux Lyonnais célèbres, à l'instar du cimetière du Père-Lachaise à Paris. On y trouve ainsi :
Des fouilles menées par l'archéologue (bénévole) René Pelletier[21] permettent d'y découvrir en 1967 un atelier de poterie installé à l’emplacement du cimetière[pas clair] à la fin du Ier siècle av. J.-C. et au Ier siècle apr. J.-C.
René Pelletier trouve des céramiques datant le site du règne d'Auguste (27 av. J.-C.-14 apr. J.-C.) à la fin des Antonins[22] (vers 190 apr. J.-C.)
↑Michel Lenoble (dir.), Atlas topographique de Lugdunum : Lyon - Fourvière, vol. I, Dijon, Revue archéologique de l'Est, , 550 p. (ISBN978-2-915544-41-1, ISSN1773-6773), p. 548.
↑[Génin et al. 1996 (1)] Martine Génin, Jacques Lasfargues et Anne Schmitt, « Les productions de l'atelier de Loyasse », Gallia, t. 53 « Les productions des ateliers de potiers antiques de Lyon », , p. 19-38 (lire en ligne), p. 19.
↑[Pelletier 1967] René Pelletier, « Matériel céramique du nouveau cimetière de Loyasse (Lyon, quartier de Saint-Just) », Revue archéologique du Centre de la France, vol. 6, no 4, , p. 337-338 (lire en ligne [sur persee]), p. 337.
[Beuf 1834] Pierre Beuf, Le cimetière de Loyasse, ou description de tous les monuments qui existent dans ce cimetière, avec le relevé exact des inscriptions qui y sont gravées, Lyon, P. Beuf, (lire en ligne).
[Boarini 2024] Serge Boarini, Loyasse 1872. Crise au Père-Lachaise lyonnais. (Un casuiste au cimetière), Paris, L'Harmattan, 2024.
[Chenavard 1860] Antoine-Marie Chenavard, Recueil des compositions exécutées ou projetées. Tombeaux, Lyon, L. Perrin, .
[Dulin 1829] Jacques Dulin, Recueil des plus beaux tombeaux exécutés au grand cimetière de Lyon, Lyon, Perrin, (présentation en ligne). Album de lithographies par Michel Béraud-Lauras, d'après Jacques Dulin ; deux livraisons parues sur neuf prévues.
[Guillermin & Bourguignon 2014] Yamina Guillermin et Armande de Bourguignon, « En se promenant à Loyasse », Bulletin de liaison de l'association Sauvegarde et Embellissement de Lyon, , p. 10-12 (lire en ligne).
[Hours et al. 1996] Henri Hours, Maryannick Lavigne-Louis et Marie-Madeleine Vallette d'Osia, Le cimetière de Loyasse, Lyon, Préinventaire des monuments et richesses artistiques, , 526 p. (ISBN2-910865-03-7).
[Martin-Payen 1981] Véronique Martin-Payen, Mourir à Lyon, première moitié du XIXe siècle (mémoire de maîtrise en Histoire), Lyon, Lyon 2, .
[Massina 1995] Sabine Massina, Sculptures et ornementations funéraires au XIXe siècle. Cimetière de Loyasse (mémoire de maîtrise en Histoire de l'art), Lyon, Lyon 2, .
[Mottin 1981] Bruno Mottin, Les monuments funéraires d'Antoine-Marie Chanavard (1787-1883) (mémoire de maîtrise en Histoire de l'art), Lyon 2, .