Le cinéma australien, ou l’industrie du cinéma australienne (Australian film industry), fait référence au système de production, de distribution et de diffusion des films en Australie.
La première diffusion publique d'un film en Australie date d'octobre 1896, soit moins d'un an après la première diffusion mondiale à Paris le par les frères Lumière. La production cinématographique australienne a commencé avec The Story of the Kelly Gang en 1906, souvent considéré comme le premier long métrage jamais produit[1]. Depuis, le cinéma australien continué à produire des films souvent reconnus au niveau mondial, alors que nombre de ses acteurs et réalisateurs ont acquis au fil des années, une réputation internationale et se sont dirigés vers les gros centres de productions de l'industrie cinématographique mondiale, notamment Hollywood.
Des Australiens comme Errol Flynn, sont associés aux plus grandes stars de l'âge d'or d'Hollywood, mais pendant les années 1970, des fonds gouvernementaux ont permis le développement d'une nouvelle génération de réalisateurs et d'acteurs en Australie et les années 1980 sont considérées comme un âge d'or pour le cinéma australien, avec un grand nombre de films ayant connu le succès, de la science-fiction avec Mad Max à la comédie avec Crocodile Dundee. Pendant les années 1990-2000, des acteurs et actrices australiens ont connu de grands succès internationaux comme Nicole Kidman, Russell Crowe, Cate Blanchett, Geoffrey Rush, Hugh Jackman et Heath Ledger.
Le cinéma australien est un des plus anciens au monde. En octobre 1896 a lieu la première projection sur le territoire national, soit moins d'un an après la première projection publique à Paris le 28 décembre 1895 par les frères Lumières. Le premier studio de production du monde[réf. nécessaire], Limelight Department, a été construit à Melbourne par l'armée du salut et les premières fictions australiennes sont réalisées en 1898[2]. The Story of the Kelly Gang qui raconte l'histoire du bushrangerNed Kelly, réalisé par Charles Tait et sorti en 1906, est le premier long métrage de fiction de l'histoire du cinéma (d'après la définition de la Cinémathèque française selon laquelle un long métrage est un film de plus de soixante minutes)[3].
1910-1920 : Des hauts, des bas
L'histoire du cinéma australien est souvent caractérisée par un succès en dents de scie, les historiens utilisant l'expression « boom and bust(en) », soit en français, « des hauts et des bas »[4].
Les années 1910 sont une des périodes de « boom », dont les quatre premières années voient la production d'une centaine de films, avant qu'elle ne soit interrompue par la Première Guerre mondiale[5]. L'Australie était alors le pays producteur de films le plus prolifique du monde[6]. En 1912, l'industrie se consolide avec l'union de plusieurs producteurs indépendants au sein de l'Australasian Films and Union Theaters, ce qui leur permet d'avoir un meilleur contrôle sur la distribution et la projection dans les cinémas, tout en requérant moins de tractation commerciales avec les différents intervenants. Ceci a également favorisé une ouverture avec les distributeurs américains, qui signent dans les années 1920 un accord d'exclusivité avec les cinémas australiens, souvent au détriment de la production locale.
Le déclin des années 1920 peut s'expliquer par plusieurs raisons : la chute du nombre de spectateurs, un manque d'intérêt dans les productions australiennes, ainsi que la participation de l'Australie à la Guerre. De plus, malgré leur succès du début du siècle, l'État australien interdit les films de bushrangers en 1912[7],[8],[9]. Avec la suspension de la production locale, l'industrie australienne trouve des alternatives, notamment aux États-Unis, et réalise qu'il est moins cher d'importer des films étranger que de les produire en Australie. Pour redresser la balance, le gouvernement fédéral impose une taxe sur les films importés en 1914, avant de la supprimer en 1918. Ainsi, dès 1923, le cinéma américain domine le marché australien, avec plus de 94 % des films projetés originaires de Los Angeles[10].
En 1930, F.W. Thring (1883–1936) crée les Efftee Studios à Melbourne afin d'y réaliser des films en utilisant l'équipement optique et sonore importé des États-Unis. Les premiers films sonores sont produits en 1931 : Diggers, A Co-respondent's Course, The Haunted Barn et The Sentimental Bloke (1932). Au cours de ses cinq ans d'existence, Efftee a produit neuf longs métrages et plus de 80 courts métrages, avant de s'arrêter en réponse au refus du gouvernement d'imposer des quotas aux films australiens, alors que Thring meurt peu après[11].
Cinesound Productions est créé en 1931 par Ken G. Hall[12],[13] et est l'une des seules sociétés de production en activité au début des années 1940 et devient le principal studio en Australie, construit selon le modèle hollywoodien. Le studio emploie également les mêmes procédés de promotion utilisés aux États-Unis, et tente d'établir un « star system » identique. C'est particulièrement efficace avec la série de comédies On Our Selection (1932), adaptée des romans populaires de Steele Rudd, et qui dépeint les aventures d'une famille australienne fictive, les Rudd. Mais malgré ses ambitions, Cinesound ne produit que 17 longs métrages, tous sauf un étant réalisés par Hall. La société ferme ses portes à l'aube de la Seconde Guerre mondiale.
La production australienne décline dans les années 1960, avec peu de films notables[19]. La comédie They're a Weird Mob (1966), avec Walter Chiari, Chips Rafferty et Clare Dunne(en) est une exception pendant cette période, dénotant également un certain changement dans la société australienne : narrant l'histoire d'un immigré italien tout juste arrivé et travaillant comme ouvrier agricole à Sydney, il découvre avec ses nouveaux amis et collègues les difficultés de l'argot australien et de sa culture en général. Le film amorce un courant appelé l'Australian New Wave dans les années 1970, souvent le reflet de la culture familière australienne.
Les années 1960 voient encore de nombreux acteurs australiens traverser le Pacifique pour Hollywood, souvent cantonnés aux rôles des « hommes d'action » comme l'Australien George Lazenby qui remplace Sean Connery dans le rôle de James Bond dans le film de 1969, Au service secret de Sa Majesté (On Her Majesty's Secret Service).
Avec l'aide des Premiers ministresJohn Gorton et Gough Whitlam, dans les années 1960 et 1970, des fonds gouvernementaux ont permis le développement d'une nouvelle génération de réalisateurs et d'acteurs. Ces mesures ont conduit à la résurgence d'un style de films appartenant à la Nouvelle Vague australienne et à un courant appelé Ozploitation(en) (mot-valise avec Australie et exploitation, des films d'horreur, de comédie ou d'action à petit budget), et qui a duré jusqu'au milieu des années 1980. Des films tels que Pique-nique à Hanging Rock (Picnic at Hanging Rock)[20] de Peter Weir et Sunday Too Far Away[21] avec Jack Thompson ont immédiatement eu un impact international.
Les années 1980 sont considérées comme l'« âge d'or » du cinéma australien, avec un grand nombre de films ayant connu le succès, de la science-fiction avec Mad Max, du film de guerre avec Gallipoli, du film d'aventure avec The Man From Snowy River[22] jusqu'à la comédie avec Crocodile Dundee, un film qui définit l'Australie aux yeux de beaucoup d'étrangers bien qu'il ne ressemble que très peu au style de vie de la plupart des Australiens. Crocodile Dundee demeure à ce jour le film australien ayant eu le plus de succès au box-office mondial, en nombre d'entrées spectateurs[23] et compte parmi les films non américains les plus réussis, avec plus de 325 millions de dollars au box-office[24].
Les années 1990 ont été une décennie de succès pour le cinéma australien. Des films à petit budget comme la comédie Muriel (Muriel's Wedding) avec Toni Collette[27], des comédies satiriques comme Une maison de rêve (The Castle) avec Eric Bana dans son premier rôle important, et le film flamboyant de Baz Luhrmann, Ballroom Dancing (Strictly Ballroom)[28] connaissent chacun succès critique et public. Ils explorent à travers des personnages décalés habitant dans les balieues urbaines de l'Australie les changements de société, tout en s'éloignant de l'Outback et des sagas historiques des années 1970 et 80. Le film de Stephan Elliott, Priscilla, folle du désert (The Adventures of Priscilla, Queen of the Desert, 1994), narrant le roadtrip de trois drag queen en Australie-Centrale, retourne dans l'Outback tout en y intégrant la sous-culture urbaine contemporaine.
Les changements démographiques de l'Australie après la Seconde Guerre mondiale, avec une immigration multiculturelle massive, s'est reflété sur le cinéma australien dès les années 1990, avec des films comme The Heartbreak Kid (1993), Looking for Alibrandi (1999), Dead Heart (2000), Fat Pizza (2003) et Romulus, My Father (2007), qui abordent les expériences des migrants ou les sous-cultures australiennes.
Depuis 2010
Au début des années 2010, un certain nombre de films ont connu un succès public et critique important, parmi lesquels Bran Nue Dae (2010), adaptation de la comédie musicale aborigène du même nom produite en 1990 ou Demain, quand la guerre a commencé (Tomorrow, When the War Began, 2010), adapté de la série littéraire Tomorrow.
L'industrie cinématographique continue de produire un nombre raisonnable de films chaque année, mais à l'instar des autres pays anglo-saxons, l'Australie s'est trouvé et reste minoritaire sur le plan mondial face au cinéma américain, dont la proportion de cinéma national dépasse largement celles de l'Australie, du Royaume-Uni, etc. Cependant, plusieurs producteurs américains ont déménagé leur production en Australie, imitant le directeur de la FoxRupert Murdoch (australien de naissance et naturalisé américain) qui a décidé de déplacer le nouveau studio à Sydney où les films peuvent être menés à terme avec un coût moins important qu'aux États-Unis. Des productions notables incluent Matrix et Star Wars : épisodes II et III, tournés dans des studios comme Fox Studios Australia ou Village Roadshow Studio. Les autres studios australiens sont Pagewood Studios, Rushcutters Bay Studio, etc.
Les Australian Academy of Cinema and Television Arts Awards (AACTA Awards), anciennement intitulés Australian Film Institute Awards (AFI Awards), constituent la principale récompense cinématographique et télévisuelle nationale en Australie, décernée depuis 1958.
↑Graham Shirley, Le cinéma australien (1896-1975) in Collectif, Le cinéma australien, Paris, Coll Cinéma Pluriel, Centre Georges Pompidou, 1991 (ISBN2-85850-593-4), p. 58
↑(en) David Stratton, The Avocado Plantation: Boom and Bust in the Australian Film Industry, Sydney, Pan Macmillan, 1990.
↑(en) Andrew Pike et Ross Cooper, Australian Film 1900–1977: A Guide to Feature Film Production, Melbourne, Oxford University Press, 1998. Pages 1 – 49.
↑(en) Albert Moran et Errol Vieth, Historical Dictionary of Australian and New Zealand Cinema, Lanham, Maryland, Scarecrow Press, 2005. Page 32.
↑(en) Eric Reade, Australian Silent Films: A Pictorial History of Silent Films from 1896 to 1926. Melbourne, Lansdowne Press, 1970. Page 59.
↑(en) William D.outt, More Australian than Aristotelian: The Australian Bushranger Film, 1904–1914, dans Senses of Cinema, no 18, janvier-février 2002
↑L'interdiction des films de bushrangers est traité dans le roman de Kathryn Heyman, Captain Starlight's Apprentice (2006).
↑(en) Albert Moran et Errol Vieth, Historical Dictionary of Australian and New Zealand Cinema, Lanham, Maryland, Scarecrow Press, 2005. Page 30.
↑(en) Graham Shirley et Brian Adams, Australian Cinema:The First Eighty Years, Currency Press. Page 125
(en) Eric Reade, Australian Silent Films: A Pictoral History of Silent Films from 1896 to 1926, Melbourne, Lansdowne Press, 1970.
Claudine Thoridnet et Jean-Loup Passek (sous la direction de), Le Cinéma australien, Éditions Centre Pompidou, Coll. Cinéma/Pluriel, 1991, 280 p. (ISBN2-85850-593-4)
(en) Andrew Pike et Ross Cooper, Australian Film: 1900-1977, Melbourne, Oxford University Press, 1998 (édition révisée). (ISBN0-19-550784-3)
(en) Brian McFarland, Geoff Mayer et Ina Bertrand (sous la direction de), The Oxford Companion to Australian Film, Melbourne, Oxford University Press, 1999. (ISBN0-19-553797-1)
(en) Deb Verhoeven (sous la direction de), Twin Peeks: Australian and New Zealand Feature Films, Melbourne, Damned Publishing, 1999. (ISBN1-876310-00-6)
(en) Albert Moran et Errol Vieth, Historical Dictionary of Australian and New Zealand Cinema. Lanham, Scarecrow Press, 2005. (ISBN0-8108-5459-7)
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Critiques et analyses :
(en) Albert Moran et Tom O’Regan, An Australian Film Reader (Australian Screen Series). Sydney: Currency Press, 1985.
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(en) The Screening of Australia, Volume 2: Anatomy of a National Cinema. Sydney: Currency Press, 1988.
(en) Jonathan Dawson et Bruce Molloy, Queensland Images in Film and Television. Brisbane: University of Queensland Press, 1990.
(en) David Stratton, The Avocado Plantation: Boom and Bust in the Australian Film Industry. Sydney : Pan Macmillan, 1990. 465p. (ISBN978-0-7329-0250-6)
(en) Tom O'Regan, Australian National Cinema. London: Routledge, 1996.
Dossier « Situation du cinéma australien », Positif, no 458, avril 1999, p. 82-102
Rama Venkatasawmy et Tom O’Regan, « Le cinéma australien face au nouveau millénaire », Ciné-Bulles, vol. 17, no 4, hiver–printemps 1999, p. 20–27 (lire en ligne)
(en) Felicity Collins et Theresa Davis, Australian Cinema After Mabo. Sydney: Cambridge University Press, 2004.
(en) Albert Moran et Errol Vieth, Film in Australia: An Introduction Sydney: Cambridge University Press, 2006.
(en) Deb Verhoeven, Sheep and the Australian Cinema. Melbourne : MUP, 2006. (ISBN978-0-522-85239-4)