Bien que moins importantes que celles contre la Sicile, les attaques contre la Sardaigne interrompent les relations entre l'île et l'empire byzantin. Les Omeyyades restent pendant 68 ans en position de domination mais une révolte populaire les chasse rapidement en 778[3]
En 805, les Byzantins signent une trêve de dix ans avec Ibrahim I ibn Al-Aghlab, émir d'Ifriqiya de la dynastie royale des Aghlabides, alors vassaux des Abbassides. Mais cela n'empêche pas d'autres musulmans provenant d'autres régions hors d'Afrique et d'Espagne d'attaquer la Sardaigne et la Corse de 806 jusqu'à leur échec final en 821.
Au IXe siècle, les Arabes achèvent la conquête de la Méditerranée, du Nord de l'Afrique, de l'Espagne et de la Sicile et les côtes sardes sont soumises à leurs attaques incessantes et à leurs razzias[4].
Seconde conquête musulmane de la Sardaigne (1014-1017)
Le désintérêt de la lointaine Byzance à l'égard de la Sardaigne et la vacance du pouvoir qui en résulte poussent l'île à s'administrer elle-même : ainsi, elle s'organise administrativement et militairement en quatre Giudicati (ou judicats) : ceux d'Arborée, de Calaris (Cagliari), de la Gallura et de Logudoro (Torres), royaumes souverains et indépendants les uns des autres[5].
En 1014-1015, établi aux îles Baléares, l'émir Mujahid al-Amiri dit Musetto (ou Mugetto), prépare la conquête de la Sardaigne.
Profitant qu'une grande partie de la flotte navale de Pise est en mission de représailles contre des Sarrasins en Calabre, Mujahid al-Amiri débarque à Torres avec une flotte de 125 navires transportant 1 000 chevaux pour tenter de conquérir l'île[6]. En une nuit, il fait du judicat de Logudoro un nouveau royaume musulman à partir duquel il compte conquérir d'abord toute l'île de Sardaigne puis Pise en Italie continentale.
Après avoir regroupé ses troupes, Mujahid al-Amiri se tourne rapidement vers Pise, qui était depuis le début son objectif.
Il parvient à prendre la ville dont la population est massacrée : seules les femmes valides sont épargnées, mais pour être vendues sur les marchés aux esclaves. Cette vente aurait financé de façon très importante la flotte sarrasine. Des quartiers entiers de la ville toscane sont lncendiés. Lorsque les bateaux pisans reviennent de leur incursion en Calabre, Mujahid al-Amiri est déjà rentré à Olbia avec ses prisonnières.
On ignore si du judicat de Logudoro, ses troupes se sont entre-temps déplacées à Olbia. De toute façon, peu après, les musulmans contrôlaient tout le territoire compris entre les deux ports sardes septentrionaux. Il est probable que l'archipel de la Maddalena était déjà entre leurs mains, ainsi que la Corse méridionale.
Les Pisans poursuivent immédiatement Mujahid al-Amiri. C'est l'amiralVittore Ricucchi (ou Ricucci) qui commande les opérations et qui débarque à Sainte Lucia de Siniscola (ou plus probablement, dans le Portus Luguidonis de l'actuel San Giovanni de Posada). Il s'allie aux Sardes, qui organisent déjà leur résistance.
Sardes et Pisans, par la mer ainsi que par la terre, progressent conjointement vers Olbia. Mais Mujahid al-Amiri se replie à l'ouest, vers la Limbara, en direction de Tempio Pausania, et rejoint Torres. Bien protégé dans son nouveau quartier général fortifié (où il avait rassemblé le gros de ses navires), il inquiète les Pisans, qui ont à nouveau laissé leur ville sans défense. Les Pisans sont contraints de se retirer pour protéger leur ville.
Ainsi moins menacés, les envahisseurs mettent en place un réseau de patrouilles maritimes pour instaurer un blocus entre la Sardaigne et la Corse.
Peu après, leur activité se déplace vers la mer Tyrrhénienne, où ils se livrent à des actes de piraterie
à l'encontre des bateaux génois et des pisans.
Le papeBenoît VIII propose l'alliance de Gênes et de Pise pour former une puissante flotte chrétienne et chasser les musulmans de Sardaigne.
Les Génois et les Pisans n'avaient pas pour seule motivation de restaurer leur économie : ils avaient également un grand désir de vengeance.
Apprenant l’arrivée de la flotte chrétienne, Mujahid al-Amiri abandonne l'île en 1017[7].
Référencement
Ouvrages généraux
Charles Diehl, L'Afrique byzantine : histoire de la domination byzantine en Afrique (533–709), Paris, Ernest Leroux, , 644 p..
Références
↑[1]Colonna de Cesari Rocca in Histoire de Corse - Ancienne Librairie Furne - Boivin & Cie, Éditeurs Paris 1916 - p. 35
↑(it) Pietro Martini, Storia delle invasioni degli Arabi e delle piraterie dei barbeschi in Sardegna, p. 60.
↑(it) Alfonso Stiglitz, Giovanni Tore, Giuseppe Atzori et Salvatore Sebis, Un millennio di relazioni fra la Sardegna e i paesi del Mediterraneo (chapitre : La penisola del Sinis tra i bronzo finale e la prima età del ferro, Selargius Cagliari, .
↑(it) Francesco Cesare Casula, La storia di Sardegna, Sassari, Delfino, , 1463 p. (ISBN88-7138-063-0).
↑(en) Richard Fletcher, Moorish Spain, nouv. éd., 1993, p. 84-85. (ISBN0-520-08496-9)
↑(it) Pietro Martini, Storia delle invasioni degli Arabi e delle piraterie dei barbeschi in Sardegna, A. Timon, 1861, p. 118.