Dans les années 1920, il est l'un des principaux acteurs du cinéma expressionniste allemand, mais il a également réalisé des films au Royaume-Uni, en France et aux États-Unis.
Conrad Veidt est un farouche opposant aux nationaux-socialistes et, après leur prise de pouvoir, quitte le pays pour la Grande-Bretagne, et plus tard, pour Hollywood.
Biographie
Conrad Veidt est le fils d'un petit fonctionnaire. Il quitte le lycée sans le bac car déjà le théâtre l'accapare. Formé à l'école de Max Reinhardt, il débute au cinéma en 1916. Après la Première Guerre mondiale, Veidt se fait une spécialité de jouer dans les films dits « d'éducation sexuelle » qui sont très populaires dans la république de Weimar. Figure emblématique du mouvement expressionniste allemand, il en incarne les tendances morbides à travers une impressionnante galerie de pervers et de fous meurtriers. Un des éléments les plus importants de l'expressionnisme est sans conteste le jeu des acteurs et Conrad Veidt excelle. Un de ses rôles les plus célèbres demeure celui de Cesare dans Le Cabinet du docteur Caligari (1920). Juste par ses cils, ses sourcils, les muscles visibles du visage, un mouvement léger des ailes du nez et de la commissure des lèvres, l'acteur indique d'une manière très suggestive l'éveil contrôlé du médium somnambule, mais aussi un désir d'érotomane sadique. Une autre astuce de son jeu artificiel et intense est le ralentissement évident des mouvements du corps et des détails d'expression, et les contorsions d'un corps dirigé par les mouvements d'épaules. Dans Caligari, Conrad Veidt se meut avec des gestes félins, se faufilant tel un animal.
Après l'arrivée au pouvoir d'Hitler, son mariage avec une actrice juive l'oblige à quitter l'Allemagne dès 1933. Il poursuit sa carrière d'acteur au Royaume-Uni, où il tourne plusieurs films sous la direction entre autres, de Maurice Elvey, Victor Saville et Michael Powell. Il travaille également en France, notamment avec Jean Dréville pour Le Joueur d’échecs (1938) aux côtés de Françoise Rosay. En 1939, il devient officiellement citoyen britannique. En 1940, Conrad Veidt revient aux États-Unis pour finir les prises de vue du film Le Voleur de Bagdad, où il joue Jaffar, le cruel vizir. Il s’installe alors définitivement en Californie. Cependant, les cinéastes, peu imaginatifs, le cantonnent dans des rôles de nazi. Il travaille notamment avec George Cukor pour Il était une fois (1940), Vincent Sherman pour Échec à la Gestapo (1941). Il se spécialise alors dans les personnages germaniques, puis dans les rôles de nazi pendant la Guerre comme dans Casablanca.
De 1916 à 1943, il aura joué dans plus de cent films, dont plusieurs sont devenus de grands classiques.
1919 : Wahnsinn de lui-même : Le banquier Lorenzen
1919 : Cauchemars et hallucinations (Unheimliche Geschichten) de Richard Oswald : Der Tod (framing story) / l'étranger (ép.1) / l'assassin (ép.2) / le voyageur (ép.3) / Le président du club (ép.4) / Le mari (ép.5)
(en) John T. Soister, Conrad Veidt on Screen : A Comprehensive Illustrated Filmography, Jefferson (Caroline du Nord), McFarland & Company, , XII-332 p. (ISBN978-0-7864-1289-1).