La Vergerette du Canada, Vergerolle du Canada ou encore Érigéron du Canada (Conyza canadensis) est une espèce de plante herbacée annuelle rudérale de la famille des Asteraceae.
Originaire d'Amérique centrale et du nord, elle s'est naturalisée en Europe et est très courante voire localement invasive. C'est l'une des adventicespionnières qui ont développé des souches résistantes à des doses croissantes de glyphosate, que l'on trouve de plus en plus fréquente, voire commune dans les champs, les vignes et les vergers, en ville et en milieu périurbain, sur les friches industrielles et voies ferrées.
Elle se plait dans les endroits chauds et secs et peut se développer dans de petits interstices [1].
C'est une plante comestible (crue ou cuite) et médicinale (sommités fleuries récoltées en été ou début d'automne).
Statuts de protection, menaces
En France l'espèce est classée NA (Non applicable) par l'UICN. Elle n'est pas soumise à évaluation car introduite récemment accidentellement d'Amérique en Europe.
Phytonymie
Histoire
Le taxon a d'abord été classé, probablement vers 1650, dans le genre Erigeron ; il s'agit d'Erigeron canadensis (Vergerette du Canada)[2] puis plus tard de Erigeron bonariensis (Vergerette de Buenos Aires) originaire d'Amérique du sud introduite au XIXe siècle[3]. Mais sur le continent américain, de nombreuses espèces, voisines de ces deux vergerettes, ont été placées ultérieurement dans le genre Conyza, proche du genre Erigeron. Selon le principe de priorité de la nomenclature botanique les deux espèces européennes devraient conserver leur nom de genre premier (Erigeron), mais selon le jugement scientifique et la tradition, adoptés aux Amériques, elles conservent le genre Conyza[4].
Origine du nom
On dit parfois que cette plante servait autrefois de verges (fouets) pour punir les enfants, d'où son nom, mais son nom dérive en réalité de verge (dérivé du latin virga qui signifie pousse), en partie en raison de ses longs rameaux flexibles et souples[5].
Synonyme
Erigeron canadensis L.
Description
Jeune plant et plant adulte.
Fleurs et fruits.
La plante s'est très bien adaptée aux milieux urbains.
Une vergerette du Canada sur le socle de la statue de Jeanne d'Arc à Montbrison (Loire).
Cette plante annuelle d'un vert cendré, très feuillée a des racines ramifiées et sa tige dressée rameuse, pubescente-hispide peut atteindre 1 m de haut.
Feuilles : elles sont pubescentes, étroitement lancéolées ou presque linéaires, aiguës, à bords entiers ou obscurément dentées.
Elle est difficile à distinguer de certaines autres vergerettes, mais les poils visibles sur ses feuilles sont longs et épars ; ceux qui bordent les contours des feuilles sont disposés à la manière des arêtes sur la colonne vertébrale d'un poisson, ce qui n'est pas le cas chez la vergerette de Sumatra (l'autre vergerette commune en France[6]).
Habitat type
Friches annuelles européennes. En Suisse, on la trouve parmi les rudérales annuelles du Sisymbrion. Elle occupe le premier stade de succession sur les friches et décombres perturbés. Elle pousse aussi comme adventices des sols légers calcaires, sur les bords de chemins et les murs dans l’Eragrostion. Elle exige une forte chaleur en été, sa zone préférée est celle des vignobles[7].
L’aire de distribution d’origine est le Nouveau Monde : Amérique du Nord, Amérique centrale et le Nord de l’Amérique du Sud[9].
Conyza canadensis a été introduite en Europe, Russie européenne, du Moyen-Orient à l’Inde, Asie centrale, Chine nord-centrale, Vietnam, Cambodge, Australie, Afrique du Nord, Afrique du Sud, Angola[9].
Conyza canadensis est concurrencée par une autre adventice pionnière Conyza sumatrensis ou Vergerette de Sumatra, originaire d’Amérique du Sud, arrivée plus récemment en Europe que la vergerette du Canada, mais qui connait une expansion est plus rapide notamment en milieu urbain où elle tend à la supplanter.
Les vergerettes de Sumatra et du Canada sont difficiles à distinguer. La vergerette du Canada a sur ses feuilles des poils longs et épars, alors que la vergerette de Sumatra a une pilosité nettement plus dense à la base des feuilles, formées de deux rangées de poils courts et longs[10].
Toutes les parties aériennes de la plante sont comestibles, aromatiques (goût légèrement poivré et piquant, évoquant aussi le poivron[6]), crues ou (brièvement) cuites. Son goût et arôme sont proches de ceux de la Vergerette de Sumatra[6].
Phytoremédiation
Un article publié par Nature en 2021 a montré qu'en cultivant cette plante associée à de l'ail (Allium sativum) on pouvait encore doper sa capacité à bioconcentrer le plomb et le cadmium[11].
↑Raymond Centre suisse de cartographie de la faune, Yves Switzerland et Pierre Pro Natura, Guide des milieux naturels de Suisse / Raymond Delarze, Yves Gonseth, Pierre Galland, Centre suisse de cartographie de la faune ; BUWAL ; Pro Natura ; Delachaux et Niestlé, coll. « La Bibliothèque du naturaliste », (ISBN978-2-603-01083-9)
↑Nathalie Machon (sous la direction de), Sauvage de ma rue, Guide des plantes sauvages des villes de la région parisienne, Diffusion Seuil, Muséum National d’Histoire naturelle, Le Passage édition, , 256 p.
↑Javed Hussain, Xiao Wei, Luo Xue-Gang et Syed Rehmat Ullah Shah, « Garlic (Allium sativum) based interplanting alters the heavy metals absorption and bacterial diversity in neighboring plants », Scientific Reports, vol. 11, no 1, (ISSN2045-2322, PMID33712650, PMCIDPMC7971001, DOI10.1038/s41598-021-85269-4, lire en ligne, consulté le )
↑(en) James Mooney, History, Myths, and Sacred Formulas of the Cherokees, Ravenio Books, , p. 47
Voir aussi
Bibliographie
(en) A. Davis, Karen Renner, Christy Sprague, L. Dyer et D. Mutch, Integrated Weed Management: One Year's Seeding, MSU, 2005.
(en) J.H. Everitt, Robert I. Lonard et Christopher R. Little, Weeds in South Texas and Northern Mexico : A Guide to Identification, Lubbock, Texas Tech University Press, , 222 p. (ISBN978-0-89672-614-7 et 0-89672-614-2, présentation en ligne).