Depuis 1991, il fait partiellement office de frontière entre l'Ukraine et la Moldavie, et, à l'intérieur de celle-ci, entre la zone sous contrôle du gouvernement (rive droite), et la zone sous contrôle russe — (rive gauche). Cependant, certaines communes de la rive gauche (Coșnița, Pîrîta) sont sous contrôle du gouvernement moldave, tandis que la ville de Tighina-Bender (selon ses noms moldave et russe) sur la rive droite est sous contrôle de la république séparatiste de Transnistrie, soutenue par la Russie.
En 1917, pendant le révolution russe, le Dniestr devient une frontière entre la Moldavie qui proclame son indépendance rive droite, et l'Ukraine qui proclame la sienne sur la rive gauche. En 1918 la Moldavie vote son union avec la Roumanie, où l'« office Nansen » est chargé d'accueillir les personnes fuyant la Russie bolchevique qui, sur la rive gauche, transforme la République populaire ukrainienne en une république soviétique et y persécute les Russes blancs, les anciens aristocrates, bourgeois, commerçants (dont un grand nombre de juifs russes), les soi-disant « koulaks » (paysans possédant les lopins de terre et des têtes de bétail), les intellectuels, les indépendantistes ukrainiens, les anarchistes et les paysans affamés, tous indistinctement classés par les autorités soviétiques comme « ennemis de classe et éléments contre-révolutionnaires ». Certains parviennent à passer le Dniestr à la nage ou sur la glace, surtout de nuit, mais bien rares sont ceux qui parviennent à emporter quelque bagage, et beaucoup sont tués, noyés, ou capturés et envoyés au Goulag par les gardes-frontières soviétiques : parmi ceux qui leur échappent, plus d'un est rançonné par les garde-frontière roumains avant de recevoir le « passeport Nansen »[14],[15].
De 1940 à 1941 (pacte Hitler-Staline) et à nouveau de 1944 à 1991, les deux rives du fleuve sont soviétiques et « nettoyées » des réfugiés qui s'y trouvaient encore, ainsi que de tous les Moldaves qui avaient été salariés de l'état roumain ou qui ont été classés comme « koulaks », tous dirigés vers le Goulag[16]. De 1941 à 1944 ce sont les Juifs vivant sur les rives du Dniestr, tous indistinctement accusés d'avoir soutenu les soviétiques par les autorités de la Roumanie devenue fasciste et alliée aux nazis, qui sont exterminés par le régime Antonescu[17], de sorte qu'à l'issue de la seconde Guerre mondiale, les rives du fleuve sont aux trois-quarts dépeuplées tandis que les infrastructures (ponts, gares, pontons, embarcadères) sont ruinées. Progressivement, elle furent repeuplées de Moldaves par l'exode rural depuis les villages alentour, et de Russes et Ukrainiens par la mise en place de l'administration soviétique et des industries. Depuis la seconde indépendance de l'Ukraine et de la Moldavie en 1991, le Dniestr venu des Carpates ukrainiennes devient frontalier entre l'Ukraine et la Moldavie qu'il traverse ensuite, avant de redevenir frontalier plus en aval, et de repasser en Ukraine peu avant de rejoindre la mer Noire au sud-ouest d'Odessa. En 1992, les rives du fleuve sont le théâtre d'un conflit post-soviétique, la guerre du Dniestr, « répétition générale mais limitée » de la guerre russo-ukrainienne qui commencera 22 ans plus tard, en 2014[18],[19].
Géologie
Jusqu'au Pliocène, le Dniestr coulait dans une vaste plaine alluviale très plate où il faisait de larges méandres avant de se verser dans la mer Sarmatique (recouvrant et reliant les actuelles mers Noire, Caspienne et d'Aral). Au début du Pléistocène, le plateau moldo-podolien a commencé à se soulever en raison de la poussée carpatique et le fleuve avec ses méandres s'y est enfoncé par érosion, atteignant le substrat du Crétacé au fond de son canyon. D'où des paysages évoquant ceux de la Moselle en occident.
↑Piero Boccardo, Clario Di Fabio (dir.), Il secolo dei genovesi, ed. Electa, Milan, 1999, 472 p. (ISBN9788843572700)
↑G.I. Brătianu, Recherches sur Vicina et Cetatea-Albă, Univ. de Iaşi, 1935, 39 p.
↑Codex Parisinus latinus in Ph. Lauer, Catalogue des manuscrits latins, p. 95-6, d'après la Bibliothèque nationale Lat. 1623, IX-X, Paris, 1940.
↑Octavian Iliescu, « Contributions à l'histoire des colonies génoises en Roumanie aux XIIIe – XVe siècles », Revue Roumaine d'Histoire n° 28, 1989, p. 25-52.
↑Emmanuel Miller et Joseph Adolphe Aubenas, Revue de bibliographie analytique: ou Compte rendu des ouvrages scientifiques et de haute littérature, volume 1, ed. M. Aurel, 1840 - [1].
↑ a et bEric Schnakenbourg, « Genèse d’un nouveau commerce : la France et l'ouverture du marché russe par la mer Noire dans la seconde moitié du XVIIIe siècle » dans la revue Cahiers de la Méditerranée de 2011 [2]
↑Lidia Miliakova, Le livre des pogroms. Antichambre d'un génocide. Ukraine, Russie, Biélorussie, 1917-1922. Calman-Lévy. 2010. Traduit du russe et préfacé par Nicolas Werth, Patrice Bensimon, Claire Le Foll, Ekaterina Pichougina (ISBN9 782702 141519).
↑Anthony Babel, La Bessarabie, éd. Félix Alcan, Genève et Paris, 1932
↑Nikolaï Féodorovitch Bougaï, Informations des rapports de Béria et de Krouglov à Staline, éd. de l’Acad. de sciences de Moldavie nr. 1, Chișinău, 1991 (Н.Ф. Бугай «Выселение произвести по распоряжению Берии…» О депортации населения из Молдавской ССР в 40-50- е годы – Исторические науки в Молдавии. no 1. Кишинев, 1991. 1.0), Déportation des peuples de Biélorussie, Ukraine et Moldavie, éd. Dittmar Dahlmann et Gerhard Hirschfeld, Essen, Allemagne, 1999, p. 567-581 (Депортация народов из Украины, Белоруссии и Молдавии : Лагеря, принудительный труд и депортация. Германия. Эссен. 1999. 1.3).
↑Raul Hilberg, La destruction des Juifs d'Europe, Gallimard, 2006.
↑« Les secousses du monde post-soviétique » sur France Culture le 10 octobre 2020 - [3].
↑Michel Duclos, Guerre en Ukraine et nouvel ordre du monde, Institut Montaigne / éditions de l'Observatoire, 2023.