En 1337, un chef de clan turc nommé Zayn al-Dîn Qaraja prend Elbistan. Il est le fils de Dulkadir, nom arabisé en Dhu’l-Qadir qui donne son nom à la dynastie. Elbistan est un poste clé à l’entrée de la péninsule anatolienne ce qui confère son importance à cette dynastie. Qaraja est reconnu comme mandataire (nāʾīb[4]) par le sultan mamelouk du fleuveAn-Nâsir Muhammad. Pendant son règne sept sultans mamelouks se succèdent au Caire. Qaraja va tantôt se soumettre aux Mamelouks, tantôt prendre ses distances. Il remporte quelques succès militaires, il prend quelques places fortes aux environs d’Alep. En 1348, il s’attribue le titre de « Malik az-Zâhir[5] »[6]. En 1352, Bay Buga (ou BayBugha) gouverneur d’Alep appointé par les Mamelouks se révolte. Qaraja fait partie de ses alliés, mais devant l’avance d’une armée mamelouke venant d’Égypte, Qaraja trahit Bay Buga et s’enfuit trouver refuge dans un beylicat voisin. Bay Buga et Qaraja sont pris par les Mamelouks[7]. Qaraja est tué au Caire à l’âge de quatre-vingt-trois ans le 11 décembre 1353. Pendant ce règne, les Ottomans connaissent une période de stabilité et d’expansion avec le long règne d’Orhan (1326-1359).
Les successeurs
En 1353, Khalil, fils de Qaraja succède à son père pour un nouveau règne long de 33 ans. L’État ottoman continue de s’étendre en Anatolie sous le règne de Murad Ier (1359-1389). Khalil Bey est tué à l’âge de quatre-vingt-seize ans en 1386[8].
Süli Bey, frère de Khalil lui succède pour un court règne : du 30 mai 1398 jusqu’au 2 septembre 1399.
Il a trois filles : l'aînée se marie avec Rahatoğlu Alaeddin Ali bey de Sivas, la cadette est mariée au cadiBurhaneddin Ahmed et la benjamine (Devlet Hatun) épouse le sultan ottomanBayezid Ier[8] en septièmes noces[9].
En 1399, le fils de Khalil Bey, Mehmed Bey prend la succession pour un règne de 45 ans, jusqu’à sa mort à l’âge de soixante-dix-sept ans en 1443[8]. En 1402, le sultan ottoman Bayezid Ier est vaincu par Tamerlan. Il décède et laisse l’État ottoman dans une situation instable qui dure jusqu’en 1413. Mehmed Bey doit alors se soumettre à l’autorité de Tamerlan. En 1403, Emine, fille de Mehmed Bey, épouse celui qui deviendra, dix ans après, le sultan ottoman Mehmed Ier Çelebi[9]. Une autre de ses filles épouse le sultan mamelouk Sayf ad-Dîn Jaqmaq (Cakmak). Mehmed Bey combat les beylicats voisins les Karamanides et de Ramazanides. En récompense les Mamelouks lui attribuent la ville de Kayseri[6]. Pendant cette période le pouvoir change aussi en Égypte, les mamelouks burjites succèdent aux bahrites.
En 1443, Süleyman Bey, fils aîné de Mehmed Bey accède au pouvoir. Sa fille, la plus belle d’entre elles dit-on[10], Sitt Hatun, épouse le sultan ottoman Mehmed II Fatih[9],[10]. Süleyman Bey est tué en 1454[8]. Il laisse quatre fils rivaux : Melik Arslan, Şahbudak, Şehsuvar et Alaüddevle Bozkurt. Ses autres fils sont morts avant lui[11].
En 1454, l’aîné, Melik Arslan succède à son père. En 1465, il est assassiné par son frère Şahbudak qui a le soutien des Mamelouks[11].
En 1467, Şahbudak est évincé par son autre frère Şehsuvar qui a pour lui le soutien de Mehmet II Fatih[11]. Pour le sultan mamelouk Qaitbay, c’est un casus belli. En 1469, il envoie deux expéditions menées par son atabeg Azbak. Şehsuvar en sort vainqueur, il en profite pour commencer à envahir la Syrie. En 1471, une troisième expédition mamelouke est menée cette fois par Yashbak. Ce dernier va utiliser l’artillerie au cours des sièges. Şehsuvar ne possède que deux canons qu’il n’a pas l’occasion d’utiliser[12]. Yashbak parvient à mettre en déroute les armées de Şehsuvar. En août 1472, Şehsuvar et est pris et ramené au Caire. Le prisonnier est écartelé et ses restes sont suspendus sur la porte Zawiya du Caire.
En 1472, Şahbudak reprend le trône dont il a été écarté en 1467. En 1480, il est renversé lui aussi à l’instigation de Mehmed II. Alaüddevle Bozkurt[13], son frère, le quatrième fils de Süleyman Bey, prend le pouvoir[8].
Fin du beylicat
Le , Selim Ier remporte une victoire sur Alaüddevle Bozkurt, bey des Dulkadir, à la bataille du Mont Turna (Turna Dağ, près d’Elbistan)[14]. Alaüddevle Bozkurt meurt à l’âge de quatre-vingt-sept ans. Ali Bey, fils de Şehsuvar, lui succède. Il était gouverneur de Maraş, et reçoit des Ottomans, le titre de pacha. La principauté de Dulkadir est incorporée à l’empire ottoman[8].
Le , la victoire de Selim Ier sur les Mamelouks à la bataille de Marj Dabiq aux environs d’Alep (Syrie), annonce la fin du beylicat de Dulkadir. Les Mamelouks sont écrasés par la supériorité des armées ottomanes. Le sultan mamelouk Qânsûh al-Ghûri est tué et le califeabbassideal-Mutawakkil III est fait prisonnier. Selim entre dans Alep le . Le jour suivant les prières sont dites en son nom, le déclarant calife.
En 1522, sous le règne du sultanSoliman le Magnifique, `Ali, dernier Bey de la dynastie est exécuté. Néanmoins, jusqu’au XVIIe siècle, certains membres de la famille dulkadiride continuent à jouir de privilèges royaux[1]. Maraş devient le siège du gouverneur de la province nommée Dhu’l-Qadriyya[15] ou Zulkadriyye[2] (eyalet de Dulkadir) jusqu’au milieu du XIXe siècle dans les documents ottomans.
Héritage
Mosquée Ulu dans le château de Kahramanmaraş, construite en 1496, par l’un des fils de Süleyman Bey.
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↑ a et bJanine Sourdel et Dominique Sourdel, Op. cit., « Dulkadirides ou Dhû l-Qâdirides », p. 254-255. On trouve aussi : Dulgadir, Dulghadir; en turc : Dulkadiroğlu ou Dulkadiroğulları, ce nom d’origine incertaine a été arabisé en Dhu’l-Qadir, Dhu’l-Qadr, Dhu’l-Kadr, Zol al-Qadr, Zulkadr, en arabe : ḏū al-qādir, ذو القادر, (celui) qui a le pouvoir (en) Clifford Edmund Bosworth, op.cit. (lire en ligne), « The Dulghadir Oghullari or Dhu’l-Qadrids », p. 238
Janine Sourdel et Dominique Sourdel, Dictionnaire historique de l’islam, PUF, coll. « Quadrige », , 1056 p. (ISBN978-2-13-054536-1), p. 254, article Dulkadirides ou Dhû l-Qâdirides
(en) Franz Babinger, William C. Hickman, Ralph Manheim (trad. Ralph Manheim), Mehmed the Conqueror and His Time, Princeton University Press, , 572 p. (ISBN978-0-691-01078-6, présentation en ligne)
(en) Theoharis Stavrides, The Sultan of Vezirs : The Life and Times of the Ottoman Grand Vezir Mahmud Pasha Angelovic (1453-1474), BRILL, , 449 p. (ISBN978-90-04-12106-5, présentation en ligne)
(en) Martin Sicker, The Islamic World in Ascendancy: From the Arab Conquests to the Siege of Vienna, Greenwood Publishing Group, , 232 p. (ISBN978-0-275-96892-2, présentation en ligne)