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L’entrepreneuriat[2] recouvre les activités qui concourent à la formation et la croissance d'une entreprise, dont la conséquence première est la création de valeur (richesse, emploi).
Comment définir l’entrepreneuriat ?
L’entrepreneuriat, désigne le fait de mener une activité dont on est soi-même l’initiateur, comme le montre son sens étymologique. Le dictionnaire indique des synonymes comme commencer, tenter, s’engager au verbe entreprendre. Trois verbes d’action qui définissent parfaitement le sens véhiculé par ce terme.
Les formes d’entrepreneuriat varient selon le type d’organisation qui est mis en place. Elles recouvrent des réalités très différentes : dirigeants de PME ou de TPE, administrateur de grandes entreprises, fondateurs de start-ups, artisan, agriculteur, profession libérale[3]... Cela peut aussi concerner des formes d'organisation sans but lucratif, par exemple dans l'entrepreneuriat social.
La compréhension que nous avons de l’entrepreneuriat doit beaucoup à l’économiste Joseph Schumpeter ainsi qu’à l’école autrichienne. Pour Schumpeter, un entrepreneur est une personne qui veut et qui est capable de transformer une idée ou une invention en une innovation réussie. L’entrepreneuriat conduit à une « destruction créatrice » dans les marchés et les secteurs de l’économie parce que de nouveaux produits et modèles économiques arrivent et remplacent les anciens. Ainsi, la destruction créatrice est à l’origine du dynamisme industriel et de la croissance à long terme.
Pour Frank Knight (1967) et Peter Drucker (1970), l’entrepreneuriat consiste à prendre des risques. L’entrepreneur est une personne qui est prête à mettre en jeu sa carrière et sa sécurité financière pour mettre en œuvre une idée, à mettre son temps et son capital dans une entreprise risquée.
Une autre définition de l’entrepreneuriat décrit le processus de découverte, d’évaluation et d’exploitation d’occasions. Ainsi, Jeffry Timmons définit l'entrepreneur comme « quelqu’un qui agit non en fonction des ressources qu’il contrôle actuellement, mais qui poursuit inlassablement une occasion »[réf. nécessaire].
En 1985, Peter Drucker révise sa position, l'entrepreneuriat intelligent consiste à ne pas prendre de risques[réf. nécessaire].
Gifford Pinchot III(en) (1985) introduit le terme d'Intrapreneuring (transposé en « intrapreneuriat » en français) pour décrire les activités entrepreneuriales au sein même d’une grande organisation[4],[5].
Pour Verstraete et Fayolle (2005), quatre paradigmes permettent de cerner le domaine de recherche en entrepreneuriat : la création d'une organisation (non réduite à la seule création d'entreprise, les expressions « émergence organisationnelle » ou « impulsion d'une organisation » étant plus appropriées), la détection-construction- exploitation d'une occasion d'affaires, la création de valeur, l'innovation. Ces paradigmes peuvent se combiner, plutôt que s'opposer.
Ces deux auteurs proposent les définitions suivantes :
« Entrepreneuriat : Initiative portée par un individu (ou plusieurs individus s’associant pour l’occasion) construisant ou saisissant une occasion d’affaires (du moins ce qui est apprécié ou évalué comme tel), dont le profit n’est pas forcément d’ordre pécuniaire, par l’impulsion d’une organisation pouvant faire naître une ou plusieurs entités, et créant de la valeur nouvelle (plus forte dans le cas d’une innovation) pour des parties prenantes auxquelles le projet s’adresse. » (p.44).
Paturel (2007) propose une définition syncrétique de l’entrepreneuriat :
Celui-ci « est, à partir d’une idée, l’exploitation d’une opportunité dans le cadre d’une organisation impulsée, créée de toutes pièces ou reprise dans un premier temps, puis développée ensuite, par une personne physique seule ou en équipe qui subit un changement important dans sa vie, selon un processus qui aboutit à la création d’une valeur nouvelle ou à l’économie de gaspillage de valeur existante ».
Dans cette perspective, l’entrepreneuriat est indissociable de l’approche projet.
Caractéristiques
Il y a un leader, l’entrepreneur, qui est la force motrice à l’origine des faits économiques.
Dans l’esprit de cet entrepreneur il y a une vision de l’avenir qui est préférable à celle de l’état présent.
Tout au long d’un processus partiellement conscientisé d’intuitions et de perspicacité qui trouvent leurs racines dans l’expérience, l’entrepreneur développe une vision ainsi qu’une stratégie afin de la mettre en pratique
Cette vision est mise en œuvre rapidement et avec enthousiasme par l’entrepreneur. Le travail réalisé peut procurer le sentiment de vivre pleinement ou la satisfaction de rendre service à la société.
Quelques formes de l'entrepreneuriat
La création ex nihilo, l’essaimage, la franchise, la reprise d’entreprise et l’intrapreneuriat sont les formes les plus courantes de l’entrepreneuriat.
Création ex nihilo
L’expression création ex nihilo signifie création à partir de rien. Il s’agit de la création par un individu ou un groupe (salarié, chômeur...) d'une entreprise indépendante exerçant une activité nouvelle[6]. D’après cet auteur, le terme création ex nihilo permet de souligner l’indépendance de la jeune entreprise, le fait que l’initiative est celle de l’entrepreneur, qu’il y a bien quelque chose de nouveau et non la simple continuation d’une activité existante.
Essaimage
L’essaimage est un processus qui se manifeste lorsqu'un employé entreprend de créer sa propre structure ou de reprendre une entité existante, indépendante de l'entreprise essaimante, en bénéficiant de la part de cette dernière qu'il quitte, de diverses formes d'appui et d'accompagnement, afin de limiter les risques d'échec[7].
Intrapreneuriat
L’intrapreneuriat est le processus par lequel un individu ou un groupe d'individus, en association avec une organisation existante, crée une nouvelle organisation ou incite au renouvellement ou à l'innovation au sein de cette organisation[8].
Classiquement l'entrepreneur s'engage dans des activités lucratives et devient chef d'entreprise.
Depuis quelques décennies une nouvelle catégorie d'entrepreneurs dispose d'une visibilité grandissante, les entrepreneurs sociaux. Les entreprises qu'ils créent n'ont pas une finalité lucrative seulement, mais aussi sociale : il s'agit de répondre à des besoins sociaux peu ou pas couverts par le marché. Citons à titre d'exemple Muhammad Yunus, fondateur du système du micro-crédit et de la banque Grameen, Florence Nightingale, pionnière des soins infirmiers modernes, Maria Montessori qui a créé une école fondée sur une nouvelle approche des besoins pédagogiques.
Cette nouvelle forme d’entrepreneuriat connait un regain d’intérêt dans un contexte de crise tant économique que sociale. En 2012, l’économie dite « sociales et solidaire » représente en France 10,3 % de l’emploi et 14 % de l’emploi privé.[réf. nécessaire]
Entrepreneuriat féminin
L'entrepreneuriat féminin s'intéresse à un profil spécifique d'entrepreneurs, celui des femmes. Comme la définit Dina Lavoie (1988), une entrepreneure ou entrepreneuse est celle « qui, seule ou avec un ou des partenaire(s), a fondé, acheté ou accepté en héritage une entreprise, qui assume tous les risques et responsabilités financières, administratives et sociales et qui participe quotidiennement à sa gestion courante »[9]. Le premier article académique sur les entrepreneures était celui de Schwaetz en 1976[10].
En France
Certaines informations figurant dans cet article ou cette section devraient être mieux reliées aux sources mentionnées dans les sections « Bibliographie », « Sources » ou « Liens externes » ().
En France, les femmes représentent 33,5% des entrepreneurs en 2022 contre 32,3% en 2021[11]. Cette proportion varie suivant les régions françaises : la Bretagne a la plus forte proportion de femmes entrepreneures (36,9%) en France métropolitaine, suivie de la Corse (36,7%) et de la Normandie (36,2%)[11].
En 2010, le pourcentage de femmes créant ou reprenant des entreprises est de 32%, un pourcentage en augmentation de plus de 6 points par rapport à 2002[12]. Depuis 2015, la part des femmes parmi les créateurs d'entreprises reste stable aux alentours de 41%[13].
La proportion de femmes dans l'entrepreneuriat varie suivant les statuts juridiques des entreprises créées. En 2022, la proportion est la plus forte pour les sociétés civiles et les sociétés civiles immobilières, avec un pourcentage supérieur à 40%. Par contre ce taux est inférieurs pour les entreprises individuelles (32%), les SARL (27%) ou les SAS (23%)[11].
Politique d'accompagnement de l'entrepreneuriat féminin
L’État français lance en août 2013 un Plan pour l’entrepreneuriat féminin qui vise à encourager et valoriser les actions de développement économique des femmes à travers leur propre entreprise et les inciter à se créer leur emploi générateur d’une autonomie financière.
Il s’agit également d’un enjeu majeur de l’égalité entre les femmes et les hommes. Le plan est né d’une collaboration des ministères des droits des femmes, de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche, du Ministère délégué chargé des petites et moyennes entreprises (PME), celui de l'innovation et du Ministère de l'économie numérique.
En 2015, le Ministère des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes annonçait l’objectif d’atteindre, en deux ans, une augmentation de 10 % de femmes créatrices d’entreprises.[Passage à actualiser]
Trois axes ont été abordés dans le plan :
la sensibilisation et l'information : la promotion de l'entrepreneuriat féminin pourrait commencer dès le plus jeune âge. Ainsi, chaque année, une semaine de sensibilisation à l'entrepreneuriat féminin est organisée dans les établissements scolaires et de l'enseignement supérieur. En 2014, un site en ligne a été ouvert pour diffuser des informations sur l’ensemble des dispositifs accessibles pour aider les créatrices d’entreprise ;
l’accompagnement des créatrices d’entreprise : des actions sont menées selon les besoins territoriaux pour accueillir et soutenir les entrepreneures, les former et encourager des créations d’entreprises en milieu rural ;
l’accès au financement : une meilleure visibilité et plus de moyens sont donnés au fonds de garantie à l'initiative des femmes (FGIF) pour aider les entrepreneures à créer leur société[14],[15],[16].
En France, plusieurs programmes et réseaux (généraux ou spécifiques) d'aide aux entrepreneures ont été mis en place[18].
Les réseaux d'affaires spécifiques aux femmes se développent, passant en dix ans, de 200 à 500. Ils ont pour objectif de créer un environnement favorable à la création d'entreprises par des femmes[19] :
services financiers : Femmes Business Angels créé en 2003 et France Active crée en 1998 ;
services non financiers: Action'elles (crée en 1994 à Lyon), Business and Professional Women (1930), Diversitelles (2008), Enovatrices (2012), Association des Femmes Chefs d'Entreprises (1945), Fédération Pionnières (2008), Association Femmes Entrepreneurs (2011), Les Femmes de l'économie (2010), Femmes Entrepreneurs (2011), Force Femmes (2005), Génération Femmes d'Influence (2010), Mampreneurs (2009), Programmes de l'Essec (2008), Racines- CLEFE (1989), Women Business Mentoring Initiative (2010), etc.
Aides à l'entrepreneuriat en France
Dans le but de favoriser la création d'entreprise en France, plusieurs solutions sont disponibles pour accompagner les jeunes créateurs d'entreprises et stimuler l'économie[20] :
Mise en place dans le cadre du dispositif Pepite, du statut étudiant-entrepreneur et du diplôme étudiant-entrepreneur[21] ;
Prêts d'aide à la création d'entreprise (PCE) (à taux zéro, facilités de remboursement).
Aide financière de Pole Emploi pour les demandeurs d'emploi créateurs d'entreprise[22].
La création des réseaux financiers/non financiers d'aide aux entrepreneurs :
Réseaux d'accompagnement financiers : CCI Entreprendre en France, Initiative France, Maisons des Entrepreneurs, Paris Initiative Entreprise (PIE), Association pour le droit à l'initiative économique (ADIE), Financités/Planet Finance France ;
Réseaux d'accompagnement non financiers : Agence France Entrepreneur, BGE Réseau, Cédants et Repreneurs d'Affaires (CRA), Re-Créer, Réseau Entreprendre, Union des Couveuses d'Entreprises ;
Création du portage entrepreneurial, organisation de travail innovante qui permet à tout professionnel d'obtenir le statut d'indépendant porté et d’être accompagné.
Formations
Pour favoriser la mise en emploi des jeunes, de nombreuses écoles de commerce axent leurs formations sur l'entrepreneuriat pour accompagner les étudiants dans leur projet de création d'entreprise via un cursus spécialisé ou des incubateurs pour la partie plus pratique à l'exemple de certaines disposant d'un cursus incubateur afin de développer cette idée entrepreneuriat chez les élèves, les écoles telles que, l'EDC, première école de commerce en entrepreneuriat selon le classement Le Point en 2018, l'EM Lyon, de l'ISC Paris, de l'IFAG, de l'ISCOM avec son parcours créateur d'entreprise, de l'EM Strasbourg avec son Bachelor Jeune Entrepreneur et de IAE avec le Master MAE Management Administration des Entreprises ou encore des écoles d'ingénieurs comme Télécom ParisTech, Mines ParisTech, Institut d'optique Graduate School Paristech et, plus récemment, l'INSEEC Paris qui met en place deux mois d'immersion complète dans un incubateur situé à San Francisco, Californie.
Historiquement, les premiers établissements d'enseignement supérieur à avoir formé des entrepreneurs étaient les écoles d'ingénieurs au dix-neuvième siècle, notamment les instituts polytechniques[23]. Les écoles de commerce françaises n’ont commencé à former des entrepreneurs qu’à partir des années 1970, d’abord avec quelques cours spécialisés avant d’ouvrir des mastères spécialisés en entrepreneuriat dans les années 1990[24]. Certaines écoles de commerce françaises ont même construit une identité organisationnelle entrepreneuriale depuis les années 1990[25].
↑Pierre-Marie Chauvin, Michel Grossetti et Pierre-Paul Zalio, Dictionnaire sociologique de l’entrepreneuriat, Paris, Presses de Sciences Po, , 640 p. (ISBN978-2-7246-1640-8), p. 288
↑(en) Jennifer E. Jennings et Candida G. Brush, « Research on Women Entrepreneurs: Challenges to (and from) the Broader Entrepreneurship Literature? », The Academy of Management Annals, vol. 7, no 1, , p. 663–715 (ISSN1941-6520 et 1941-6067)
↑Marie Claire Capobianco et Martine Liautaud, Entreprendre au Féminin Mode d'emploi, Paris, Groupe Eyrolles, , 173 p. (ISBN978-2-212-56128-9, lire en ligne).
Bruyat, C. (1993). Création d'entreprise: contributions épistémologiques et modélisation (Doctoral dissertation, Université Pierre Mendès-France-Grenoble II).
Camille Carrier et Colette Fourcade, Entreprenariat et stratégie des PME Recueil de cas, Presses de l'université du Québec, 1998, Sainte-Foi (Québec), (ISBN2-7605-1018-2).
Daval, H. (2001). Des processus d’essaimage différenciés: l’analyse des logiques des firmes essaimantes, 10e conférence de l’AIMS.
Kombate, K. (2018, June). Impacts de l'orientation entrepreneuriale sur la performance-export des PME Togolaises à vocation internationale. Université du Littoral Côte d'Opale.
Louis Jacques Filion, « Le champ de l'entrepreneuriat : historique, évolution, tendances », Revue internationale P.M.E, vol. 10, , p. 33 (lire en ligne)
Sharma, P. et Chrisman, J.J. (1999); « Toward a reconciliation of the definitional issues in the field of corporate entrepreneurship » Entrepreneurship Theory and Practice, vol 23, n°2, p. 11-27
COSME, Competitiveness for Small and Medium Enterprises, programme européen visant à promouvoir l'entrepreneuriat et à améliorer l'environnement des PME.