Son château typique de plaine, élevé dans la vallée marécageuse qui borne au nord la forêt de Thiérache, commandait la «trouée» de l'Oise. Il est détruit le par Guillaume le Taciturne[3], pour que les Français d’Henri II ne l’occupent pas. En partie ruiné, le château n’est abandonné définitivement qu'en 1659, quand la ligne de défense des Pays-Bas est reportée sur la Sambre par le gouvernement espagnol.
Charles-Joseph de Ligne, militaire, diplomate et grand mémorialiste de son temps, avait obtenu en 1770 de l'Empereur Joseph II l'érection de sa terre de Fagnolle en principauté d'Empire. Il en profite pour faire battre monnaie à son effigie, un ducat d'Allemagne portant au droit le buste du prince avec la légende : CAROLUS P.S.I.R. De Linea. C. Fagnolensis, soit Charles - Prince du Saint Empire Romain - de Ligne, comte de Fagnolle. À l'avers, figure l'écusson de Ligne sur un manteau ducal entouré du collier de la Toison d'Or[4].
Occupé par la France en 1792[5], le comté de Fagnolle est alors englobé dans le département des Ardennes. À la mi-, estimant que « le bonheur des Liégeois dépend de leur réunion à la juste et loyale République française, les administrateurs municipaux de Couvin convoquent les habitants de leur ressort pour acquiescer à ce projet » mais « Faginolle », ci-devant terre neutre du prince de Ligne ne veut pas « opérer ». Il n’empêche que le village est incorporé dans un des dix cantons municipaux du district de Couvin, celui de Nismes qui comprend les deux Dourbes, Fagnolle ou Ligne, et Olloy[6]. Fagnolle reste française en 1814 et fait encore partie du département des Ardennes.
Au début de la Première Guerre mondiale, durant la retraite de la Ve Armée française de Lanrezac, le , une tranchée, creusée dans le haut du village, retarde l’avance de l’ennemi. Cinq soldats français sont tués par un shrapnel tombé à quelques mètres derrière eux. Un monument est par la suite érigé en leur honneur (prisme de 2 m de hauteur, surmonté d’un pyramidion) à l’endroit où ils ont perdu la vie, au sud du village, près du lieu-dit la Sentinelle[8].
Patrimoine
Proche du village se trouve l'ancien château de Fagnolle ainsi que deux éléments calcareux naturels interprétés comme étant une pierre aux sacrifices et un cromlech néolithiques[9].
Le village est principalement pourvu de maisons de calcaire majoritairement des XVIIIe et XIXe siècles. On y trouve notamment l'église Saint-Martin, église du XVIe siècle remaniée au XVIIIe siècle[10], le lavoir[11], l'ancienne maison du bailli et ancien presbytère[12], l'ancien hôpital Saint-Jean-Baptiste[13], la maison Bastien, une maison à l'origine de style mosan transformée au XIXe siècle[14] et l'un des deux moulins à eau qui étaient alimentés par le Ri de Fagnolle, en ruine depuis 1930[15].
Camille Bourgault, « Le Château-fort de Fagnolle », Revue d'histoire et de folklore Le Guetteur Wallon, Namur, , p. 1-44
Adrienne Stengers-Limet, Une fiscalité particulière dans les anciens Pays-Bas: Les terres franches, t. 84, Kortrijk-Heule, UGA, coll. « Anciens Pays et Assemblées d'États », , 516 p. (ISBN9067681261)