Il exerce comme psychologue clinicien (1985-2000) dans une consultation de l’Aide sociale à l'enfance, expérience qu'il théorise dans des travaux concernant la « clinique de l’exil », en opposition à l’approche culturaliste. Il développe également des recherches sur la santé des migrants et leur rapport à la médecine moderne.
Il exerce également comme psychanalyste à partir de 1987.
Formation et parcours universitaires
Il soutient en 1999, à l'université Paris-XIII, une thèse de doctorat en psychologie, intitulée « Fictions des origines en islam », sous la direction de Philippe Lévy[5] et devient maître de conférences à l’université Paris-VII, en 2000. Il soutient en 2003 une habilitation à diriger des recherches intitulée « Géopsychanalyse du sujet »[6], sous la direction de Danièle Brun, puis il est nommé professeur de psychopathologie clinique à l'université Paris-Diderot, en 2004[7]. Il dirige l'UFR d'Études psychanalytiques de cette université de 2011 à 2019[8]. Il a également dirigé l'équipe de recherche Subjectivité et globalisation de l'équipe d'accueil Centre de recherche psychanalyse, médecine et société (CRPMS).
En 2010, à l'université Paris-Diderot, il prend la direction de l'Institut de la Pensée contemporaine qui promouvait des recherches disciplinaires notamment entre philosophie, biologie, psychanalyse et droit et contribue à en changer le nom en Institut des humanités de Paris.
Axes de recherches et activités éditoriales
Fethi Benslama s'intéresse au fait religieux et à ses manifestations radicales dans une orientation psychanalytique et consacre ses recherches aux liens entre psychanalyse, migration, médecine ou encore religion. Il s'intéresse particulièrement à l'islam et à sa relation avec l'islamisme[9], et publie notamment La psychanalyse à l'épreuve de l'islam (2002) et Déclaration d'insoumission à l'usage des musulmans et de ceux qui ne le sont pas (2005). Il publie notamment, en 1988 La nuit brisée, ouvrage consacré à une approche de l'énonciation islamique. En réaction à la fatwa qui touche Salman Rushdie en 1989, il publie en 1994 un essai intitulé Une Fiction troublante, qui étudie l'ouvrage qui a provoqué la mise en cause de Rushdie, Les Versets sataniques. Une défense du « droit à la littérature » renouvelée après la tentative d'assassinat de l'auteur en 2022 dans un texte court, Le sacrifice de Rushdie (2023).
Il fonde les Cahiers Intersignes, revue transculturelle et transdisciplinaire, publiée de 1990 à 2003.
En 2004, il participe à la fondation du Manifeste des libertés et publie Déclaration d’insoumission à l’usage des musulmans et de ceux qui ne le sont pas (2005). Il préside l’Association Jenny Aubry dont les établissements s’occupent d’enfants en souffrance psychique, séparés de leurs parents et qui ont besoin de trouver une famille d'accueil.
Accusations
Mediapart évoque une enquête ouverte à l’université Paris-Diderot en décembre 2018 à l'encontre de Fethi Benslama, accusé « par plusieurs femmes de comportements inappropriés, parfois qualifiés de harcèlement sexuel ». Celui-ci estime, selon la même source, qu'une enquête « permettra de mettre un terme à la campagne calomnieuse et diffamatoire » qu'il subit et affirme qu'il n'a « jamais commis le moindre délit »[10].
En octobre 2020, le procureur de la Républiqueclasse l'affaire sans suite pour infraction insuffisamment caractérisée[11]. Selon Mediapart, une enquête menée par l'Inspection générale de l'Éducation, du sport et de la recherche« dans une ambiance extrêmement tendue, qui voit deux clans entre pro et anti-Benslama se déchirer », aboutit à un rapport au cours de l'automne 2019, lequel n'est pas rendu public. Fethi Benslama a dans l'intervalle pris sa retraite, peu après avoir été suspendu de l'université à titre conservatoire à l'été 2019[11].
Selon Le Monde, ces événements s'insèrent dans le cadre d'une lutte de pouvoir entre François Villa (lui aussi visé, à plusieurs reprises, par des accusations de harcèlement sexuel) et Fethi Benslama pour diriger Paris-VII, commencée en 2011[12].
La Psychanalyse à l'épreuve de l'Islam, Paris, Flammarion, coll. « Champs sciences humaines », format Poche, 2004 (ISBN2-08-080092-2) & Aubier Montaigne, coll. « La psychanalyse prise au mot », 2002 (ISBN2-7007-2426-7)
Le Malaise adolescent dans la culture, avec Michel Cresta, Christiane Balasc, Fernando Geberovich, CampagnePremière, 2005 (ISBN2-915789-18-5)
Déclaration d'insoumission : À l'usage des musulmans et de ceux qui ne le sont pas, Flammarion, coll. « Divers sciences », 2005 (ISBN2-08-210524-5)
« La contestation identitaire » dans L’école face à l’obscurantisme religieux, Max Milo, Paris, 2006 (ISBN2-914388-94-2)
Soudain la révolution ! De la Tunisie au monde arabe : la signification d'un soulèvement, Paris, Denoël, 2011 (ISBN978-2-207-11152-9)
La Guerre des subjectivités en Islam, Fécamp, Nouvelles Éditions Lignes, 2014 (ISBN978-2-355-26128-2)
La Virilité en Islam, en codirection avec Nadia Tazi, éd. de l'Aube, coll. « L'Aube poche essai », format Poche, rééd. 2004 (ISBN2-7526-0015-1) (coll. « Cahiers Intersignes », 1998 (ISBN2-87678-404-1))
L'Idéal et la cruauté, subjectivité et politique de la radicalisation, Fécamp, France, Nouvelles Éditions Lignes, 2015
États de la radicalisation, Le Genre humain, no 61, Paris, Le Seuil, 2019
Articles et chapitres
L’ère des craintes, in Gisèle Chaboudez et Claire Gillie, Actualité de la psychanalyse, p. 131-133, Erès, 2014 (ISBN9782749242729).
Le sexuel monothéiste et sa traduction scientifique, in Bertrand Piret & Jalil Bennani (dir.) Désirs et sexualités. D’une culture à l’autre, d’une langue à l’autre, p. 119-127, Erès, coll. « Arcanes », 2012 (ISBN9782749216003).
Le corps en islam, in Michela Marzano (dir.), Dictionnaire du corps, PUF, 2007 (ISBN978-2-13-055058-7)
De la responsabilité de l’annonce, Études freudiennes, Paris, 2005.
↑Cf. Soren Seelow, Entretien avec Fethi Benslama, « Pour les désespérés, l’islamisme radical est un produit excitant », Le Monde, 12 novembre 2015, en ligne.
↑Lenaïg Bredoux, « Un ponte de la psychanalyse visé par une enquête pour violences sexuelles », Mediapart, (lire en ligne)
↑ a et bLenaïg Bredoux, « Violences sexistes: à l’université, pas de sanction mais beaucoup de confusion », Mediapart, (lire en ligne).
↑Louis Chahuneau, « Une guerre de clans déchire le prestigieux département d’études psychanalytiques de l’université Paris-VII », Le Monde, (lire en ligne).
↑[entretien] Weronika Zarachowicz, « De l'islamisme au surmusulman : quand la psychanalyse se penche sur les parcours sacrificiels », Télérama, (lire en ligne, consulté le ).