Florence Gould est la fille de Maximilien Lacaze, un éditeur d'origine française ayant fait fortune en Californie. À l'origine, elle se destinait à une carrière de chanteuse d'opéra. Elle épousa en 1923 Frank Jay Gould (1877-1956), d'une richissime famille américaine.
Elle est célèbre pour avoir tenu durant plusieurs décennies à l'hôtel Meurice à Paris, dans sa demeure au 129, avenue de Malakoff, dans sa villa La Vigie à Juan-les-Pins et ensuite dans sa villa Le Patio à Cannes, un salon où étaient reçues de nombreuses personnalités des milieux littéraires et artistiques[2].
Pendant l'Occupation allemande, au cours de la Seconde Guerre mondiale, Florence Gould, toujours citoyenne américaine, a maintenu son salon du jeudi, recevant des lettrés français et des Allemands francophiles. Parmi les premiers Marcel Jouhandeau, Jean Paulhan et Paul Léautaud, et parmi les seconds le capitaine écrivain Ernst Jünger, qui passait souvent du temps avec Céline (qui lui faisait une très mauvaise impression)[3], Gerhard Heller qui selon certains aurait servi de modèle à Vercors dans son Silence de la mer et Ludwig Vogel, pilote de la Luftwaffe et espion américain. Selon Herbert R. Lottman[4], « il y avait toujours foule chez Florence Gould ». La mécène américaine finançait en outre, sous le manteau, une collection de livres dont un titre de Jouhandeau. Florence Gould poursuivit ses activités après la Libération. Dans son salon se nouaient souvent les liens qui influençaient les élections à l'Académie française[réf. nécessaire].
Une semaine après la Libération, Gould continue ses salons, alors que ses amis allemands quittent Paris[5]. Elle est désignée comme une « collabo »[6] ou encore une des deux « reines collabos » (l'autre étant Marie-Louise Bousquet)[7],[8].
Roger Peyrefitte, dans ses carnets de souvenirs, a beaucoup écrit à son sujet, en particulier sur ses déjeuners à l'hôtel Meurice. Volontiers caustique, il y critique la qualité médiocre de la nourriture qu'elle y offre et l'avarice de l'hôtesse. Les Journaux littéraires de Paul Léautaud et de Matthieu Galey, autres convives réguliers, informent également, sur un ton toutefois moins acide.
Fondatrice de plusieurs prix, dont les prix Roger Nimier pour la littérature et Max Jacob pour la poésie, elle lègue son immense fortune à la fondation qui porte son nom et qui contribue au renforcement des liens culturels entre les États-Unis et la France. La vente de ses collections rassemblée pendant plus de 30 ans dans sa villa Le Patio à Cannes (tableaux, mobiliers, bijoux…) bat des records d'enchères en 1985.
En 2003, la Fondation Florence Gould distribua pour 14 millions de dollars en soutiens à différentes institutions et œuvres.
Ernst Jünger (trad. Henri Plard), Orages d'acier : journal de guerre [« In Stahlgewittern »], Paris, Christian Bourgois, , 475 p. (ISBN978-2-267-00281-2).
Paul Léautaud, Journal littéraire, Paris, Mercure de France, 1954-1966, 19 volumes (OCLC4553423).
Roger Peyrefitte, Propos secrets, vol. 2, Paris, Albin Michel, , 345 p. (ISBN978-2-226-00978-4).
(en) Frederic Spotts, The Shameful peace : how french artists and intellectuals survived the nazi occupation, New Haven (Connecticut), Londres, Yale University Press, , 283 p. (ISBN978-0-300-13290-8).