Dans la classification du WWF, le plateau de l'Ennedi et les hautes terres du Ouaddaï au Tchad, avec le petit massif du Djebel Marra au Soudan, constituent une écorégion discontinue. Ces massifs abrupts formés de grès ou de roche volcanique, coupés par des gorges ou des lacs de cratère, se dressent au-dessus des vastes étendues arides du désert. Les extraordinaires paysages rocheux de l'Ennedi lui ont valu d'être classé au patrimoine mondial de l'UNESCO en 2016. Le Djebel Marra, d'origine volcanique, culmine à plus de 3 000 m ; son cratère effondré est occupé par deux lacs[1].
Les précipitations, supérieures à celles des pénéplaines environnantes, constituent une exception dans le climat du Sahara et entretiennent une vie végétale et animale relativement abondante, rappelant les conditions qui régnaient il y a 10 000 ans pendant l'optimum climatique de l'Holocène. Les températures moyennes oscillent entre 20°C et 30°C à Iriba (Tchad), à 1 000 m d'altitude, avec 226 mm de précipitations mais les pluies atteignent 1 000 mm par an au sommet du Djebel Marra. La saison des pluies se situe entre avril et septembre[1]. Par contraste, le bourg de Fada, en bordure de l'Ennedi, avait une pluviosité moyenne de 71,7 mm entre 1935 et 1949 ; il se situe à la limite extrême de la mousson tropicale d'été avec de fortes variations interannuelles[2].
Le Djebel Marra a une petite population agricole cultivant des palmeraies[5].
Dans le massif de l'Ouaddaï, les précipitations élevées permettent une végétation de savane arborée ou boisée comprenant les bouleaux d'Afrique, combrétacées, Tamarindus indica, Senegalia mellifera, S. Laeta, S. Senegal, Balanites aegyptiaca, Dalbergia melanoxylon. Le versant ouest, constitué de regs au sol lessivé, n'a qu'une végétation très pauvre qui se réduit encore sur le versant nord tandis que le versant sud abrite quelques îlots de végétation soudano-sahélienne à Andropogonées[6].
L'existence de rares plans d'eau permanents a permis la persistance de populations reliques depuis une époque où ils étaient reliés par des bassins fluviaux traversant le Sahara. Une dizaine d'espèces aquatiques sont communes au Tibesti et à l'Ennedi dont Barbus macrops(en), deux espèces du genre Labeo, deux Cichlidae et le Poisson-chat africain[7].
↑Jean-René Durand et Christian Lévêque, Flore et faune aquatiques de l'Afrique sahelo-soudanienne, Institut de recherche pour le développement, 1981, p. 761 [1]
Bibliographie
Jean-Pierre Lebrun, Introduction à la flore d'Afrique, CIRAD, 2001 [2]
Rodolphe Spichiger, « Végétations sèches des ceintures sahéliennes et soudaniennes du Sénégal à Djibouti » in Abdoulaye Dia et Robin Duponnois, Le projet majeur africain de la Grande Muraille Verte : concepts et mise en œuvre, IRD Éditions, Institut de Recherche pour le Développement, 2013 [3]