René Serpette de Bersaucourt (d) Maurice Serpette (d) Albert de Bersaucourt (d) Félix Thomas (oncle) Guy Serpette de Bersaucourt (d) Raoul du Gardier (neveu)
Fils de l'armateur et industriel nantais Henri Charles Serpette (1821-1887)[2],[3] et d'Amélie Thomas[4], Gaston Serpette est élève au lycée externat des Enfants-Nantais, où il fut le condisciple de Waldeck-Rousseau, et commença par faire ses études de droit et fut reçu licencié, mais avant de se tourner, la vocation musicale étant la plus forte, vers la musique[5]. Il entre en 1868 au Conservatoire de Paris dans la classe de composition d’Ambroise Thomas et d’harmonie de Jules Duprato puis obtient, en 1871, le prix de Rome avec une cantate intitulée Jeanne d’Arc[6], sur un livret de Jules Barbier, qui est jouée à l’Opéra de Paris en novembre de la même année. Cependant, il s’intéresse déjà au genre « léger » et profite de son séjour à la villa Médicis pour composer une opérette, ce qui n’est pas « sans causer le désespoir des membres de l’Institut [des Beaux-Arts] », certains l’accusant d’avoir « mal tourné »[6].
De retour à Paris, il persiste dans cette veine et fait représenter en aux Bouffes-Parisiens (le théâtre créé par Jacques Offenbach), un opéra-bouffe en trois actes, sur un livret d'Adolphe Jaime et Jules Noriac : La Branche cassée. Adapté très librement en anglais pour l'Opéra-Comique de Londres par Richard D'Oyly Carte, elle y remporte un certain succès en , bien que le critique du Morning Post note qu'étant donné les nombreux ajouts à la partition, « à peine la moitié des numéros sont de la plume du compositeur » et que la musique, « bien que pas particulièrement originale, est au-dessus de la médiocrité ambiante et surpasse de loin ce que l'on a l'habitude d'entendre dans les opéras-bouffes[7] ». Cette pratique suscitera d'ailleurs une polémique par voie de presse en 1892 entre Serpette et le compositeur anglais Edward Solomon, ce dernier déplorant le « saccage » des partitions des opérettes françaises lors de leur adaptation en anglais. Ce à quoi Serpette, pragmatique, répond qu'étant donné la différence entre les publics français et anglais, le meilleur choix est encore de laisser les connaisseurs du West End adapter les œuvres au goût de celui-ci[8].
S'ensuivent Le Manoir de Pic-Tordu (1875), Le Moulin du Vert-Galant (1876) et La Petite Muette (1877), première œuvre du compositeur à être représentée à New York… mais seulement pour 5 représentations. La pièce connaît le même échec à Londres en raison d'un sujet défini par le journal The Era(en) comme trop scabreux pour un public anglophone[9]. Le Carnet du diable (1895) fera à son tour l'objet d'un article intitulé « Indécence à Paris[10] ».
En revanche, le public parisien, extrêmement friand de ce même répertoire, assure le succès des opérettes du compositeur. Créées aux Variétés, à la Renaissance ou aux Nouveautés, elles comptent parmi leurs librettistes des dramaturges aussi respectés qu'Henri Meilhac, Eugène Leterrier, Albert Vanloo, Paul Ferrier, Robert de Flers et le jeune Georges Feydeau. De même, en Angleterre, La Demoiselle du téléphone (1896) remporte beaucoup plus de succès que les adaptations précédentes, tournant à travers le pays durant trois ans sous le titre The Telephone Girl avec une musique additionnelle de J. M. Glover(en)[11], tout comme Cuvée réservée 1810, créé sur un livret en anglais en 1903.
Malgré cela, le critique anglais Andrew Lamb estime que « Serpette était destiné à rester, avec Varney, Vasseur, Roger et Lacome, dans l'ombre de compositeurs tels que Planquette, Audran et, plus tard, Messager[12] ». Par son métier et son charisme, il est considéré comme « le plus fantaisiste des Parisiens et le plus Parisien des fantaisistes[13] ».
Il est fait chevalier dans l'ordre de la Légion d'honneur en 1898. Après avoir travaillé comme chef d'orchestre à Londres notamment au Palace Theatre of Varieties[14], il s'installe à Alger où il a acheté des vignobles[6], mais continue à fréquenter Paris pour créer ses œuvres. Lors d’un de ses voyages en mer entre Alger et Marseille, une violente vague anormale l’ayant renversé et lui ayant cassé la jambe, il boitera pour le restant de ses jours[15].
Serpette était souffrant depuis plusieurs années, mais il continuait son œuvre grâce au ressort de sa volonté. Il venait s’applaudir du succès de Monsieur de La Palisse[16], auquel il n’était pas étranger. La veille de son anniversaire, le jeudi , vers cinq heures, Paul Ferrier, qui était son voisin, voulut lui rendre visite, et trouva la domestique en pleurs : elle avait trouvé son maitre étendu sur une chaise longue, mort subitement d’une embolie au cœur[17]. Ses obsèques célébrées à l’église de la Trinité ont rassemblé le « tout-Paris »[6]. Il est inhumé au cimetière de Sainte-Marie-sur-Mer[18],[19].
Réception
« Gaston Serpette était très aimé, non seulement à Nantes, mais à Paris et à Londres, où il faisait de longs séjours, Il était doué d’une verve extraordinaire et était célèbre par la finesse de ses réparties[5]. »
↑ abc et dDominique Boulay, Musica, novembre 1904, cité sur Musica et Memoria
↑(en) « Opera Comique », The Morning Post, 24 août 1874, p. 6.
↑(en) « Musical Notes », The Pall Mall Gazette, 24 décembre 1892.
↑(en) « The Drama in Paris », The Era, 14 octobre 1877, p. 13 : « not even the most elaborate circumlocution would enable me to steer clear of offending the modesty of your fair readers were I to recite the incident on which the plot turns. »
Émilien Maillard, Nantes et le département au XIXe siècle : littérateurs, savants, musiciens, & hommes distingués, Nantes, Vier, , 376 p., Gr. in-8° (OCLC253740152, lire en ligne), p. 204-5.
Bibliographie
Frédéric Robert et Joël-Marie Fauquet (dir.), « Gaston Serpette », Dictionnaire de la musique en France au XIXe siècle, Paris, Fayard, (ISBN9-782213-593166).
Jacques-Gabriel Prod’homme, « Les Musiciens français à Rome (1803-1903) », Sammelbände der Internationalen Musikgesellschaft, Breitkopf & Härtel, , p. 728-37.