À partir de 1994, l'année des accords d'Oslo, il s'installe au Proche-Orient et 20 ans durant va sillonner la région en tant que correspondant pour l'AFP, pour des journaux français tels que Le Figaro, La Croix, Ouest-France, ainsi que pour Europe 1 et RTL.
En 2003, à la suite du renversement de Saddam Hussein, il s'installe à Bagdad en Irak.
Le , Georges Malbrunot, son confrère Christian Chesnot, ainsi que le fixeur syrien Mohammed Al-Joundi sont enlevés par l'Armée islamique en Irak alors qu'ils tentaient de se rendre à Nadjaf[2]. Leurs ravisseurs demandent officiellement l'abrogation de la loi française sur les signes religieux dans les écoles publiques. Le , après cent vingt-quatre jours de détention, soit quatre mois plus tard, les deux journalistes français sont libérés[3],[4]. D'après un article de LCI, citant le journal The Times, la France aurait versé 15 millions de dollars (soit 11,8 millions d'euros) pour leur libération[5].
En 2023, la Fondation Varenne lui décerne le Prix Varenne de la presse quotidienne nationale pour ses reportages en Iran et en Arabie saoudite.
Polémiques
Mort du journaliste Gilles Jacquier
Après une enquête rapide, Georges Malbrunot publie des articles qui attribuent la mort du journaliste Gilles Jacquier à l'opposition syrienne[6],[7]. Cette enquête, basée sur une source anonyme, est contestée par les confrères et la compagne de Gilles Jacquier, présents sur les lieux, et qui affirment qu'il s'agit d'un crime organisé par le régime syrien, thèse plus tard étayée par de nouveaux témoignages, y compris d'un déserteur des services de renseignement syriens, et de documents contredisant la version de Georges Malbrunot[8],[9],[10],[11],[12].
Syrie
Durant le conflit syrien, Georges Malbrunot est l'un des rares journalistes qui gardent accès à Damas, il réalise une interview de Bachar el-Assad, qui, selon L'Obs, est « entourée d’une mise en scène syrienne (ce) qui en faisait une gigantesque opération de propagande du régime »[13].
Le livre de Georges Malbrunot et Christian Chesnot Les Chemins de Damas, publié en 2014, est une critique de la politique française en Syrie, qui, selon ses auteurs « a totalement sous-estimé la résilience du régime de Damas en misant sur une « théorie des dominos » (la Syrie après la Tunisie et l’Égypte...), et s’est enfermée dans un tête-à-tête avec une opposition décrédibilisée et divisée ». Le livre, selon L'Obs, « ne manque pas d’arguments », mais « ressemble fort à une tentative de réhabilitation du régime syrien, certes répressif et autoritaire, mais qui vaudrait mieux que ses opposants djihadistes qui se sont imposés au fil du temps comme la principale force d’opposition », il est « trop à charge, en se fondant sur des sources in fine favorables à Assad et au statu quo, pour être convaincant »[13]. Selon Le Temps, le livre ne manque pas d'anecdotes savoureuses, mais il présente une thèse, celle de l’échec et de l'égarement de la diplomatie française, or cette thèse « se nourrit d’un biais sous-jacent, celui d’un soulèvement islamisé dès ses prémices », or, selon Le Temps, c'est la « machine de mort et l’inertie que lui a systématiquement opposée la communauté internationale (qui) ont encouragé la radicalisation. Non l’inverse »[14]. Pour le quotidien libanais L'Orient-Le Jour, l'ouvrage est « un véritable document, tant il contient de révélations sur la politique française en Syrie, son cafouillage et ses erreurs, ainsi que ses paris perdants sur une chute imminente du régime syrien »[15]. Denis Bauchard, dans la revue Politique étrangère juge l'ouvrage, « très documenté » soulignant que les deux auteurs sont « sans complaisance pour le régime syrien ». Le livre met en avant, selon Denis Bauchard, une « sous-estimation » de la part des gouvernements français « de la capacité de résilience d’un régime certes minoritaire, mais qui s’appuyait sur un appareil sécuritaire efficace et sans état d’âme »[16].
En 2016, Cédric Mas, analysant l'émission Un œil sur la planète, écrit que Georges Malbrunot, sur la Syrie, propage une vision similaire à celles d'Alain Chouet et Alain Juillet, et que leurs « propos se rapprochent de la rhétorique du régime syrien »[17].
Début 2023, Georges Malbrunot publie un article évoquant un questionnement d'Emmanuel Macron concernant une éventuelle normalisation des relations avec le régime de Bachar el-Assad[18]. Cet article est contesté par Nicolas Tenzer, Jean-Pierre Perrin, Mohamed-Nour Hayed et Marie Peltier. Raphaël Pitti, médecin humanitaire et responsable d'ONG, conteste également cette possibilité et affirme dans un entretien que c'est Georges Malbrunot qui sert la voix de Bachar el-Assad, et ce, depuis des années. L’Élysée dément tout projet de normalisation[19],[20],[21].
Critiques venant d'Emmanuel Macron
Le , le président de la République Emmanuel Macron reproche au journaliste d'avoir eu un comportement « irresponsable pour la France, irresponsable pour les intéressés ici, et grave d’un point de vue déontologique », en raison d'un article publié dans Le Figaro et relatant un entretien entre le président de la République et Mohammed Raad, le chef du bloc parlementaire du Hezbollah[22]. Le journaliste s'est dit « surpris par la virulence de cette attaque »[23]. Pour L'Obs, la scène est « surréaliste ». Le magazine juge « impossible de ne pas y voir une pression évidente, en tout cas un message tacite envoyé à l’ensemble des médias, une forme très désagréable, et c’est un euphémisme, d’intimidation »[24]. Maya Khadra considère l'échange qui s'est déroulé entre Emmanuel Macron et Georges Malbrunot comme « très révélateur du dénigrement, du mépris qu’a le président Macron à l’égard de toute forme de presse qui défie le système et qui défie même la personne du président »[25].
Rémunération par une société écran
Les droits de traduction du livre Qatars Papers, publié en 2019, sont achetés par Countries Reports Publishing, une société-écran, dont les auteurs, Georges Malbrunot et Christian Chesnot soupçonnaient que les fonds viennent des Émirats arabes unis. Selon Georges Malbrunot, que les informations contenues dans leur livre, défavorables envers le Qatar — qui proviennent de documents fuités lui ayant été envoyés — « soient instrumentalisées par les Émirats », pays ennemi du Qatar, serait « de bonne guerre ». Mediapart, qui révèle en 2023 la stratégie d'influence des Émirats arabes unis via cette société-écran, questionne cependant le problème déontologique posé par le fait que les « deux journalistes ont touché personnellement, en tant qu'auteurs d'un livre critiquant le Qatar », des fonds qu'ils soupçonnaient de venir des Émirats[26].
Diffusion d'image de femmes filmées en Iran
En juin 2023, alors que l'Iran connaît une révolte sans précédent après la mort de Mahsa Amini survenue en septembre 2022, Georges Malbrunot se rend dans un café de Téhéran où il filme les visages des personnes présentes, dont des femmes sans voile, alors que le port du hijab est obligatoire et la répression sévère dans le pays. Il poste sur Twitter sa vidéo de l'intérieur du café, localisable, sans flouter les visages des personnes identifiables. Peu après, les bassidji, des miliciens du régime iranien, qui évoquent la sortie de la vidéo, font une descente dans le café, frappent et arrêtent de nombreuses personnes présentes avant de fermer l'établissement. Selon plusieurs sources, cette vidéo a certainement contribué à mettre en danger ces personnes[27].
Procédure judiciaire
En , Georges Malbrunot et Christian Chesnot sont condamnés en diffamation par le tribunal correctionnel de Paris, pour avoir accusé dans leur ouvrage Nos très chers émirs la sénatrice Nathalie Goulet d'avoir été rémunérée par le Qatar[28],[29],[30].
2010 : Dans l'ombre de Ben Laden : révélations de son garde du corps repenti (auteur Nasser Al-Bahri), éd. Michel Lafon (ISBN978-2-7499-1197-7) (BNF42187134)
2013 : Qatar, les secrets du coffre-fort (coauteur Christian Chesnot), éd. Michel Lafon.
↑« Syrie : le rapport de mission de la Ligue arabe », Le Figaro, (lire en ligne, consulté le ).
↑« Jacquier : l'enquête française pointe les rebelles syriens », Le Figaro, (lire en ligne, consulté le ).
↑« Les zones d'ombre autour de la mort de Gilles Jacquier », LExpress.fr, (lire en ligne, consulté le ).
↑Caroline Poiron, Attentat express. Qui a tué Gilles Jacquier ?, Paris, Seuil, , 300 p. (ISBN978-2-02-111376-1).
↑« Caroline Poiron, co-auteur de "Attentat Express : qui a tué Gilles Jacquier ?" », France 24, (lire en ligne, consulté le ).
↑« Le régime syrien mis en cause dans la mort des journalistes Marie Colvin, Rémi Ochlik et Gilles Jacquier », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le ).