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Le gouvernement Monterio Ríos est marqué par et doit sa chute aux Incidents du ¡Cu-Cut! survenus dans la nuit du 25 au 26 novembre, au cours desquels les locaux des revues catalanistes¡Cu-Cut! et La Veu de Catalunya, furent saccagés par un groupe de militaires de la garnison de la ville de Barcelone, en réaction à une vignette satirique de Junceda(es), publiée deux jours auparavant dans ¡Cu-Cut!, ironisant sur les défaites de l’Armée espagnole et que les militaires jugèrent injurieuse.
À la suite de la démission de Montero Ríos, un nouveau gouvernement libéral est formé[2],[3].
La crise provoquée par les évènements du ¡Cu-Cut! « représenta le premier choc entre pouvoir politique et pouvoir militaire du XXe siècle ainsi qu'une montée notable de la température du conflit nationaliste »[4],[5].
À la suite des incidents, le gouvernement libéral d’Eugenio Montero Ríos tente d’imposer son autorité aux militaires et choisit de ne pas céder à la pression des capitaines généraux qui montrent leur appui aux militaires insurgés, mais il déclare l’état de guerre à Barcelone le 29 novembre — apparemment sous la pression du roi —[6]. Finalement, le roi ne soutient pas le gouvernement, obligeant Montero Ríos à présenter sa démission[3].
Les évènements furent évoqués au Parlement le 27 novembre et les jours suivants. Des députés catalanistes et républicains défendirent la thèse d'une collusion — inacceptable selon eux — des pouvoirs locaux avec les assaillants. Le sénateur catalaniste Carles de Camps i d'Olzinellas tint le 27 novembre un discours polémique, au cours duquel il accusa les militaires de « trois délits, répétés trois fois : celui de violation de domicile, celui de saccage et celui d’incendie », ajoutant « et si ce n’était par le respect immense, je le dis sincèrement, que je porte envers notre armée, je dirais également celui d’[action] en bande organisée », accusation dangereuse car elle était susceptible d’exalter les militaires et provoqua de vives protestations dans l’hémicycle[7].
Le roi prit parti pour les militaires insurgés, illustrant la faiblesse du régime de la Restauration, sa dépendance persistante à l'égard des militaires et de la pression que ceux-ci, trouvant dans le monarque un soutien de choix, étaient en mesure d’exercer sur le pouvoir civil[8],[9]. À la suite des évènements, le général José de Bascarán, chef de la maison militaire du roi, se rendit à Barcelone et s'adressa à la garnison en leur affirmant « toute l'affection » du monarque, le « premier soldat de la Nation », et garantissant qu’il ferait en sorte de satisfaire les « légitimes aspirations » de l’Armée, dans le cadre de la Constitution. Un article de La Correspondencia Militar du 1er décembre intitulé Viva el Rey affirmait : « Le roi a pris en compte les plaintes et le souhait de l’Armée […]. Il est avec l’Armée, il se sent et pense comme elle »[10].
Face au refus du roi de punir les auteurs du saccage, Eugenio Montero Ríos, alors chef du gouvernement, présenta sa démission[4],[3]. Il fut remplacé par Segismundo Moret, qui se montra favorable aux militaires et nomma le général Luque, « le plus ardent défenseur des assaillants de Barcelone », ministre de la Guerre[11]. Le gouvernement promulgua rapidement une nouvelle loi « pour les délits contre la patrie et l’armée », dite Ley de Jurisdicciones (« Loi des juridictions »), établissant que les délits d’atteintes « à la patrie ou à l'Armée » incomberaient désormais au tribunaux militaires, une vieille revendication des militaires[12].
[Martínez Vasseur 2002] Pilar Martínez Vasseur, « La question nationale et l’armée en Espagne au cours des XIXe et XXe siècles », dans Francisco Campuzano, Les Nationalismes espagnols (1876-1978), Montpellier, Presses universitaires de la Méditerranée, (ISBN978-2-84269-527-9).
(ca) Francesc Santolaria, El Banquet de la Victòria i els fets de ¡Cu-Cut! : Cent anys de l’esclat catalanista de 1905, Barcelone, Meteorα, , 234 p. (ISBN84-95623-38-2)