Ilaria Alpi, née le à Rome, morte le à Mogadiscio, est une journaliste et photojournalisteitalienne, assassinée à Mogadiscio, avec son caméraman Miran Hrovatin alors qu'elle travaille comme correspondante pour Telegiornale 3 (TG3).
Les circonstances n'ont jamais été élucidées. Cependant, en 2009, Francesco Fonti, un ancien membre de la 'Ndrangheta, affirme qu'Ilaria Alpi et son caméraman ont été assassinés parce qu'ils ont vu des déchets toxiques expédiés par la 'Ndrangheta être déchargés à Bosaso, en Somalie.
Ilaria Alpi naît le à Rome. Elle est diplômée du lycée Tito Lucrezio Caro de Rome. Elle obtient une licence en langues et littératures arabes à l'Institut des langues orientales de l'université La Sapienza de Rome[1]. Grâce à sa maîtrise de l'arabe, du français et de l'anglais, elle obtient ses premières collaborations journalistiques au Caire pour le compte de Paese Sera et de l'Unità. Elle obtient ensuite une bourse pour être embauchée à la Rai.
Le meurtre d'Alpi-Hrovatin
L'enquête sur le trafic de déchets en Somalie et la mort
Elle se rend sept fois en Somalie entre 1992 et 1994[1]. Les investigations de la journaliste se concentrent à cette époque sur des soupçons de trafic d'armes et de déchets toxiques avec la complicité, entre autres, des services secrets italiens et des hautes institutions italiennes[2],[3],[4],[5],[6],[7]. Alpi aurait découvert un trafic international de déchets toxiques issus des pays industrialisés vers certains pays africains, et échangés auprès de groupes politiques locaux contre des pots-de-vin et des armes. Au mois de novembre précédant l'assassinat de la journaliste, le sous-officier du SISMI, Vincenzo Li Causi, informateur d'Alpi sur ce trafic est tué, également en Somalie, dans des circonstances mystérieuses[8].
Alpi et Hrovatin sont tués près de l'ambassade d'Italie à Mogadiscio[9], à quelques mètres de l'hôtel Hamana[4], dans le quartier de Shibis - à l'intersection de la Via Alto Giuba et du Corso Somalia (également connu sous le nom de Strada Jamhuriyada, Corso Repubblica ).
La journaliste et son opérateur reviennent de Bosaso, une ville du nord de la Somalie. Là, Ilaria Alpi interviewe le soi-disant sultan de Bosaso, Abdullahi Moussa Bogor[10]. Celui-ci fait état des relations étroites entretenues par certains responsables italiens avec le gouvernement de Siad Barre, vers la fin des années 1980. Dans les cinq dernières minutes de l'interview, à la demande explicite d'Alpi, il parle de la société de pêche italo-somalienne Shifco[11]. L'État italien aurait fait don à cette dernière de quelques bateaux de pêche qui servaient probablement également au transport de déchets. La durée de l'interview est estimée à 2 heures, mais un peu moins de 15 minutes sont parvenues à la rédaction de la RAI[12],[1].
Enquêtes et condamnation
Ilaria Alpi est tuée à Mogadiscio, avec l'opérateur Miran Hrovatin, le , dans des circonstances qui n'ont jamais été élucidées[13].
Après plusieurs enquêtes pénales, en 2000, Hashi Omar Hassan, citoyen somalien, est condamné à 26 ans de prison pour le double meurtre. En octobre 2016, un tribunal de Pérouse, en Italie, annule la condamnation et Hassan reçoit plus de trois millions d'euros pour la condamnation injustifiée et les presque 17 ans qu'il a passés en prison[14].
Une commission d'enquête parlementaire est lancée en juillet 2003 pour tenter de faire la lumière sur le lien entre ce double meurtre et un trafic illégal d'armes et de déchets toxiques entre l'Italie et la Somalie[15].
Le , 20 ans après la mort d'Alpi et Hrovatin, le gouvernement italien autorise la déclassification de dossiers secrets sur leur mort[16],[17].
Hommages et reconnaissance
Mémoire
De 1995 à 2014, le Prix Ilaria Alpi est décerné chaque année à Riccione aux meilleures enquêtes télévisées italiennes consacrées aux thèmes de la paix et de la solidarité[1].
En 1997, le Gang lui dédie la chanson Chi ha ucciso Ilaria Alpi ? contenu dans l'album Fuori dal controllo, tandis qu'en 2010 Pooh écrit la chanson Reporter, une ballade contenue dans l'album Dove comincia il sole et dédiée à Ilaria.
En 2007, le monologue de teatro civileLa Vacanza, qui reconstitue le cas Alpi/Hrovatin, est joué lors du Prix Ilaria Alpi. Le texte a été interprété chaque année en mars jusqu'au vingtième anniversaire de l'assassinat d'Ilaria et Miran (2014).
En mai 2009, Daniele Biacchessi écrit l'histoire d'Ilaria Alpi dans son livre Passione reporter.
En 2011 Spartaco Gippoliti et Giovanni Amori, zoologistes italiens et experts en conservation des mammifères, dédient le nom scientifique d'une nouvelle espèce de mammifère de la famille des Bathyergidae à Ilaria Alpi : Fukomys ilariae[19].
Le 20 mars 2014, vingt ans après sa disparition, la Rai 3 rendent hommage à Ilaria et Miran dans une émission spéciale de prime time, La strada della vera, à travers des témoignages, les reconstitutions et récits des différents invités en studio, les dernières heures de vie des deux journalistes envoyés en Somalie[20].
Le 21 novembre 2014, Luciana Riccardi, la mère d'Ilaria, écrit une lettre aux dirigeants de l'association et du prix Ilaria Alpi dans laquelle, en démissionnant de son statut de membre, elle demande la clôture du prix journalistique car justice n'avait pas été rendue sur la mort de sa fille[21].
En 2015 est sorti le docu-fiction IIlaria Alpi – L'ultimo viaggio, qui reconstitue - avec des extraits inédits - les enquêtes du journaliste de la Rai[22].
Dans l'album Sguardi, publié en 2016 par l'auteur-compositeur-interprète Milo Brugnara, il y a la chanson Ilaria, dédiée à Ilaria Alpi[23].
Depuis 2016, la compagnie Teatro Bresci met en scène Lo schifo. Omicidio non casuale di Ilaria Alpi nella nostra ventunesima regione de Stefano Massini, avec Anna Tringali, mis en scène par Giorgio Sangati[24].
29 mars 2017 : sortie du film d'animation Somalia94 - Il caso Ilaria Alpi de Marco Giolo, qui retrace les dernières semaines de la vie du journaliste et caméraman Miran Hrovatin[25].
Une rose a été créée en l'honneur d'Ilaria Alpi par Davide dalla Libera, hybrideur ; un spécimen de cette rose se trouve au Jardin Botanique de Rome, un au siège de la Rai à Rome et un à Follonica[26].
↑(it) Giovanna Mezzogiorno, Rade Serbedzija et Giacinto Ferro, Ilaria Alpi - Il più crudele dei giorni, Emme Produzioni, Gam Films, Lares Video, (lire en ligne)
↑(en) « A new species of mole-rat (Rodentia, Bathyergidae) from the Horn of Africa », Zootaxa, Magnolia Press, , p. 39-46 (lire en ligne)
(it) Giorgio e Luciana Alpi, Mariangela Gritta Grainer et Maurizio Torrealta, L'esecuzione : inchiesta sull'uccisione di Ilaria Alpi e Miran Hrovatin, Milano, Kaos, coll. « Libertaria », , 293 p. (ISBN978-88-7953-078-1 et 887953078X, OCLC41040195, lire en ligne).
(it) Carlo Taormina, Commissione parlamentare di inchiesta sulla morte di Ilaria Alpi e Miran Hrovatin - Relazione conclusiva, Doc. XXII-bis n. 1, 23 février 2006.
(it) Raffaello De Brasi, Carmen Motta, Raffaella Mariani, Roberta Pinotti, Elettra Deiana, Rosy Bindi e Domenico Tuccillo, Commissione parlamentare di inchiesta sulla morte di Ilaria Alpi e Miran Hrovatin, Doc. XXII-bis n. 1-ter, 23 février 2006.
(it) Mauro Bulgarelli, Commissione parlamentare di inchiesta sulla morte di Ilaria Alpi e Miran Hrovatin - Relazione di minoranza, Doc. XXII-bis n. 1-bis, 28 février 2006.
(it) Marco Rizzo (ill. Francesco Ripoli), Ilaria Alpi : il prezzo della verità, BeccoGiallo, Ponte di Piave (TV), coll. « Cronaca storica » (no 8), , 143 p. (ISBN9788885832725 et 8885832725, OCLC799908087, lire en ligne).
(it) Roberto Scardova (éd.), Carte false : l'assassinio di Ilaria Alpi e Miran Hrovatin : quindici anni senza verità, Milano, Edizioni Ambiente, coll. « Verdenero, Inchieste », , 187 p. (ISBN9788896238059 et 8896238056, OCLC762360947, lire en ligne)
(it) Marco Birolini, Luigi Grimaldi (éd.) et Luciano Scalettari (éd.), Ilaria Alpi e Milan Hrovatin : depistaggi e verità nascoste a 25 anni dalla morte, Roma, Round Robin, coll. « Fuori rotta » (no 20), , 238 p. (ISBN9788894953268 et 8894953262, OCLC1176151731, lire en ligne)
(it) Lucia Guarano (ill. Mattia Ammirati), Donne sul fronte : Ilaria Alpi. Armi e veleni, le verità interrotte, Roma, Paperfirst, , 128 p. (lire en ligne)
(it) Eleonora Miggiano, Ilaria Alpi e Miran Hrovatin, La Gazzetta dello Sport, coll. « Storia dei grandi segreti d'Italia », (lire en ligne)
Liens externes
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