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Ilkhanat de Perse

Ilhanat

12561335

Drapeau
Drapeau supposé
Blason
Tamga (emblème)
Informations générales
Statut Monarchie
Capitale Maragha ()
Tabriz ()
Sultaniya ()
Langue(s) Persan, mongol, langues turciques et arabe
Religion Tengrisme et Bouddhisme puis islam
Histoire et événements
Arrivée en Perse de Houlagou Khan, constitution de son empire
Conquête du califat abbasside de Bagdad
Décès d'Abou-Saïd Bahadour et dislocation de son empire
Khans
(1er) Houlagou Khan
(2e) Abaqa
(3e) Ahmad Teküder
(4e) Arghoun
(5e) Ghaykhatou
(6e) Baïdou
(7e) Mahmud Ghazan Khan
(8e) Oldjaïtou
(Der) Abou-Saïd Bahadour

Entités précédentes :

L'Ilkhanat en turc (İlhanlılar) était un khanat turco-mongol créé en 1256 et qui fut dirigé par les Ilkhans (ou « Ilkhanides », aussi appelés « Houlagides » ; en persan : ایلخانیان, Ilxâniyân ; en mongol : Хүлэгийн улс, Hulagu-yn Ulus), de la maison de Houlagou.

Histoire

La conquête de la Perse par les Mongols

Un archer ilkhanide. Dessin d'époque timouride, XVe siècle.

Durant l'hiver 1231, le grand khan Ögedeï, fils de Gengis Khan, lance trois tumens (équivalent de 30 000 hommes), commandés par Tchormaghan Noyan contre le dernier Khwârazm-Shah, Jalal ad-Din. Ils traversent rapidement le Khorassan (au nord-est de la Perse) et marchent sur l’Azerbaïdjan. Jalal ad-Din, affaibli par sa défaite face à une coalition d'autres États musulmans (dont le califat de Bagdad), abandonne Tabriz au printemps et fuit vers le territoire de Moghan et d’Arran, à l’embouchure de la Koura et de l’Araxe, puis à Diyarbakir. Le , il est assassiné par un paysan kurde. Tchormaghan s’installe avec ses troupes à l’embouchure de la Koura et de l’Araxe d'où il lance des raids contre l'Arménie (1233, 1239)[1].

Le Khorasan est confié à un commandant militaire, Tchingtemur qui met le pays à sac jusqu'à sa mort en 1235. Ögödei nomme à la place un gouverneur civil, l’Ouïghour Körguz qui redresse le pays presque totalement dépeuplé par les massacres de son prédécesseur. Éliminé par les commandants militaires à la mort d'Ögödei, il est remplacé en 1242 par Arghun agha qui continue sa politique. Après la mort de Tchormaghan en 1241, le général Baïdju prend le commandement des troupes mongoles en Iran dans la région de la basse-Koura[2]. Après la bataille de Köse Dağ le , les armées mongoles vassalisent le sultanat de Roum.

Houlagou, le fondateur

La conquête de Bagdad

En juillet 1251, le qurultay qui porte Möngke à la tête de l'empire mongol décide de constituer un pouvoir central unitaire sur le Khorasan, l’Irak et les régions limitrophes de l’ouest de la Géorgie. Le jeune frère du nouveau grand khan, Houlagou, est nommé à la tête de cet empire, qu’il rejoint à marche lente. Le , il passe l'Amou-Daria pour entrer en Perse. Il reçoit les compliments du sultan de Rum et de l'atabeg du Fars[3], ainsi que l'hommage de nombreux princes d'Asie occidentale (Irak, Khorasan, Azerbaïdjan, Arran, Chirwan, Géorgie[4]). Le 20 décembre[5], il prend Alamut, conformément à l’ordre qu’il a reçu de Möngke, et met un terme à la secte nizârite au Mazandéran. Le , Houlagou envoie un émissaire à Bagdad qui demande au calife abbasside Al-Musta'sim, trente-septième de sa dynastie, de reconnaître la suzeraineté mongole[6]. Le prince des croyants, Al-Musta'sim, lui répond que toute attaque contre Bagdad provoquerait la mobilisation de la totalité du monde musulman, des Indes au Maghreb. Houlagou, Baïdju et le naïman Ketboğa marchent alors vers la ville à la fin de l’année 1257. Le calife décide de négocier, et propose à Houlagou de prononcer son nom dans les mosquées et de lui décerner le titre de Sultan. Houlagou opte pour la force. Après une dizaine de jours de siège, Bagdad est prise le 10 février 1258 et mise à sac. Sa population est massacrée et seuls les Chrétiens sont épargnés grâce à l’intercession de la femme du khan, Dokuz Katun, une chrétienne nestorienne[7]. Le dernier vrai calife abbasside, Al-Musta'sim, est exécuté par étouffement le [2]. Houlagou se rend ensuite vers Hamadan et l’Azerbaïdjan et installe ses résidences à Tabriz et à Maragha, où il utilise les riches pâturages de Moghan et d’Arran pour faire paître ses haras sauvages.

En septembre suivant, Houlagou part pour une campagne en Syrie. Il prend Nusaybin, soumet Édesse et Harran. Alep est prise le , puis toute la Syrie jusqu'à Gaza. L’annonce de la mort du Grand Khan Möngke, son frère, fait refluer Houlagou vers l'Est. Il veut soutenir Kubilai Khan dans sa guerre de succession contre Ariq Boqa. Il doit également renforcer sa frontière du Caucase avec la Horde d'or dont le khan Berké, converti à l'islam, n'a pas apprécié le massacre de Bagdad. Ketboğa, le lieutenant qu'il laisse en Syrie est écrasé par les Mamelouks à la bataille d'Aïn Djalout (en Palestine) le .

Berke conclut une alliance avec le sultan mamelouk Baybars, d’origine Kiptchak, et déclare la guerre au Ilkhan. En novembre 1262, Houlagou lance l'offensive, franchit le passage de Derbent mais est battu par Nogaï sur les bords du Terek et doit se retirer en Azerbaïdjan. Menacé à l’Est par les Djaghataïdes, alors alliés de Berke, Houlagou renonce à la conquête de la Syrie et de l’Égypte[2].

Les Ilkhans

Le drapeau de l'Ilkhanat

Houlagou (petit-fils de Gengis Khan) meurt le et son fils Abaqa lui succède. Il vient d'épouser Marie, fille de l’empereur byzantin Michel VIII Paléologue et n’abandonne pas la politique amicale à l’égard des chrétiens, malgré sa préférence pour le bouddhisme[8]. Dès l'année suivante Berke (Khan de la Horde D'Or) passe le passage de Derbent et marche contre l’Iran. Sa mort au passage de la Koura met fin à la campagne. Abaqa lance des raids en Transoxiane (1263). Le khan de Djaghataï Barak attaque la Perse et l’Afghanistan au début de l’année 1270. En mai, il incendie Nishapur et rançonne Hérat, mais il est battu et mis en déroute par Abaqa près de Herat en juillet. Abaqa est battu par les Mamelouks à la bataille d'Elbistan en Anatolie en 1277, puis le près de Homs par Qala'ûn.

Abaqa meurt à Hamadan le [9]. Son frère aîné Tekudar, règne jusqu'en 1284. Il se convertit à l’islam, prend le nom d’Ahmed et le titre de sultan. Il envoie des messagers au sultan mamelouk d’Égypte pour lui faire des propositions de paix. L’empire se divise. Les commandants fidèles au grand khan, pour la plupart bouddhistes et nestoriens, portent plainte auprès de Kubilai Khan car Tekudar désire détacher son pays de l’empire mongol. Kubilai menace le souverain révolté d’une intervention armée. Le fils d’Abaqa, Arghoun, gouverneur du Khorasan prend la tête des mécontents et se révolte. Il marche sur l’Irak et rencontre Tekudar près de Qazvin le . L'issue de la bataille est incertaine.

Tekudar est victime d’un complot le et Arghoun lui succède. Il tente de s'allier aux chrétiens contre les Mamelouks et les Kiptchak, mais ni le pape Honorius IV, ni le roi de France Philippe IV le Bel ne répondent à ses offres d’alliance. Sous le règne d’Arghoun, l’Empire se relève. À la suite de la centralisation intense, la vie économique prend un nouvel essor. Les paysans retournent dans les villages détruits, et dans les villes l’artisanat et le commerce s’intensifient. Arghoun nomme un médecin d’origine juive Sa`d od-Daoulé gouverneur civil et ministre des finances. Haï par les seigneurs mongols, celui-ci est enlevé et mis à mort par des inconnus, alors qu’Arghoun est gravement malade et meurt le .

Les grands seigneurs de l’Empire portent alors sur le trône son frère Ghaykhatou, gouverneur de l’Asie Mineure seldjoukide. Celui-ci nomme lui aussi un civil, Ahmed el-Khâlidi, à la tête des affaires de l’État. Musulman orthodoxe, il attribue des postes d’importance à ses coreligionnaires. Les aristocrates, mécontents des mesures prises par Gaïkhatou et son gouverneur, étranglent l’Ilkhan avec la corde d’un arc, à Maghadan, en mars 1295.

Son cousin Baïdou, cédant à la persuasion, lui succède. Une insurrection éclate dans le Khorasan, essentiellement peuplé de musulmans, dirigée par le fils d’Arghun, Mahmoud Ghazan Khan, sympathisant avec l’Islam et aspirant au trône. Ghazan réussit à gagner par des promesses les seigneurs féodaux soutenant Baïdou. Il prend Tabriz sans coups férir[1]. Baïdou trouve la mort alors qu’il allait se réfugier en Géorgie le .

Division de l'empire des Ilkhans à la mort d’Abu Saïd : Jalayirides, Muzaffarides, Chupanides, Injouïdes
Asie du Sud-Ouest, 1345

Le , Arghun Ghazan est intronisé[10]. Il mène une politique centralisatrice, notamment grâce au ministre Rashid al-Din, renforçant son pouvoir au détriment des droits des féodaux. Une nouvelle tentative de conquête de la Syrie est repoussée par les Mamelouks après la bataille de Marj as-Suffar en 1303.

À la mort de Ghazan en 1304, son frère cadet Oldjaïtou continue sa politique. Le [11], il commence à faire construire une nouvelle capitale, Soltaniyeh, achevée en 1306. Le dôme de Soltaniyeh en est une des édifices les plus remarquables. L'empire est alors à son apogée. Les Mongols adoptent le mode de vie des Iraniens mais perdent la technique militaire et la discipline de guerre qui leur permettaient de maintenir un pouvoir central fort.

À l’âge de douze ans, Abu Saïd succède à son père Oldjaïtou après sa mort en décembre 1316. Chupan, le plus puissant des féodaux, impose son autorité pendant dix ans. Le , le ministre Rashid al-Din est mis à mort par ses adversaires. Le pays sombre dans l’anarchie féodale. Abu Saïd réussit, avec l’aide de ses fidèles, à démettre le puissant Chupan de ses fonctions en 1327. À sa mort le , le khanat d’Iran se disloque. Les princes mongols conservent l’ouest du pays, mais à l’est ce sont des dynasties iraniennes qui les remplacent (comme la maison afghane des Kert).

Liste des khans mongols de Perse

  • 1256-1265 : Houlagou, fils de Tolui et petit-fils de Gengis Khan
  • 1265-1282 : Abaqa, fils de Houlagou
  • 1282-1284 : Teküder, fils de Houlagou
  • 1284-1291 : Arghoun, fils d'Abaqa
  • 1291-1295 : Ghaykhatou, fils d'Abaqa
  • 1295 : Baïdou, fils de Taragay et petit-fils de Houlagou
  • 1295-1304 : Mahmud Ghazan, fils d'Arghoun
  • 1304-1316 : Oldjaïtou, fils d'Arghoun
  • 1316-1335 : Abu Saïd Bahadur, fils d'Oldjaïtou
  • 1335-1336 : Arpa Ka'on, fils de Sosa, un descendant d'Ariq Boqa, le frère de Houlagou
  • 1336 : Musa (en), fils d'Ali et petit-fils de Baïdou (soutenu par les Tchoupanides)
  • 1336-1338 : Muhammad, fils de Yul Qutlug, un descendant de Houlagou (soutenu par les Jalayrides et les Mamelouks)
  • 1338-1339 : Togha Temür, un descendant de Jöchi Khasar, le frère de Gengis Khan (soutenu par les Jalayrides, règne sur le Khorasan jusqu'en 1353)
  • 1338-1339 : Sati Beg, fille d'Oldjaïtou, épouse de Chupan, puis d'Arpa Ka'on, puis de Sulayman
  • 1339-1344 : Sulayman, fils de Yusuf, un descendant de Houlagou (soutenu par les Chupanides)
  • 1339-1340 : Jahan Temür, fils d'Alafrang et petit-fils de Ghaykhatou (soutenu par les Jalayrides)
  • 1344-1353 : Adil Anushirwan, fantoche (imposteur) manipulé par le Chupanide Malek Achraf
  • 1353-1388 : Luqman, fils de Togha Temür, règne à Astrabad

Arbre généalogique

Les numéros sont ceux de l'ordre de succession[12].

Notes et références

  1. a et b Histoire de la Mongolie, par László Lőrincz Publié par Akadémiai Kiadó, 1984 (ISBN 978-963053381-2).
  2. a b et c René Grousset, L’empire des steppes, Attila, Gengis-Khan, Tamerlan, Paris, Payot, 1938, quatrième édition, 1965, (version .pdf) 669 (présentation en ligne, lire en ligne), p. 437.
  3. E. Bretschneider, Mediaeval Researches from Eastern Asiatic Sources : Geography and History of Central and Western Asia from the 13th to the 17th Century, READ BOOKS, (ISBN 978-1-4437-2240-7, lire en ligne), p. 116.
  4. Saraf Khan Bidlisi, Cheref-Nameh ou fastes de la nation Kourde, Adamant Media Corporation (ISBN 978-0-543-95169-4, lire en ligne), p. 375.
  5. (en) Kenneth M. Setton, Harry W. Hazard, Robert Lee Wolff, Norman P. Zacour, Marshall Whithed Baldwin, A History of the Crusades : The Later Crusades, 1189-1311, Madison, Univ of Wisconsin Press, , 871 p., poche (ISBN 978-0-299-04844-0, lire en ligne), p. 761.
  6. E. Bretschneider, Mediaeval Researches from Eastern Asiatic Sources : Geography and History of Central and Western Asia from the 13th to the 17th Century, READ BOOKS, (ISBN 978-1-4437-2240-7, lire en ligne), p. 118.
  7. Jean-Paul Roux 2006, p. 353.
  8. Ephrem-Isa Yousif, Les chroniqueurs syriaques, Paris, Éditions L'Harmattan, (ISBN 978-2-7475-2709-5, lire en ligne), p. 265.
  9. Marie-Félicité Brosset, Histoire de la Géorgie, Impr. de l'Académie impériale des sciences, (lire en ligne), p. 597.
  10. Denise Aigle, Le Fars sous la domination mongole, Peeters Publishers, , 250 p. (ISBN 978-2-910640-17-0, lire en ligne), p. 148.
  11. Otis Ellery Taylor, Architecture of Northwest Persia Under the Īl-Khān Mongols…, University of Chicago, (lire en ligne).
  12. Généalogie d'après Charles Cawley, « Descendants of Tolui, son of Jenghiz Khan », sur « Foundation for Medieval Genealogy ».

Voir aussi

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Bibliographie

Liens externes

Articles connexes

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