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Insurrection moro aux Philippines

Insurrection moro aux Philippines
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Informations générales
Date 18 mars 1968 au 22 février 2019
(50 ans, 11 mois et 4 jours)
Lieu Philippines
Issue Création d'une région autonome administré par le Front Moro et cessation des combats jusqu'en 2025.
Belligérants
Drapeau des Philippines Philippines
Front Moro islamique de libération (depuis 2017)
Drapeau des États-Unis États-Unis[1]
Drapeau de l'Australie Australie[2]
Front Moro de libération nationale (1969-1996 et 2013)
Front Moro islamique de libération (1978-2014)
Abou Sayyaf
Drapeau de l'État islamique État islamique
Maute
Jemaah Islamiyah
Combattants islamiques pour la liberté de Bangsamoro (BIFF)
Commandants
Drapeau des Philippines Ferdinand Marcos
Drapeau des Philippines Fidel V. Ramos
Drapeau des Philippines Corazon Aquino
Drapeau des Philippines Joseph Estrada
Drapeau des Philippines Gloria Macapagal-Arroyo
Drapeau des Philippines Benigno Aquino III
Drapeau des Philippines Rodrigo Duterte
Murad Ebrahim (depuis 2017)
Nur Misuari
Hashim Salamat
Murad Ebrahim (jusqu'en 2014)
Abu Sabaya
Khadaffy Abubakar Janjalani
Drapeau de l'État islamique Isnilon Hapilon
Drapeau de l'État islamique Omarkhayam Maute
Drapeau de l'État islamique Abdoullah Maute
Radullan Sahiron (en)
Pertes
150 000 morts au total[3]

Batailles

L'insurrection moro aux Philippines est un conflit armé opposant depuis 1969 les forces gouvernementales des Philippines à des groupes armés moros indépendantistes, islamistes ou djihadistes.

Déroulement

1968 à 1999

Les Moros s'organisent politiquement à partir du milieu des années 1960. La Moro National Liberation Organization est fondée en 1966. D'un mouvement d'opposition plus régionaliste que religieux, rapidement est exigée l'indépendance de l'ensemble des îles du sud des Philippines à majorité musulmane, avec l'apparition du Mouvement d'indépendance du Mindanao. Le massacre de Jabidah (en) en , celui de Manili en et l'instauration de la loi martiale le achèvent de radicaliser l'opposition moro.

Le Front Moro de libération nationale (FMLN), fondé en 1969, décide de passer à l'action armée. Les premiers pourparlers entre le gouvernement et le FMLN ont lieu en 1975 à Djeddah mais n'aboutissent pas. Tandis que les indépendantistes s'allient aux guérillas communistes, l'Armée philippine tente de briser militairement l'insurrection.

Les accords de Tripoli en , projet d'autonomie de 13 provinces des Philippines[4], tentent de mettre fin au conflit, mais le référendum d', mené sur l'ensemble du pays, est boycotté par les indépendantistes, entraînant un retour de la violence[5].

L'insurrection perd en intensité à la fin de la décennie. À la suite des pourparlers entamés par la présidente Cory Aquino en 1986, un accord est signé en à Djeddah, renforçant l'autonomie. L'opposition du Front Moro islamique de libération (FMIL) bloque le processus de paix, mais la région autonome en Mindanao musulmane est créée en 1990 et un « Programme de réconciliation nationale et de développement » est mis en place[5].

Un cessez-le-feu du FMLN est établi bilatéralement avec le gouvernement en , prélude à la signature d'un traité de paix en . Ce processus de paix entraîne la montée des groupes islamistes qui y sont opposés, le FMIL, principal rival du FMLN, et Abu Sayyaf, fondé en 1992[5].

Un cessez-le-feu a été signé en 1997 entre le gouvernement central de Manille et le Front Moro islamique de libération.

2000 à 2024

En 2000, sous la présidence de Joseph Estrada, le cessez-le-feu conclu en 1997 est aboli. Depuis, des négociations sont toujours en cours pour tenter de mettre fin au conflit.

En , plusieurs centaines de membres du Front Moro de libération nationale, opposés aux négociations de paix entre le gouvernement philippin et le Front Moro islamique de libération, qui selon eux marginalisent leur mouvement, lancent une attaque sur Zamboanga. Ils s'emparent de la ville et capturent des otages. L'armée lance alors une contre offensive qui écrase les rebelles et libère les otages à la fin du mois. Au total, 23 militaires et policiers, 12 civils sont tués lors des combats, les rebelles déplorent 189 morts et 292 hommes faits prisonniers[6],[7],[8].

Le , un accord de paix est conclu à Manille entre le gouvernement philippin et le Front Moro islamique de libération. Le groupe rebelle cesse les hostilités en échange de la création d'une région autonome sur l'île de Mindanao[3].

En , certains chefs et membres d'Abou Sayyaf font allégeance à l'État islamique[9]. Par la suite un autre mouvement, le groupe Maute, fondé en 2013, rallie l'État islamique[10]. Le chef djihadiste Isnilon Totoni Hapilon tente alors de rapprocher ces deux mouvements[11].

Le , une centaine d'hommes de l'État islamique prennent le contrôle d'une partie de la ville de Marawi[12].

En , l'armée philippine et les anciens rebelles du Front Moro islamique de libération concluent une alliance pour combattre les djihadistes de l'État islamique et du Jama'at al-Muhajirin wa al-Ansar bi al-Filibin[13].

Le , la commission électorale des Philippines a validé le vote sur un référendum établissant une région autonome dans la partie musulmane du Mindanao. Cette décision achève le processus de paix débuté en 2014 entre Manille et le Front Moro islamique de libération[14].

En , Les Philippines annoncent que le groupe terroriste islamique Abu Sayyaf a été « entièrement démantelé », mettant ainsi fin à une insurrection jihadiste qui dure depuis trois décennies[15].

Notes et références

  1. « US plays quiet role in the Philippines », BBC News, .
  2. « Australian Government Boosts Philippine Capacity to Combat Terrorism and Improve Security », Australian Embassy (consulté le ).
  3. a et b AFP, « Aux Philippines, un accord de paix historique entre le gouvernement et la rébellion musulmane », Libération, .
  4. Zamboanga del Sur, Zamboanga del Norte, Lanao del Sur, Lanao del Norte, Sultan Kudarat, Maguindanao, Davao del Sur, Cotabato du Sud, Cotabato, Tawi-Tawi, Sulu, Basilan, Palawan
  5. a b et c Jean-Marc Balencie et Arnaud de La Grange, Mondes rebelles : L'encyclopédie des acteurs, conflits & violences politiques, Paris, Éditions Michalon, , 1677 p. (ISBN 2-84186-142-2)
  6. Catherine Le Brech, « Les Philippines, pays divisé par les mouvements sécessionnistes », Francetv info avec AFP, .
  7. L'Obs avec AFP, « Philippines: libération de tous les otages détenus à Zamboanga », .
  8. AFP, « End to Zamboanga threat, but concern for Philippines displaced », ABC NEWS,
  9. Sarah Diffalah, « CARTE. La galaxie de l'État islamique », L'Obs, .
  10. Marianne Dardard, « Philippines: qui est Maute, le groupe derrière l'attaque de Marawi? », RFI, .
  11. Harold Thibault, « Philippines : violents combats entre rebelles islamistes et forces gouvernementales », Le Monde, .
  12. Valérie Samson et Léo Caravagna, « Philippines : Duterte proclame la loi martiale après des combats entre l'armée et Daech », Le Figaro, .
  13. Marianne Dardard, « Philippines: l’armée s’allie avec une ancienne rébellion contre les jihadistes », RFI avec AFP, .
  14. Clara Jalabert, « Conclusion du conflit musulman aux Philippines : vers une paix durable ? », sur les-yeux-du-monde.fr, (consulté le ).
  15. Philippine General Says Abu Sayyaf Group is ‘Dismantled’, The Atlas News, 22 mars 2024.

Bibliographie

  • Stéphane Dovert et Rémy Madinier, Les musulmans d'Asie du Sud-Est face au vertige de la radicalisation, Paris, Les Indes savantes, , 146 p. (ISBN 978-2-846-54041-4, OCLC 470104312).
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