Conseiller diplomatique et chef du protocole du comité français d'organisation de la Coupe du monde 1998, il rejoint ensuite la FIFA où il exerce successivement les fonctions de conseiller international du Président (1999-2002), secrétaire général adjoint (2002-2005), délégué du Président (2005-2007) et enfin directeur des relations internationales (2007-2010) durant le mandat du président Sepp Blatter.
En 1997, Jérôme Champagne devient conseiller diplomatique et chef du protocole du Comité français d'organisation (CFO) de la Coupe du monde 1998[5].
C'est à l'occasion de la compétition que Jérôme Champagne rencontre Sepp Blatter, alors secrétaire général de la FIFA et candidat à la succession de João Havelange. Dès son élection à la tête de l'institution en , Sepp Blatter appelle Jérôme Champagne à ses côtés en tant que conseiller international aux côtés de Michel Platini nommé conseiller football du nouveau Président de la FIFA[6].
Carrière à la FIFA
Durant les onze années passées à la FIFA, Jérôme Champagne a suivi les questions de politique sportive, les relations avec les fédérations membres de la FIFA mais aussi des projets spécifiques.
Lors de son départ de la FIFA le , la FIFA publie un communiqué de presse dans lequel « le Président de la FIFA remercie Jérôme Champagne pour ses onze années passées en son sein et pour les projets qu’il a menés avec, entre autres, le Centenaire de la FIFA[7], les relations avec les gouvernements, l’Union européenne et la promotion de la spécificité du sport au sein de cette dernière, le programme «Gagner en Afrique avec l’Afrique»[8], le soutien au football palestinien, l’amélioration des relations FIFA-FIFPro au bénéfice de la gouvernance du football mondial, le développement du Centre international d'études du sport (CIES), les relations avec le CIO et les fédérations internationales. »[9]
En matière de développement du football, il sera chargé en 2006 du programme « Gagner en Afrique avec l’Afrique »[11] dont l’idée émerge à la suite d’une rencontre en 2005 entre le Président de l'Afrique du Sud, Thabo Mbeki, et Sepp Blatter afin que l’ensemble du continent bénéficie de la première Coupe du monde de football organisée en Afrique. Doté d’un budget de 70 millions de dollars voté lors du congrès de la FIFA à Munich en 2006[12], ce programme permettra la construction de plus de cinquante pelouses synthétiques, l’informatisation des licences de joueurs, la réorganisation des formats de nombreuses ligues locales et la mise en place de cours de management sportif en Égypte, au Sénégal et en Afrique du Sud.
En 2010, Jérôme Champagne quitte son poste de directeur des relations internationales de la FIFA[13]. Il explique son départ en se décrivant comme un « fusible politique[14]. »
Il exerce alors une activité de consultant en football international à titre individuel et au sein de l'agence Football Future[15].
Il joue un rôle actif dans le rapprochement entre les deux comités nationaux olympiques palestinien et israélien conduit par le CIO après la visite dans la région de Jacques Rogge en octobre 2010 et aussi dans les négociations conduites par le Président de la FIFASepp Blatter en 2013 pour la mise en place d’un mécanisme de médiation de la FIFA entre les fédérations de football palestinienne et israélienne[17].
En 2011, il devient conseiller du club congolais Tout Puissant Mazembe (TPM), présidé depuis 1998 par Moïse Katumbi Chapwe. Sa mission consiste alors à travailler à l'internationalisation du club et en faire un modèle sur le continent africain[19].
À l’été 2013, avec Jimmy Adjovi-Boco, ancien professionnel au Racing Club de Lens et capitaine de l'Équipe du Bénin de football « Les Écureuils du Bénin », il mène une mission de conseil pour le compte du gouvernement béninois pour la définition d’une « stratégie de modernisation » du football local[20].
Depuis l'automne 2012, Jérôme Champagne joue également un rôle de premier plan dans le rapprochement entre les fédérations chypriotes grecques et turques. Il contribue à la signature le à Zurich du premier accord depuis 1955 entre les deux fédérations de football en vue d'une réunification[21].
En 2014, il vise la présidence de la FIFA dont l’élection est prévue le , il doit cependant y renoncer, faute d’avoir pu présenter les cinq lettres de parrainage nécessaires[22].
Idées et principales prises de position
Jérôme Champagne est considéré dans le monde du football comme un réformiste[23],[24].
Il dénonce les effets de l'individualisme et du court-termisme sur le football :
« Comme le reste du monde et des autres activités humaines, le football a expérimenté depuis une vingtaine d’années le cocktail dangereux de la dérégulation de la globalisation dans un contexte de recherche systématique de tous les échappatoires possibles, légaux, fiscaux, judiciaires, etc., aux règles du sport »
— Jérôme Champagne, Quelle FIFA pour le XXIe siècle [25]?
C'est ainsi qu'il s'est adressé en 2012 à l'ensemble des 209 fédérations de football à travers un document de 26 pages intitulé Quelle FIFA pour le XXIe siècle ?[15]. Il explique sa démarche non comme « une approche du haut vers le bas, car il faut partir du football et prendre conscience de ces questions centrales pour définir ce qui est nécessaire d’accomplir et pour déterminer ce que pourrait être cette FIFA du XXIe siècle. »
« Les 7 défis de gouvernance pour le XXIe siècle »
Jérôme Champagne identifie 7 défis pour le football de demain[26].
Le déséquilibre entre le football amateur et le football professionnel
La remise en cause de l'équilibre entre football de club et football d'équipe nationale
La fracture entre le football d'Europe et le football du reste du monde
Les relations précaires entre joueurs et clubs
Les relations du football à l'argent entre le besoin d'en avoir et les dangers de ses excès
L'autonomie du football face au pouvoir politique
Les excès de la dérégulation économique dans l'économie du football
Selon lui, ces changements de fond ont produit « quelques vainqueurs mais surtout beaucoup de perdants » :
« Face à cette crise de la globalisation sans gouvernance, les États perdent le pouvoir face aux marchés et aux bourses. Si vous prenez cette dernière phrase et remplacez les mots « états », « marchés » et « bourses » par « fédérations », « ligues » et « clubs» respectivement, le parallélisme est plus que frappant »
— Jérôme Champagne
« Les 11 propositions concrètes »
Selon Jérôme Champagne, le débat sur l'avenir de la FIFA doit tourner autour de quatre axes : une gouvernance mondiale du football dominée par une FIFA proactive, le repositionnement des fédérations de football au cœur du processus de prise de décision, une plus juste redistribution des revenus du football pour compenser les inégalités actuelles et finalement une gouvernance basée sur la modernité, la transparence, le débat démocratique et l'éthique.
En tenant compte de ces quatre axes, Jérôme Champagne énonce 11 propositions concrètes pour réformer la FIFA[27].
Redynamiser le débat démocratique dans la pyramide du football
Accroitre encore les programmes de développement sur la base de nouveaux mécanismes de solidarité
Impliquer les ligues, les clubs et les joueurs dans les processus de décision
Restaurer le rôle et la centralité des fédérations au sein de la FIFA tout en clarifiant les relations avec les confédérations
Ajuster la FIFA aux évolutions du monde pour mieux les refléter
Redistribuer les responsabilités entre le président de la FIFA, le comité exécutif et les fédérations
Renforcer les structures de gouvernance de la FIFA
Réformer l'administration de la FIFA
Dépasser l'insularité des débats sur l'arbitrage
Définir et appliquer une notion plus globale de l'autonomie
Reconnecter la FIFA avec « le peuple du football »
Bien qu'il soit favorable à ce que l'on étende les pouvoirs des fédérations de football, Jérôme Champagne suggère également qu'on élargisse le comité exécutif de la FIFA en passant de 24 membres à 31 membres. On y trouverait le président du syndicat des joueurs, FIFPro ainsi qu'un représentant des clubs et des ligues. Les autres sièges supplémentaires seraient attribués aux zones Afrique, Asie, Amérique du Nord, Amérique centrale/Caraïbes, Amérique du Sud ainsi qu'un siège réservé pour le football féminin.
Dans ses nombreuses interventions publiques[28], il s’est engagé en faveur du rééquilibrage du rapport de forces entre les acteurs du football mais aussi entre les continents, et pour une adaptation de la FIFA aux évolutions du XXIe siècle (exigence éthique et de transparence, rôle des nouvelles technologies notamment pour un arbitrage rénové par ex.) et pour un volontarisme plus fort dans la correction des déséquilibres du football entre les continents, pays et clubs[29].
En 2015, sa candidature à la présidence de la FIFA échoue[30].
↑Communiqué de presse de la FIFA du 15 janvier 2010 signé par Nicolas Maingot / Éditorial de France Football, 19 janvier 2010, "Blatter sabre Champagne" page 49 / L’Équipe, 29 janvier 2010, "Pourquoi Champagne a trinqué", page 7