Né à Aumale en Algérie, Jean-Claude Brialy est le fils aîné de Roger Jean Brialy, officier français (lieutenant au 65e d'artillerie) et de Suzanne Abraham. Il a un frère cadet, Jacques, né deux ans après lui[1].
Il grandit, au hasard des affectations de son père, en Algérie à Blida et Bône, en France (d'abord à Marseille en 1943) et en Allemagne[2],[3].
La famille Brialy s’installe ensuite à Angers. Jean-Claude et son frère Jacques[4] vont à l’école au lycée David-d'Angers (où il connaît son « premier émoi de comédien » dit-il dans son autobiographie) et les vacances se déroulent chez leurs grands-parents à Chambellay ou bien à Issoire[5], dans le Puy-de-Dôme, chez ses grands-parents maternels. Il écrit en 2000 dans son autobiographie que c’est dans le village de Chambellay qu'il vit les plus beaux moments de son enfance marquée par un manque d'amour, élevé à la cravache par des parents qui entretiennent une rivalité avec son frère.
Une formation de comédien
En 1946, Jean-Claude Brialy fait son entrée au Prytanée national militaire de La Flèche dans la Sarthe (dont il est renvoyé pour organiser de la contestation et du chahut)[6], avant que sa famille s'installe à Saint-Étienne puis à Strasbourg, où il prépare et passe son baccalauréat et suit en parallèle des cours d’art dramatique, en cachette de son père qui le destine à une carrière militaire[7].
Il obtient le premier prix de comédie au conservatoire de Strasbourg et entre alors au centre d’art dramatique de l’Est, où il interprète différents rôles de théâtre. Pendant son service militaire à Baden-Baden, il est affecté au service cinématographique de l’armée en Allemagne, l’occasion pour lui de tourner en 1954 son premier court-métrage, Chiffonard, et Bon Aloi. À la fin de son service militaire, il part en à Paris, seul, car ses parents ne cautionnent pas ses velléités de saltimbanque[7].
Du cinéma à la télévision, et le château de Monthyon
En 1954, Jean-Claude Brialy débarque à Paris, vit de petits boulots, ses parents refusant de l'aider. Il fréquente alors la bande des Cahiers du cinéma et joue dans un court-métrage Le Coup du berger de Jacques Rivette. Après avoir été assistant-réalisateur stagiaire sur French Cancan de Jean Renoir en 1954, il va alors multiplier apparitions et rôles, dont Elena et les Hommes de Jean Renoir en 1956 (source d'une grande déception car la scène est coupée au montage alors qu'il voulait impressionner sa famille), Ascenseur pour l'échafaud de Louis Malle en 1957 et surtout Le Beau Serge et Les Cousins de Claude Chabrol, qui lui apportent la célébrité[7].
En 1959, il achète grâce à l'aide financière de Claude Chabrol et de François Truffaut le château de Monthyon, près de Meaux, que lui a fait connaître Marie-José Nat[8]. Il y passe plusieurs mois de convalescence après une lourde opération chirurgicale à la suite d'une mauvaise chute dans Le Beau Serge. Reconnu à la fois par le public et par ses pairs, Brialy est vite devenu l'ami de nombreux artistes. C'est chez-lui, à Monthyon, que Romy Schneider (son amie depuis 1958) se ressourcera après la mort accidentelle de son fils en 1981 et que Jacques Chazot, atteint d'un cancer de la gorge, passera les derniers mois de sa vie, avant d'être enterré en 1993 dans le cimetière de la commune[9]. Jean-Claude Brialy achète aussi, en 1966, un ancien bistrot de l'île Saint-Louis à Paris, qu'il fait transformer en restaurant, à l'enseigne de L'Orangerie. Ce lieu de vie nocturne verra défiler en toute discrétion un grand nombre d'artistes français et étrangers[9].
Ce château, c'est la vie de Jean-Claude Brialy qui y a vécu quarante-huit ans, "à la campagne" comme il disait, lui qui n'aimait pas la campagne. Il l'avait choisi pour son emplacement, face à la mairie, l'église et l'école, de manière à faire comme son grand-père paternel : regarder l'horloge de l'église et entendre les cloches. En effet, son grand-père avait acheté en 1937 à l'Exposition Universelle une horloge qui ne fonctionna jamais. Sans cesse, son grand-père regardait l'horloge de l'église. Cette habitude ne le quitta jamais.
Le petit théâtre, comme l'appelait Jean-Claude, était réservé aux projections privées avec les amis. Au premier étage, on trouve les anciens sièges du théâtre des Bouffes-Parisiens.
Il devient un acteur prisé des réalisateurs de la Nouvelle Vague, jouant pour Jean-Luc Godard dans Une femme est une femme, pour Éric Rohmer dans Le Genou de Claire et pour François Truffaut, dans La Mariée était en noir. Il est très proche de François Truffaut. En 1968, ce dernier demande à Marcel Berbert et à Jean-Claude Brialy d'être les témoins de son mariage avec Claude Jade, mariage qui ne se fera pas. Grand travailleur, il tourne plusieurs films par an, jouant également au théâtre. Il manquera aussi de travailler avec Claude Sautet au cinéma, mais finalement, avec le temps, aucun projet ne se concrétisera avec ce réalisateur.
Il passe à la réalisation en 1971, avec son premier film, Églantine, qu'il tourne à Chambellay, un village d'Anjou d'où sont natifs ses grands-parents puis, en 1973, Volets clos. Il tourne L'Oiseau rare en 1973, avec Anny Duperey et Barbara, au château de Lesches, en Seine-et-Marne, non loin de son château de Monthyon. En , il réalise pour la télévision, Les Malheurs de Sophie, tourné au château de Lorie à La Chapelle-sur-Oudon, près de Segré.
En 2000 et 2004, il écrit deux livres autobiographiques qui rencontrent un réel succès de librairie : Le Ruisseau des singes (éd. Robert Laffont), où il évoque plus particulièrement les bons moments de son enfance passés à Chambellay près d’Angers (« Mon paradis, c’est l’Anjou ») et J’ai oublié de vous dire (XO éditions). En 2006, à la suite de son voyage dans son pays natal, il publie Mon Algérie (Timée éditions). Il écrit aussi des anthologies : Les Pensées les plus drôles des acteurs et Les Répliques les plus drôles du théâtre de boulevard (Le Cherche-Midi).
Personnalité du « tout-Paris », il intervient parallèlement dans de nombreuses émissions de radio et de télévision, comme Les Grosses Têtes de Philippe Bouvard sur RTL. Il participe régulièrement à l’émission.
On retrouve aussi régulièrement Jean-Claude Brialy à l'émission télévisée de variétés Numéro Un, de Maritie et Gilbert Carpentier, entre 1975 et 1982, où, souvent, il accompagne les artistes avec humour.
Sa proximité avec les artistes l'amène à assister à la plupart des enterrements de célébrités, à tel point que son ami Thierry Le Luron l'avait surnommé « la Mère Lachaise » (en référence au célèbre cimetière parisien et à son homosexualité)[7]. Jean-Claude Brialy n’avait pas apprécié ce sobriquet en forme d’outing, dans la mesure où Thierry Le Luron cachait soigneusement sa propre homosexualité.
Il devient ainsi rapidement, à partir des années 1970 le confident des grandes stars, comme Arletty, ou Jean Gabin, et il acquiert un savoir encyclopédique sur le show business. Toutefois, il publie entre 2000 et 2007 une grande partie de ses connaissances et anecdotes, avec des récits largement autobiographiques (dont Le Ruisseau des singes, en 2000).
Il racontera aussi, en parallèle, ses anecdotes et confidences sur le show business, en de nombreuses émissions de télévision, ou de radio, où il était un « bon client ». Il était aussi consulté régulièrement pour des documentaires sur diverses personnalités.
Entre 2006 et 2007, il soutient la candidature à la présidence de la République de Nicolas Sarkozy, dont il assiste à de nombreux meetings.
Celui-ci est élu président, quelques jours avant la mort de Brialy à Monthyon, le (des suites d’un cancer du foie, n’ayant averti personne — pas même ses amis proches — de sa maladie) à qui il rend alors hommage par un communiqué, puis en assistant à ses obsèques. Celles-ci sont célébrées en l’église Saint-Louis-en-l'Île, le . La messe des funérailles est concélébrée par l’évêque Jean-Michel Di Falco et l’abbé Gérard Pelletier, en présence de nombreuses autres personnalités et célébrités. La maladie dont serait mort Jean-Claude Brialy est connue en détail et confidences par Line Renaud, et Monseigneur Jacques Gaillot.
Jean-Claude Brialy est enterré au cimetière de Montmartre (division 15), l'acteur cabot ayant choisi volontairement une tombe juste à côté de la célèbre « Dame aux Camélias » pour bénéficier de la visite de ses admirateurs. Un édicule abrite une muse couronnée de pavots[11].
Vie privée
Son homosexualité, longtemps cachée à son père et au monde du cinéma, est revendiquée depuis la parution en 2000 de son autobiographie Le Ruisseau des singes[12]. Il déclare au magazine Têtu en qu'au début de sa carrière, « c’était tabou. […] D’ailleurs, je ne vois pas l’intérêt de dire : « Il est jaune », « Il est juif » ou « Bonjour, je suis homosexuel ». Moi, j’étais un « homosexuel naturel », je ne me suis jamais posé de questions, j’ai eu des aventures avec des femmes, des hommes… J'ai choisi les hommes par égoïsme, parce que je trouvais que les rapports étaient plus simples, mais aussi par goût ». En 1994, Jean-Claude Brialy participe au doublage du film Priscilla, folle du désert, qui traite du thème de l'homosexualité : il prête sa voix à l'acteur Terence Stamp.
Opposé au mariage gay, mais favorable à un PACS amélioré (« Les gens qui se pacsent devraient avoir les mêmes droits que les gens mariés »), Jean-Claude Brialy s'est engagé dans la lutte contre le sida, notamment aux côtés de Line Renaud : « Beaucoup croient que le sida se guérit, mais pas du tout, la mort est toujours au bout. Les homosexuels doivent montrer l'exemple et encourager les gens à se protéger, à se défendre. Je suis un porte-parole de Sidaction. Je vais aux réunions et il y a quelques années, j'ai fait avec Sophia Loren une vente aux enchères qui a rapporté dix millions de francs. On a pu acheter une maison à Genève pour les gens en fin de vie. »
En 2006, une année avant le décès du comédien, la ville de Meaux reçoit en legs sa propriété de Monthyon et sa collection d'objets[13] sous la condition « d'en faire un lieu dédié à la création et aux artistes » et de l'ouvrir au public[14]. En 2013, Bruno Finck (1962-2021), son dernier compagnon et son héritier, vend aux enchères le contenu de l'appartement de l'île Saint-Louis qu'il partageait avec le comédien[15]. Son compagnon vivait toujours au château de Monthyon en tant qu'usufruitier du domaine avant qu'il ne meure en 2021 d'une maladie génétique, la Chorée de Huntington.[réf. nécessaire]
Postérité
Les jardins du château sont régulièrement ouverts au public, de même que le « théâtre des Petits Bouffes » baptisé ainsi en souvenir du théâtre des Bouffes-Parisiens dont le comédien a été le directeur pendant plus de vingt ans : l'ancienne dépendance aménagée en salle de cinéma a été restaurée par la mairie de Meaux et la programmation du théâtre alterne concerts, représentations théâtrales et séances de cinéma.
Le château ouvre pour la première fois ses portes au public lors des Journées Européennes du Patrimoine les 17 et [16], l'animation et la curation de l'événement ayant été confiées à la journaliste Florence Belkacem qui avait côtoyé Jean-Claude Brialy à Europe 1. Ont été notamment présentés[17] le piano de la chanteuse Barbara – un Erard quart de queue, model 0 –, cadeau de l'artiste à la chanteuse qui habitait à Précy-sur-Marne ainsi qu'un bronze réalisé par Jean Cocteau en 1946 représentant Jean Marais tel qu'il était grimé dans le film La Belle et la Bête. Au premier étage, on peut y voir les chambres occupées par Romy Schneider et les sœurs Dorléac (Catherine Deneuve et Françoise Dorléac). À l'automne 2023, le château a été ouvert au public. Il peut désormais se visiter aux beaux jours, sur réservation, en visite guidée[18].
1967 : Anna (bande originale de Serge Gainsbourg du téléfilm Anna, Super 45 tours Philips 437.279 BE) - interprétation en solo ainsi qu'en duo avec Serge Gainsbourg et avec Anna Karina
Monaco : Commandeur de l'ordre du Mérite culturel ()[26]
Jean-Claude Brialy est le sujet d'un documentaire de 1h30, diffusé par France-Télévisions en 2013. Produit par Fabienne Servan-Schreiber et Laurence Miller pour Ciné-Tévé, Jean-Claude Brialy ou le goût des autres, écrit et réalisé par Henry-Jean Servat, avec Bruno Bouvier réunit, dans son château de Monthyon, Claudia Cardinale, Robert Hossein, Nana Mouskouri, Françoise Arnoul, Mylène Demongeot, Pierre Arditi, Marina Vlady, Anna Karina et 10 autres de ses amis.
À l'occasion du 10e anniversaire de la mort de Jean-Claude Brialy (2017), Bruno son compagnon crée l'association des amis de Jean-Claude Brialy en réunissant ainsi tous les amis du comédien au sein d'un comité d'honneur prestigieux. Brigitte Fossey est, après la disparition de Jeanne Moreau, la présidente de ce comité d'honneur. Cette même année le documentaire de 26 minutes Une maison, un artiste réalisé par François Chayé et produit par A Prime Group, avec la participation de France télévision, est diffusé sur France 5.