Ingénieur aux travaux maritimes dans la généralité de Rouen, il est d'abord chargé de l'amélioration du port de Honfleur, où il rencontre et se marie avec une riche veuve, Judith de la Rivière, veuve en troisièmes noces de Karl Léopold, comte de Hornebourg (1716-1793), fils légitimé du prince de Montbéliard Léopold-Eberhard de Wurtemberg, dont il se sépare rapidement après un commun accord. Il propose la construction d'un canal parallèle à la Seine, entre Quillebeuf et la mer, mais la Révolution française empêche l'étude du projet. Il est porté comme maire à la tête de la commune de 1790 à 1792.
Nommé ingénieur en chef des travaux du Calvados, il travaille à l'étude et aux travaux du canal de Caen à la mer[1], et à l'établissement de marine militaire dans la fosse de Colleville à l'embouchure de l'Orne[2]. En 1792, il participe à la commission chargée d'étudier les travaux de la rade de Cherbourg, que la chute de la monarchie suspend.
Passé directeur des travaux maritimes après le 18 brumaire et inspecteur général des ponts et chaussées en 1802, il reprend les réflexions de la commission sur les travaux de la rade de Cherbourg, et publie un rapport en juillet 1802 dans le Moniteur, où il préconise la construction d'une batterie défensive centrale sur la digue. Affecté par Napoléon Ier à la direction générale des travaux maritimes de Cherbourg en 1804, il intègre également le conseil général de la Manche qu'il préside plus tard. Pendant 20 ans, il conclut l'édification et la fortification de la digue, réalise l'amélioration du port de commerce, et le creusement des bassins du port militaire, constituant le Nouvel arsenal.
Honoré de Balzac le cite comme un homme de génie dans Le Curé de village :« Cachin, l'homme de génie à qui l'on doit Cherbourg (…). Le génie n'obéit qu'à ses propres lois, il ne se développe que par des circonstances sur lesquelles l'homme ne peut rien : ni l'État, ni la science de l'homme, l'Anthropologie, ne les connaissent. Riquet, Perronet, Léonard de Vinci, Cachin, Palladio, Brunelleschi, Michel-Ange, Bramante, Vauban, Vicat tiennent leur génie de causes inobservées et préparatoires auxquelles nous donnons le nom de hasard, le grand mot des sots[3]. »
Il parle aussi de lui dans La Duchesse de Langeais[4].
Publication
Joseph-Marie-François Cachin, Mémoire sur la digue de Cherbourg, comparée au breakwater ou jetée de Plymouth, Paris, imprimerie de Firmin Didot père et fils, (lire en ligne)
Au XXIe siècle, le nom de Joseph Cachin désigne le dispositif moderne, de mise à l'eau des sous-marins (forme Cachin) dans le port militaire de Cherbourg.
Notes et références
↑Il écrit à ce propos deux mémoires : Mémoire sur la navigation de l'Orne inférieure ou projet des ouvrages à exécuter pour l'établissement d'un port de commerce sous les murs de Caen et d'un port militaire sur le rivage de Colleville, Paris, Impr. Bailleul, an VII (1804), et Travaux maritimes. Rapport à l'administration centrale du département du Calvados, le 16 floréal an V, sur les décisions du ministre de l'Intérieur du 28 nivôse et 25 pluviôse an V, relativement aux travaux entrepris sur l'Orne pour l'établissement d'un nouveau port sous les murs de Caen, Caen, 1802.
↑p. 171, folio classique no 127 : « Les cordes avaient assez de jeu pour offrir aux fureurs des vagues cette courbure étudiée par un ingénieur, feu Cachin, l'immortel créateur du port de Cherbourg, la ligne savante au-delà de laquelle cesse le pouvoir de l'eau courroucée ; courbe établie d'après une loi dérobée aux secrets de la nature par le génie de l'observation, qui est presque tout le génie humain. »
Encyclopédie catholique, 1842, tome 4, p. 704-705(lire en ligne)
Annales maritimes et coloniales, IIe partie, , p. 250-257
Alain Guillemin, « Cachin (Joseph-Marie-François) », Grands notables du Premier Empire, vol. 14, Manche, Mayenne, Côtes-du-Nord. Paris : CNRS, 1986
Margaret Bradley, « Joseph Cachin (1757-1825), ou selon Balzac « l’homme de génie à qui l’on doit Cherbourg » », bibnum, (lire en ligne)
Gérard Leterc (préf. Gérard Hurpin), Des pionniers pour un monde meilleur : la route et les hommes en Seine-Maritime au XVIIIe siècle, Elbeuf, , 314 p. (ISBN2-9505203-0-8), p. 234