Jeune homme, Ken Domon est particulièrement influencé par les écrits philosophiques de Tetsurō Watsuji[2]. Il étudie le droit à l'université Nihon de Tokyo dont il est exclu en 1932 à cause de son activité politique au sein de la contestation paysanne[3]. Il passe de la peinture à la photo de portrait et en 1933 devient assistant-photographe du studio photographique de Kotaro Miyauchi[3]. En 1935, il intègre l'agence Nippon-Kobo pour travailler sur son magazine Nippon. Ses opinions politiques lui valent d’être placé sous surveillance policière sous prétexte d’être un danger « pour la paix et l'ordre »[4]. Quatre ans plus tard il se rapproche de la Kokusai Bunka Shinkōkai[5], organisation nationale de propagande[1], comme Ihei Kimura et de nombreux autres photographes japonais notables afin de participer à l'effort de guerre.
À partir de 1950, ses idées humanistes le conduisent à photographier les « symptômes » de la réalité sociale. À travers plusieurs reportages, notamment sur la vie des enfants de mineurs au chômage, il souhaite que la société exprime « la colère, le plaisir ou la tristesse des hommes de ce temps ». En 1958, le réalisme de Domon se concrétise dans Hiroshima, ouvrage dans lequel il photographie les survivants de la bombe atomique. Parallèlement, il photographie l'art traditionnel japonais, architecture, sculpture.
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, Domon travaille en indépendant et documente les lendemains de la guerre en se concentrant sur la société et la vie des gens ordinaires[2]. Il s'affirme comme un partisan du réalisme de la photographie qu'il décrit comme « un instantané absolu qui n'est absolument pas dramatique »[1]. Il est un contributeur prolifique de magazines photographiques, relancés ou nouvellement créés au début des années 1950. Avec Kimura, Hiroshi Hamaya et d'autres, il rejette la pose et autres artifices photographiques ; dans ses polémiques dans les magazines photographiques, Domon est le représentant le plus vigoureux de ce point de vue dont il définit de manière fameuse le but comme « le lien direct entre la caméra et le motif »[1].
Parmi les images les plus puissantes de Domon figurent celles prises durant la première décennie après la guerre, en particulier celles des survivants du bombardement atomique d'Hiroshima, la vie et en particulier les enfants dans une pauvre communauté de mines de charbon à Chikuho[6], et les jeux improvisés des enfants dans l'arrondissement de Kōtō à Tokyo.
En 1958, Domon reçoit le prix Mainichi de photographie et celui du photographe de l'année de l'Association des critiques du Japon. Il reçoit le prix des arts décerné par le ministère de l’Éducation en 1959 et le prix du Congrès des journalistes du Japon en 1960[3]. Domon souffre accidents vasculaires cérébraux en 1960 et 1968[3] qui finalement l'empêchent de tenir une caméra et le laissent confiné dans un fauteuil roulant. Cela ne l'empêche pas de photographier et de documenter la culture traditionnelle du Japon[1]. Il voyage intensément à travers le pays et photographie ses temples bouddhistes dans ce qui va devenir une série imposante de livres luxueusement produits.
En 1963, il commence à travailler sur l'œuvre majeure de sa vie, Koji junrei (1963–1975)[1]. En ce qui concerne ses photographies de la culture traditionnelle du Japon, Domon écrit: « Je suis impliqué dans les réalités sociales d'aujourd'hui en même temps que je suis impliqué dans les traditions et la culture classique de Nara et Kyoto, et ces deux implications sont liées par leur commune recherche du point où elles sont liées au sort du peuple, à la colère, la tristesse et à la joie du peuple japonais »[7].
La méthode de Domon pour photographier ces temples consiste à rester sur un emplacement pendant un certain temps avant de prendre la première photo. Il commence alors à photographier non pas à partir d'une approche systématique, scientifique du sujet mais sur la base de la façon dont ses sentiments envers les sujets l'ont amené à les enregistrer[8]. Domon préface ainsi le premier volume de Koji Junrei : « Ceci est donc conçu comme un livre bien-aimé, un livre qui permet à l'individu japonais de réaffirmer la culture et les gens qui l'ont formée »[9].
En 1976, Domon est complètement frappé d'incapacité par une troisième crise cardiaque.
Chūsonji (中尊寺). Nihon no Tera 4. Tokyo : Bijutsushuppansha, 1959
Saihōji, Ryūanji (西芳寺・竜安寺). Nihon no tera 10. Tokyo : Bijutsushuppansha, 1959
Chikuhō no kodomotachi: Ken Domon shashinshū (筑豊のこどもたち:土門拳写真集). Patoria Shoten, 1960. 築地書館, 1977
Chikuhō no kodomotachi: Ken Domon shashinshū. Zoku: Rumie-chan ha otōsan ga shinda (筑豊のこどもたち:土門拳写真集 続 るみえちゃんはお父さんが死んだ). Patoria Shoten, 1960
Hōryūji (法隆寺). Nihon no Tera 6. Tokyo : Bijutsushuppansha, 1961
Murōji (室生寺). Nihon no Tera 13. Tokyo : Bijutsushuppansha, 1961
Kyōto (京都). Nihon no Tera. Tokyo : Bijutsushuppansha, 1961
Nara (奈良). Nihon no Tera. Tokyo : Bijutsushuppansha, 1961
(en) Masterpieces of Japanese sculpture Tokyo : Bijutsuhuppansha; Rutland, Vt.: Tuttle, 1961. Texte de J. E. Kidder
Kasuga (春日). Nihon no Yashiro 4. Tokyo : Bijutsushuppansha, 1962
Koji junrei (古寺巡礼). 5 vols. Tokyo : Bijutsushuppansha, 1963-75. Édition internationale (texte anglais ajouté au texte en japonais) : A Pilgrimage to Ancient Temples. Tokyo : Bijutsushuppansha, 1980
Tōji: Daishinomitera (東寺: 大師のみてら). Tokyo : Bijutsushuppansha, 1965
Shigaraki Ōtsubo (信楽大壷). Tokyo : Chūnichi Shinbun Shuppankyoku, 1965
Sōfū; his boundless world of flowers and form. Tokyo : Kodansha International, 1966. Texte de Teshigahara Sōfu
Nihonjin no genzō (日本人の原像). Tokyo : Heibonsha, 1966
Yakushiji (薬師寺). Tokyo : Mainichi Shinbunsha, 1971
Bunraku (文楽). Kyoto: Shinshindō, 1972
Tōdaiji (東大寺). Tokyo : Heibonsha, 1973
(ja) Nihon meishōden (日本名匠伝). Kyoto : Shinshindō, 1974 Portraits de célébrités, la plupart en couleur.
Koyō henreki (古窯遍歴). Tokyo : Yarai Shoin, 1974
Shinu koto to ikiru koto (死ぬことと生きること). 築地書館, 1974
(ja) Watakushi no bigaku (私の美学, My aesthetics). Kyoto : Shinshindō, 1975 Domon photographie des arts et architecture japonais (en noir et blanc et couleur) et écrit des commentaires.
Nihon no bi (日本の美). Nishinomiya : Itō Hamu Eiyō Shokuhin, 1978
Shashin hihyō (写真批評). Daviddosha, 1978
Nyoninkōya Murōji (女人高野室生寺). Tokyo : Bijutsushuppansha, 1978
(ja) Fūkei (風景). Tokyo : Yarai Shoin, 1976. Popular edition, Tokyo : Yarai Shoin, 1978
Gendai chōkoku: Chōkoku no Mori Bijutsukan korekushon (現代彫刻: 彫刻の森美術館コレクション) / Sculptures modernes : Collection de The Hakone Open-air Museum. Tokyo : Sankei Shinbunsha, 1979 Avec quelques texte en français et en japonais.
Shashin zuihitsu (写真随筆). Tokyo : Daviddosha, 1979
Domon Ken Nihon no Chōkoku(土門拳日本の彫刻). Tokyo : Bijutsushuppansha
1. Asuka, Nara (飛鳥・奈良). 1979
2. Heian zenki (平安前期). 1980
3. Heian kōki, Kamakura (平安後期・鎌倉). 1980
Domon Ken: Sono shūi no shōgen (土門拳:その周囲の証言). Tokyo : Asahi Sonorama, 1980
Nihon no bien (日本の美艶). Gendai Nihon Shashin Zenshū 7. Tokyo : Shūeisha, 1980
Domon Ken Nihon no kotōji: Tanba, Imari, Karatsu, Eshino, Oribe, Tokoname, Atsumi, Shigaraki, Kutani, Bizen (土門拳日本の古陶磁:丹波・伊万里・唐津・絵志野・織部・常滑・渥美・信楽・九谷・備前). Tokyo : Bijutsushuppansha, 1981
(ja) Domon Ken (土門拳). Shōwa Shashin Zenshigoto 5. Tokyo : Asahi Shuppansha, 1982 Vue d'ensemble des travaux de Domon.
(ja) Mishima Yasushi (三島靖). Kimura Ihee to Domon Ken: Shashin to sono shōgai (木村伊兵衛と土門拳:写真とその生涯, Ihei Kimura and Ken Domon: Photography and biography). Tokyo : Heibonsha, 1995 (ISBN4-582-23107-1). Réimpression. Heibonsha Library. Tokyo : Heibonsha, 2004 (ISBN4-582-76488-6)
Kindai shashin no umi no oya: Kimura Ihee to Domon Ken (近代写真の生みの親:木村伊兵衛と土門拳) / Kimura Ihei and Domon Ken. Tokyo : Asahi Shinbunsha and Mainichi Shinbunsha, 2004 Catalogue d'exposition.
(ja) Sengo shashin / Saisei to tenkai (戦後写真・再生と展開) / Twelve Photographers in Japan, 1945-55. Yamaguchi : Yamaguchi Prefectural Museum of Art, 1990[12]Catalogue d'une exposition organisée au musée d'art de la préfecture de Yamaguchi. Vingt des photographies de Domon d'enfants à Tokyo paraissent pp. 18-28.
↑« KBS », Société pour les relations culturelles internationales.
↑Qui n'est pas une hypercorrection[Quoi ?] pour « Chikuho » mais un autre endroit ; voir ja:筑豊のこどもたち) Kyūshū.
↑Domon, Ken. "Demo shuzai to koji junrei [Demonstration shooting and pilgrimage to ancient temples], Asahi Shimbun, 11 mars 1968. Cité dans Watanabe (1998), p. 4.
Satake Makoto (佐高信). Sakashiranami no hito: Domon Ken no shōgai (逆白波のひと・土門拳の生涯). Tokyo : Shōgakukan, 2003 (ISBN4-09-607015-7).
Yoshio Watanabe, Domon, Ken et Ishimoto, Yasuhiro, The Beauty of Japan Photographed, Tokyo, The Japan Foundation, , 4–5 p., « The Severe, Steady Gaze-- Domon Ken's Koji Junrei »