Le bâtiment, construit en 1816, est connu pour être le lieu où Oscar Wilde (1854-1900) est mort et pour les séjours que Jorge Luis Borges (1899-1986) y a fait.
En 1816, au-dessus de grandes caves, est construit un « pavillon d'amour » qui est ensuite rehaussé de six étages, pour constituer une maison Directoire à vocation d'hôtellerie[1],[2].
En 1825, la rue des Beaux-Arts est ouverte, sous le nom de passage des Beaux-Arts, à l’emplacement de l’hôtel de Larochefoucauld[3].
En 1963, un industriel du textile achète l’immeuble et confie sa rénovation à l’architecte Robin Westbrook[4]. Au début des années 2000, les nouveaux propriétaires en confient la rénovation au décorateur Jacques Garcia[5]. En 2013, c'est un restaurant et un hôtel 4 étoiles de vingt chambres, répertorié au registre des hébergements classés depuis le [6].
Appellation
Portant le nom d'« Hôtel d’Allemagne » puis « Hôtel d’Alsace » après la guerre franco-allemande de 1870, le bâtiment est renommé « L'Hôtel » en 1963[4],[7],[2].
Prix Oscar-Wilde
Jacques de Ricaumont et Maria-Pia de Savoie, présidente de l’Association des amis d’Oscar Wilde, créent avec Guy-Louis Duboucheron, propriétaire du bâtiment, le prix Oscar-Wilde, remis par le Cercle Oscar Wilde, lors de la réouverture de l’établissement en 2000. Le premier prix est attribué à Frédéric Mitterrand pour son livre Un jour dans le siècle[8].
Occupants célèbres
Oscar Wilde
L’écrivain Irlandais Oscar Wilde (1854-1900) passa ses derniers mois (sous le nom de Sebastian Melmoth) dans le modeste Hôtel d’Alsace.
Durant ses derniers moments, il y aurait prononcé la phrase fameuse « je meurs au-dessus de mes moyens » (« I am dying beyond my means »)[9] lorsqu’on lui présenta la note (d’autres sources attribuent la cause de cette remarque aux honoraires de ses médecins[10]). On rapporte également qu’affligé par l’état alors assez piteux de l'hôtel, l'écrivain aurait déclaré : « Mon papier peint et moi nous livrons un duel à mort. L'un ou l'autre de nous va devoir s'en aller » (« My wallpaper and I are fighting a duel to the death. One or other of us has got to go[11] »).
À l’époque où Oscar Wilde y est mort, l’Hôtel d’Alsace était un hôtel miteux, dont l’écrivain parlait à son éditeur en disant : « Cette pauvreté vous brise réellement le cœur : c'est si sale, si totalement déprimant et sans espoir. Je vous prie de faire ce que vous pouvez » (« This poverty really breaks one's heart: it is so "sale", so utterly depressing, so hopeless. Pray do what you can »[12]).
Le propriétaire de l’hôtel d’Alsace est alors Jean Dupoirier qui se montre patient pour les impayés de son client[13] : « Ce cher Monsieur Melmoth, il en raconte des histoires... et toujours un mot aimable…[14] ».
Le 10 octobre 1900, l’écrivain fut opéré à l’oreille par le chirurgien Cleiss dans sa chambre de l’hôtel d’Alsace[15].
Oscar Wilde mourut dans sa chambre d’hôtel le vendredi 30 novembre 1900 « exactement à 2 heures moins dix de l’après-midi »[16]. L’écrivain fut photographié sur son lit de mort par son ami Maurice Gilbert[17], ce qui permet de se faire une idée du papier peint.
Peu de temps avant sa mort il reçut le baptême catholique et l’extrême onction ; le père Cuthbert Dunne, prêtre catholique anglophone, se déplaça dans la chambre d’hôtel pour cela : le malade ne pouvait déjà plus parler et donna son accord par geste[18].
Le lundi 3 décembre 1900, le corbillard partit de l’hôtel d’Alsace pour l’église Saint-Germain-des-Prés où ce catholique in extremis eut droit à une cérémonie avant d’être inhumé au cimetière parisien de Bagneux[19]. On remarqua la couronne des Dupoirier portant l’inscription À notre locataire[20].
La dernière note d’hôtel a été pieusement conservée : établie le 2 Xbre (décembre) 1900 par J. Dupoirier (Hôtel d’Alsace, « appartements & chambres meublés »), elle s’élevait à 2 068 francs[21].
Robert Ross tint à régler cette note au si bon Jean Dupoirier en 1902, dès qu’il eut un peu rétabli les affaires (posthumes) de l’écrivain[22].
↑Jorge Luis Borges: Conversations, Frommer’s Memorable Walks in Paris, ou encore London Charivari, Volume 293.
↑« L'Hôtel », sur le site Cosmopolis (version française), (consulté le ).
↑(en) Piers Letcher, Eccentric France: The Bradt Guide to Mad, Magical and Marvellous France, [lire en ligne], Bradt Travel Guides, 2003, p. 176.
↑(en) Philip Dossick, Oscar Wilde: Sodomy And Heresy, [[lire en ligne], Éditions Artisan Devereaux, chapitre « The Trial of Oscar Wilde ».]
↑(en) Justin Spring, Secret Historian: The Life and Times of Samuel Steward, Professor, Tattoo Artist, and Sexual Renegade, [lire en ligne], Macmillan, 2010 (ISBN978-1-42993-294-3), p. 66.