L'administrateur de la société, au capital de 300 000 fr. est Gaston Wiallard, un Juif converti, de son vrai nom Gaston Crémieux[1]. Il est l'homme de paille du financier J.-B. Gerin, ancien directeur-fermier du National[2].
Le premier numéro de La Libre Parole paraît le [3] au prix de 5 centimes. Un sous-titre apparaît en Une : « La France aux Français ».
Drumont et Wiallard lancent en un hebdomadaire, en plus de son quotidien, La Libre Parole illustrée[4] : ce n'est pas le premier supplément, puisqu'en était sorti le premier Almanach de La Libre Parole[5].
Ligne éditoriale
Se réclamant de thèses proches du socialisme, mais en réalité faisant montre de populisme ancré dans une recherche d'un ennemi imaginaire[6], La Libre Parole se fait surtout connaître par la dénonciation de différents scandales dont, le , le scandale de Panama qui doit son nom à la publication d'un dossier dans le journal.
En , débute l'affaire Dreyfus. La Libre Parole connaît alors un succès considérable, le journal étant le premier à révéler l'arrestation du capitaine Dreyfus sans toutefois le nommer. Il sera un des principaux supports des antidreyfusards.
Parallèlement, La Libre Parole prône un anticapitalisme virulent en raison du lien établi par Drumont et ses collaborateurs entre juif et capital. Le journal s'intéresse aussi aux massacres d'Arméniens qui ont lieu en Turquie[7]. De son côté, La Libre Parole illustrée publie alors de nombreuses caricatures antisémites puis cesse de paraître en 1897[8].
Départ de Drumont
Drumont quitte la direction du journal vers 1898 alors qu'il fait son entrée en politique (élu comme député d'Alger jusqu'en 1902). Vers 1908, désireux de céder La Libre Parole à Léon Daudet, Drumont tente de fusionner le journal avec L'Action française, mais le projet échoue.
Le vendredi , le journal La Libre Parole indique comme directeur Édouard Drumont, qui, dans un article, est présenté comme président du « Comité national antijuif ».
En première page, les titres de deux autres articles ce jour-là sont : “L’oncle des petits youpins” et “Le juif errant”.
Après la mort, en 1909, de son rédacteur en chef Gaston Méry[9], Drumont, en , cède finalement La Libre Parole à Joseph Denais[10]. Henri Bazire en devient le rédacteur en chef. Le journal devient alors un organe catholique de la tendance Action libérale populaire mais ne connaîtra plus le succès que lui avait assuré le style pamphlétaire et belliqueux de Drumont. En , il publie une déclaration du marquis de l'Estourbeillon en faveur de l'enseignement du breton à l'école.
Principaux collaborateurs du journal
Octave Biot (pseudonyme : Commandant Z ; secrétaire adjoint auprès de Monniot)[11].
La Libre parole, « Revue mensuelle », (Brunoy puis Paris, 1930-1936), dirigée par Henry Coston. En avril 1935 elle absorbe l'hebdomadaire Le Porc-épic et paraît alors sous le titre de La Libre parole et le Porc-épic. En octobre 1937, elle est remplacée par Le Siècle nouveau, revue mensuelle publiée par l'Office de propagande nationale (Vichy). Cette première Libre parole est publiée parallèlement à la suivante :
La Libre Parole, « Organe nationaliste indépendant », revue mensuelle (Paris, I-III, octobre 1930-1932), dirigée par Henry Coston. Elle paraît aussi, la même année, sous le titre La Libre parole politique et sociale.
Elle devient ensuite La Libre parole populaire, « Organe mensuel poursuivant l'œuvre d'Édouard Drumont » (Paris, I-II, 1933 - novembre 1934).
Elle rechange de nom pour Libres paroles, « Journal de propagande nationaliste » (Paris, décembre 1934-1935).
Elle redevient à nouveau La Libre parole « Journal hebdomadaire » (Paris, septembre 1935 - avril 1939). En 1938, Coston reprend officiellement la tomaison de La Libre parole de Drumont.
Candidat à la députation à Alger (comme naguère Drumont) Coston renomme son journal pour La Libre parole d'Alger (puis Libre Parole nord-africaine d'Alger et du Nord de l'Afrique), et parfois La Parole enchaînée (Alger, avril 1936 - février 1937 et un dernier no en 1939). Henry Coston invoque, pour justifier la cessation de parution, la saisie des publications et des tracts, les perquisitions, les inculpations, la confiscation des archives et des documents dans ces locaux[12].
↑Georges Bernanos, La Grande Peur des bien-pensants, 1931, chapitre X.
↑Les statuts indiquent que la « Société de La Libre parole illustrée, anonyme au capital de 160 000 francs, (…) a pour fondateur M. Gaston Wiallard », Guillaume Doizy
↑Jean-Marie Seillan, « Nord contre Sud. Visages de l'antiméridionalisme dans la littérature française de la fin du XIXe siècle », Loxias, t. 1, (lire en ligne)