Cet article concerne les langages formels en informatique. Pour d'autres usages, voir Formalisation (mathématiques).
Un langage formel, en mathématiques, en informatique et en linguistique, est un ensemble de mots[1]. L'alphabet d'un langage formel est l'ensemble des symboles, lettres ou lexèmes qui servent à construire les mots du langage ; souvent, on suppose que cet alphabet est fini. La théorie des langages formels a pour objectif de décrire les langages formels.
Les mots sont des suites d'éléments de cet alphabet ; les mots qui appartiennent à un langage formel particulier sont parfois appelés mots bien formés ou formules bien formées. Un langage formel est souvent défini par une grammaire formelle, telle que les grammaires algébriques et analysé par des automates.
Objectifs
La théorie des langages formels étudie les aspects purement syntaxiques de tels langages, c'est-à-dire leur structure interne formelle. La théorie des langues est issue de la linguistique, comme moyen de comprendre les régularités syntaxiques de langues naturelles :
En informatique, les langages formels sont souvent utilisés comme base pour la définition des langages de programmation et d'autres systèmes ; les mots d'un langage comportent alors aussi un sens, une sémantique.
L'étude des langages formels comporte l'ensemble des moyens de description et d'analyse de ces langages, comme les grammaires formelles pour la génération et les automates pour la reconnaissance, mais elle s'intéresse aussi à l'apprentissage automatique et la traduction automatique des langages. Dans le domaine de la traduction, la théorie des langages s'applique aux compilateurs de langages de programmation.
Cette loi de composition interne est associative et admet le mot vide pour élément neutre (ce qui justifie la notation ). Par conséquent l'ensemble , muni de cette loi, est un monoïde. C'est un monoïde libre au sens de l'algèbre.
Un langage formel est un ensemble de mots sur un alphabet fini, c'est-à-dire une partie du monoïde libre sur cet alphabet.
Exemples
Quelques exemples de langages formels :
l'ensemble de tous les mots sur ,
l'ensemble des mots de la forme , où est un nombre premier,
l'ensemble des mots d'entrée sur lesquels une machine de Turing donnée s'arrête,
l'ensemble des 1000 mots les plus fréquents dans une langue donnée.
Construction d'un langage formel
Un langage formel peut être spécifié par différents moyens. Ce qui est recherché, c'est une méthode ou un mécanisme fini, et explicite, qui permet de produire ou d'analyser un langage en général infini. Parmi ces méthodes, il y a :
les grammaires formelles. Les mots sont produits par des règles, en nombre fini, qui s'appliquent dans des conditions précises. On obtient une classification de langages appelée hiérarchie de Chomsky ;
les expressions rationnelles. Les mots sont décrits selon un symbolisme qui permet de décrire des successions, des répétitions, des alternatives. C'est un moyen très répandu pour la recherche de mots dans des textes ;
Les langages sont regroupés en familles de langages. La Hiérarchie de Chomsky nous donne quatre types de grammaire, chaque type de grammaire générant une famille de langage.
Ces ensembles de langages sont tous inclus les uns dans les autres et sont ici donnés de l'ensemble le plus grand au plus petit. Donc, tout langage rationnel est algébrique, qui est lui-même contextuel, qui est lui-même récursivement énumérable.
Entre ces 4 familles de langages, on peut noter des familles qui ne font pas partie de la hiérarchie de Chomsky, mais qui restent remarquables par leurs définitions et leurs propriétés.
Les langages récursifs sont les langages reconnus par une machine de Turing, et dont le complémentaire est aussi reconnu par une machine de Turing. Ils sont donc strictement inclus dans les langages récursivement énumérables.
Opérations sur les langages formels
Plusieurs opérations peuvent être utilisées pour fabriquer de nouveaux langages à partir de langages donnés. Supposons que L et M soient des langages sur un certain alphabet commun.
La concaténation de et de , notée simplement est l'ensemble des mots de la forme où est un mot de et est un mot de .
Quotients ou résiduels
Le quotient à gauche de par un mot est l'ensemble des mots tels que appartient à . Le quotient à gauche est aussi appelé résiduel.
Le quotient à droite de par un mot est défini symétriquement comme l'ensemble des mots tels que appartient à .
Le quotient à gauche et le quotient à droite s'étendent aux langages. Ainsi, le quotient à gauche de par un langage , noté , est la réunion des langages pour dans .
Étoile de Kleene
L'étoile de Kleene de L est l'ensemble noté composé des mots de la forme avec et . Cet ensemble contient le mot vide.
Retourné ou image miroir
Le renversé de L, noté ou contient les mots miroirs des mots de L, c'est-à-dire les mots de L lus de droite à gauche.
Mélange ou « shuffle »
Le mélange de L et M, noté L Ш M, est l'ensemble des mots pouvant s'écrire où et sont des mots (éventuellement vides) tels que soit un mot de L et soit un mot de M. Par exemple[2] Ш .
Morphisme et morphisme inverse
Une application est un morphisme ou homomorphisme si pour tous mots de . L'image homomorphe d'un langage sur est l'ensemble
.
Par abus de langage, on appelle morphisme inverse l'inverse d'un morphisme. Le morphisme inverse de est la fonction notée de dans l'ensemble des parties de définie par
.
Ce n'est en général pas un morphisme. L'image par un morphisme inverse d'un langage sur est le langage
.
Un morphisme est non effaçant ou croissant ou, par imitation de l'anglais, ε-free si l'image d'une lettre n'est jamais le mot vide. Dans ce cas, la longueur de l'image d'un mot est supérieure ou égale à celle du mot.
Propriétés de clôture
Une question commune sur ces opérations est de connaitre les propriétés de clôture de chaque famille de langage pour chacune de ces opérations, c'est-à-dire si le langage issu d'une opération reste dans la même famille de langages que les langages dont il est issu.
Chaque classe de langages est strictement contenue dans la classe immédiatement au-dessus d'elle. Chaque automate et chaque grammaire d'une classe ont un équivalent dans la classe immédiatement au-dessus.