Au crépuscule, un timonier fait voguer une barque sur le Nil[1]. Sur celle-ci, un prisonnier, surveillé par deux gardes et entravé, ainsi qu'un Arnaute chantant au tchegour et semblant se moquer du prisonnier[1]. Au loin apparaît le temple de Luxor[1].
Les couleurs, vive et chaudes, des personnages, contrastent avec les tons doux et vaporeux du décor. La très large ligne d'horizon donne une impression d'infinité à la scène, en renforçant le côté tragique déjà présent par l'acceptation stoïque de son sort par le prisonnier, sans doute emmené vers de nouveaux supplices[1]. La composition est proche d'une autre œuvre du peintre conservée à Nantes, La Plaine de Thèbes[2].
Si le style déployé par Gérôme est proche de celui de son maître, Charles Gleyre, en particulier Le Soir, l'étude des visages peut donner une nouvelle lecture à l'œuvre : en effet, le visage du captif ressemble à celui de Gleyre, tandis que celui du timonier, à Gérôme : le peintre a peut-être ainsi voulu prendre ses distances avec la tutelle artistique de Gleyre[1].
Historique
Gérôme s'inspire de son voyage en Égypte afin de réaliser cette œuvre[1]. Celle-ci, achetée dès sa réalisation par la ville de Nantes, en 1861, est un énorme succès lors du Salon de 1863[1], La même année que Louis XIV et Molière. Le peintre fait réaliser une gravure du Prisonnier par Goupil et en peint une nouvelle version, autographe, en 1863[1]. Constatant des dégradations à la suite de l'exposition du Prisonnier au Salon de 1867, il réalise des restaurations sur la toile en 1868[1].