À la suite de la première triomphale d'Il trovatore, le au Théâtre italien de Paris, François-Louis Crosnier, le directeur de l'Opéra de Paris, propose à Giuseppe Verdi de revoir son opéra pour l'adapter aux attentes du public de la « grande boutique » : il s'agissait d'en faire une version française, assortie d'un ballet, selon les standards du « grand opéra » alors en vigueur dans la première salle de la capitale française. Après quelques difficultés et un procès perdu contre Toribio Calzado, l'impresario du Théâtre des Italiens, Verdi peut enfin donner son accord le .
Composition
La traduction du livret de Salvatore Cammarano est confiée à Émilien Pacini qui travaille sous l'œil vigilant de Verdi. Celui-ci apporte de nombreuses modifications à la partition, réécrit la scène finale et compose le ballet du troisième acte.
Le ballet
Placé au troisième acte entre le chœur d'introduction et le trio de la scène suivante, le ballet du Trouvère est, selon la tradition du « grand opéra » à la française, un long intermède composé d'un « Pas des bohémiens », une « Gitanilla », une « Seviliana », un numéro titré « La bohémienne », un « Galop » et une « Sortie de la danse ».
Pour Guillaume de Van[1]« ce ballet n'a rien à faire dans Il trovatore mais mérite d'être réécouté à l'occasion d'une reprise de la version française. »
La scène finale
Verdi a donné au Trouvère une fin plus étoffée que celle d'Il trovatore : alors que l'exécution de Manrico intervient et se déroule rapidement dans la scène équivalente de l'opéra italien, Verdi rajoute ici un Miserere et l'air de Leonora « Di te... di te scordarmi » est remplacé par un air chanté par Manrico « Ma mère, sois bénie » ; le trouvère évoque ensuite sa bien-aimée dans une complainte. Ce n'est qu'après encore un duo dans lequel Azucena exprime son tourment, et le comte l'assouvissement de sa vengeance, que Manrico est enfin exécuté et que la gitane assène à de Luna son terrible secret.
Il s'agissait pour le compositeur de satisfaire là le goût du public de la « grande boutique ». Selon Guillaume de Van toujours[2], cette scène finale « suggère une volonté purement conjoncturelle de trouver à peu de frais une fin plus spectaculaire » : le Miserere est en effet repris du début du quatrième acte.
Pour la chercheuse Christine Rodriguez, l'intrigue de l'opéra est tissée d'invraisemblances, avec notamment un « imbroglio logique »[3].
↑Alain Pâris mentionne cependant deux représentations en français sur le livret de Pacini, les 22 février et 20 mai 1856 respectivement à l'Opéra de Marseille et à la Monnaie de Bruxelles (Livrets d'opéras, vol. 2, p. 478).