Le film, présenté au festival de Cannes, ne sera pas un succès lors de sa sortie en salles en France quelques jours plus tard, mais devient un film culte au fil des ans.
Quelques années plus tard, Tony Scott produit la série Les Prédateurs, sans véritables liens avec le film.
Synopsis
À New York, la belle et élégante Miriam Blaylock (Catherine Deneuve) mène une vie luxueuse et oisive au côté de son mari John (David Bowie). En réalité, née sous l'Égypte antique, elle est âgée de plus de 3 000 ans. Elle doit tous les 7 jours, boire du sang humain pour se préserver des atteintes du temps. Elle utilise, pour ce faire, un petit pendentif en forme de clé d'Ânkh qu'elle porte autour du cou et qui dissimule une lame acérée qui lui permet de trancher la gorge de ses victimes. Elle a offert, il y a trois cents ans, l’immortalité à son mari. Cependant, si elle peut donner l’immortalité à ceux et celles qu’elle a choisis, elle ne peut leur garantir de les aimer toujours, alors que l'amour est l'ultime ingrédient de l'alchimie subtile qui leur assure de ne pas vieillir. En cette fin de XXe siècle, après trois siècles de vie commune et heureuse, John Blaylock commence à ressentir la réalité d’un vieillissement accéléré qui ne s’arrêtera plus, sans pour autant entraîner sa mort. John prend alors contact avec Sarah Roberts (Susan Sarandon), un médecin spécialiste du vieillissement, pour essayer d'échapper à l'inéluctable. Miriam tombe sous le charme de cette dernière. Après que John a succombé au poids des ans, Miriam entreprend de séduire Sarah pour en faire sa nouvelle compagne.
Fiche technique
Sauf indication contraire ou complémentaire, les informations mentionnées dans cette section peuvent être confirmées par la base de données IMDb.
Sociétés de distribution : MGM/UA Entertainment Company (États-Unis), Cinema International Corporation (France), Mission Distribution (ressortie, France)
Howard Blake : le pianiste au restaurant (non crédité)
Production
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Les producteurs voulaient à l'origine qu'Alan Parker réalise le film, après le succès de The Wall. Mais Alan Parker leur suggère d'engager Tony Scott, un nouveau venu issu de la publicité[3]. Le frère de Ridley Scott signe ici son premier long métrage.
Au début du film, on peut entendre une chanson du groupe de rock gothiqueBauhaus, Bela Lugosi's Dead, clin d'œil à Béla Lugosi, un des plus célèbres interprètes de films de vampire. Tony Scott avait découvert ce groupe dans une discothèque de Londres[4]. Alors que Hans Zimmer avait été envisagée[4], la musique est supervisée par Howard Blake, alors que la musique originale est composée par Michel Rubini(en) et Denny Jaeger. L'album de la bande originale, commercialisée par Varèse Sarabande, ne contient que quelques morceaux présents dans le film.
Toute la musique est composée par Michel Rubini(en), sauf exceptions notées.
En regard du box-office, Les Prédateurs a reçu des critiques mitigées. Le film est noté à 46 % sur le site Rotten Tomatoes, regroupant 28 critiques et est évalué à 5/5 pour 3 critiques de presse sur le site d'Allociné.
Commentaires
Analyse
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Sur le site DVDclassik, on peut lire dans une longue critique-analyse notamment sur l'idée que Tony Scott n'a pas fait un film de vampires classique : « Tony Scott débarrasse en grande partie l'intrigue de tout le folklore vampirique que constituent l'ail, la lumière du jour mortelle ou encore la crainte des symboles religieux. On ne gardera ici que la notion d'immortalité rattachée à l'addiction et à la consommation de sang, le statut de vampire conservant son mélange de séduction et de malédiction mais dans une approche inédite. Le vampirisme repose ici avant tout sur une notion d'amour et de soumission[6]. »
L'invisibilité des vampires
Les vampires sont souvent représentés avec des caractéristiques particulières, mais communes. Un de ces traits est l’inhabilité d’être photographié ou de voir sa réflexion dans un miroir[7], ce qui joue avec l’idée de l’invisibilité. Dans le film Les Prédateurs nous observons les personnages démontrer les caractéristiques exactement opposées, par exemple lorsque Alice prend des photos de John et Miriam. On voit aussi les personnages de John et Miriam se regarder dans le miroir à quelques reprises. Ce choix, d’avoir les personnages visibles dans le miroir et les photographes, joue avec l’idée de l’invisibilité des vampires d’une façon unique, en explorant l’idée qu’ils sont cachés en pleine vue. Les individus dans leurs entourages ne les considèrent pas nécessairement comme une menace, ils sont capables de rendre cette partie d’eux-mêmes invisible jusqu’à ce qu’ils aient besoin de la révéler, par exemple lorsqu’ils ont besoin de se nourrir.
Le vieillissement
Lorsqu’elle choisit ses compagnons, Miriam promet à ceux-ci une vie éternelle, à condition qu’ils doivent consommer du sang humain pour maintenir ceci. Cette déclaration repose sur un point technique et n’est pas honnête à 100 %. Même si oui, ses amants finiront par vivre éternellement, leur jeunesse n’est garantie que pendant un certain temps avant qu’ils ne commencent à se détériorer rapidement et finissent par vivre éternellement dans un état de zombie. Il y a un parallèle ici avec un autre vampire bien connu, Dracula. Dans son œuvre, Bram Stoker suggère que le prix qui doit être payé pour une vie éternelle est la détérioration de la vie naturelle pour échapper à la mort[8]. Cela ressemble à Les Prédateurs de deux manières. Tout d’abord, Miriam poursuit ce cycle consistant de choisir un amant, à coexister avec lui ou elle, à voir sa détérioration et à recommencer le cycle, toujours dans le but ultime de rester elle-même immortelle et jeune. Deuxièmement, ces amants échangent leurs vies antérieures contre une « vie éternelle » où ils finissent par devenir non fonctionnels et vivre dans des corps presque en décomposition.
Postérité
Le film comprend une scène d'amour saphique entre Catherine Deneuve et Susan Sarandon. La scène est devenue célèbre en partie grâce au Duo des fleurs extrait de l'opéra Lakmé de Léo Delibes, que l'on entend pendant que Miriam Blaylock transmet son pouvoir à Sarah Roberts par une tendre morsure au creux du bras. Susan Sarandon commente ce passage dans le film documentaire de 1995 The Celluloid Closet, consacré à l'homosexualité dans le cinéma, notamment hollywoodien. Les Prédateurs fait partie de ces quelques films qui ont assuré à Catherine Deneuve le statut, fort apprécié par l'actrice elle-même selon ses dires, d'icône lesbienne et gay.
Entre 1997 et 2000, Tony Scott a produit une série télévisée, également titrée Les Prédateurs en français et The Hunger en anglais, et consacrée au thème du vampirisme. David Bowie tenait un rôle de narrateur dans la deuxième saison. Malgré un titre et un thème communs, la série ne reprenait ni le récit, ni les personnages du film.
Vampires bisexuels
Les thèmes autour du vampire bisexuel sont prédominants dans le film Les Prédateurs. La bisexualité et le vampirisme ont souvent été liés et ce lien a été noté sur des plans académiques et culturels. La conclusion est souvent que le vampire renforce des stéréotypes liés à la bisexualité qui sont dangereux[9]. Les bisexuels forment une minorité sexuelle qui peut-être invisible, mais certains stéréotypes à leurs égards sont associés à la promiscuité ou disent que les bisexuels sont dangereux[10]. Dans le film, on voit que Miriam, lorsqu’elle veut que Sarah devienne sa nouvelle amoureuse, commence une relation intime et sexuelle avec elle. De plus, au début du film, on voit que lorsqu’elle et John cherchent des victimes avec lesquelles se nourrir, ils entament le début de relations sexuelles avec leurs victimes avant de les tuer. Cela rejoint le stéréotype selon lequel les bisexuels sont intrinsèquement promiscuités et excessivement sexuels, car, afin de se nourrir et de poursuivre le cycle de vampirisme, Miriam et ses partenaires, actuels et potentiels, doivent se livrer à une activité sexuelle.
Le film lui-même s’appelle, en français, Les Prédateurs, faisant un lien avec le stéréotype que les bisexuels sont dangereux ou des prédateurs. De plus, les téléspectateurs ont le sentiment que Miriam prépare la jeune Alice à devenir sa prochaine amante lorsqu’elle atteindra sa majorité. Lorsqu’Alice n’est plus une option, elle se tourne vers Sarah, une femme en couple. Cela ne fait que renforcer les stéréotypes prédateurs.
Religion
Une autre caractéristique commune des vampires est le fait qu’ils peuvent être vaincus par la religion ou par des symboles religieux. Ceci est le plus souvent lié aux religions judéo-chrétiennes comme on le voit dans Dracula de Bram Stoker, ou Interview with the Vampire d’Anne Rice[11], mais peut aussi s’entrelacer plus avec les cultures autochtones de la région d’origine de l’œuvre, comme dans Salem’s Lot de Stephen King. En contraste avec cela, dans Les Prédateurs, les pouvoirs de Miriam proviennent d’une religion, plus particulièrement d’anciennes croyances spirituelles égyptiennes, comme le montre son pendant ankh. Contrairement aux autres vampires classiques, Miriam utilise la religion et la spiritualité à son avantage. Cela étant dit, comme pour ces autres vampires, la chute de Miriam finit également par provenir de ces croyances religieuses, puisque c’est son propre pendentif ankh que Sarah utilise pour se poignarder, ce qui déclenche les événements de la fin du film.
Différences avec le roman
La fin du film diffère du roman dont il s'inspire. Les producteurs ne voulaient pas de la fin originale dans laquelle le personnage de Miriam s'installe à San Francisco pour recommencer une petite vie tranquille, en toute impunité, et souhaitaient au contraire une fin dans laquelle son personnage serait « puni »[3].
Par ailleurs, l'auteur Whitley Strieber écrira deux suites à son œuvre, Le Dernier Prédateur (2001) et Le Rêve de l'élite (2004), qui ne seront pas adaptés à l'écran[4].
↑(en) Marta Miquel-Baldellou, « From Pathology to Invisibility: The Discourse of Ageing in Vampire Fiction », EnterText, vol. 12, , p. 95-114 (lire en ligne [PDF])
The Celluloid Closet, un film documentaire réalisé en 1995 qui aborde l'homosexualité au cinéma, dans lequel Susan Sarandon parle de la scène lesbienne du film