La littérature indonésienne est d'abord la littérature provenant d'Indonésie, ou écrite en indonésien. Le poète indonésien Sapardi Djoko Damono propose de limiter le champ de la littérature indonésienne moderne aux textes imprimés, car l'imprimerie « marque la division entre les littératures ancienne et moderne[1] ».
L'Indonésie est une nation récente, qui a proclamé son indépendance en 1945. Toutefois, le Serment de la Jeunesse prononcé en 1928 par des représentants d'organisations de la jeunesse indigène dans ce qui était encore les Indes orientales néerlandaises exprime déjà l'aspiration « une nation : la nation indonésienne, une langue : l'indonésien, un pays : l'Indonésie ». Ce que les nationalistes appellent alors « indonésien » est bien le malais, qui depuis des siècles servait de lingua franca entre les différents peuples de l'archipel.
On considère donc que la littérature écrite dès les années 1920 en malais, dans un perspective nationaliste indonésienne, est déjà une « littérature indonésienne ».
On peut inclure dans la littérature indonésienne celle écrite par des personnes que l'Indonésie considère comme participant du mouvement national. La plus éminente de ces personnes est Raden Ayu Kartini, aristocrate javanaise qui écrivait en néerlandais pour dénoncer la condition faite aux femmes javanaises de son époque.
Langues
Un millier de langues sont ou ont été parlées dans l'archipel.
Chacune est potentiellement porteuse d'une littérature, au moins orale.
Le malais est la lingua franca.
L'indonésien se construit sur ces bases.
La période des "Poètes anciens" (Pujangga Lama) qualifie les textes de la période classique indonésienne, ou hindou-bouddhique, d'un millier d'années, avant la propagation de l'Islam en Indonésie(en) (1000-1600).
Les genres traditionnels sont la poésie narrative (syair), les chroniques (babad), les contes et fables (hikayat), les aphorismes (gurindam) et proverbes, les quatrains (pantun).
Les écrivains du pays Minangkabaus dans l'ouest de Sumatra jouent un rôle de premier plan dans cette littérature moderne indonésienne nouvellement née.
Sanusi Pane (1905-1968), musulman, proclame que les Indonésiens doivent chercher leur inspiration dans le passé pré-islamique de l'Indonésie.
Mohammad Yamin (1903-1962) abandonne les formes traditionnelles malaises comme le pantun et publie en 1920 les premiers poèmes modernes en indonésien.
En 1922, Marah Roesli(en) (1898-1968) publie Siti Nurbaya, le premier roman indonésien moderne, qui raconte un amour rendu tragique par le choc entre tradition et modernité.
Les 20 premières années de l'Indonésie indépendante (1945-1965)
Cette littérature moderne gagne en vitalité après l'indépendance. Durant les années de conflit entre la jeune république et l'ancien colonisateur hollandais, Chairil Anwar (1922-49), personnage ombrageux et rebelle, est la figure de proue du mouvement poétique Angkatan 45, la « génération de 45 ».
Dans le domaine culturel, les années 1960 sont marquées par l'antagonisme entre les intellectuels proches du PKI, réunis dans le Lekra (Lembaga Kebudayaan Rakyat, « institut de culture populaire »), dont le plus connu est l'écrivain Pramoedya Ananta Toer, et les autres, dont la figure la plus éminente est l'écrivain Mochtar Lubis.
La répression anti-communiste de 1965-1966 va faire des ravages chez les intellectuels indonésiens. La période Soeharto ne brille pas par une grande créativité.
Dans les dernières années de Soeharto surgit une nouvelle génération de jeunes écrivains et surtout écrivaines. La plus remarquée est Ayu Utami, née en 1968.
La fin du régime Soeharto a également permis la prise de conscience du rôle des Indonésiens d'origine chinoise dans la formation de la langue nationale. On reconnaît désormais l'importance de la sastra Melayu-Tionghoa ("littérature sino-malaise") qui, entre 1870 et 1960, a produit plus de 3 000 œuvres de quelque 800 auteurs, bien plus que le nombre d'œuvres et d'écrivains en indonésien moderne. Cette littérature a souffert du préjugé à l'égard de la langue dans laquelle elle est écrite, considérée comme du "malais inférieur", par opposition au "malais supérieur" des ouvrages publiés par la Balai Pustaka. Le débat en cours au sujet de cette littérature oblige à une redéfinition de ce qu'il faut considérer comme de la "littérature indonésienne", et plus généralement, de ce qui est "indonésien".
Angkatan Reformasi : la période de Réforme (post-Suharto
Andjar Asmara, Boni Avibus, Kamadjaja, Karim Halim, Raden Machjar Angga Koesoemadinata, Kwee Tek Hoay, Lauw Giok Lan, Achdiat Karta Mihardja, Njoo Cheong Seng, Arifin C. Noer, Willibrordus S. Rendra, Nano Riantiarno, Helvy Tiana Rosa, Agus R. Sarjono, Remy Sylado, Tio Tek Djien, Putu Wijaya, Mohammad Yamin