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Loi d'usure de Preston-Archard

En physique, la loi d'usure de Preston-Archard, ou plus simplement loi d'Archard, ou encore équation d'Archard, nommée d'après l'ingénieur britannique John F. Archard, est une loi empirique reposant sur la théorie du contact des aspérités décrivant les pertes de volume d'une pièce dues à l'usure de celle-ci lors d'un glissement contre une autre pièce[1].

La loi d'Archard a été développée bien plus tard que l'hypothèse de Reye (également connue sous le nom de loi de Reye ou encore d'hypothèse de dissipation d'énergie), bien que toutes deux aboutissent aux mêmes conclusions physiques, à savoir que le volume des débris enlevés en raison de l'usure est proportionnel au travail effectué par les forces de frottement[1],[2].

Le modèle de Theodor Reye[2],[3] est devenu populaire en Europe et est toujours enseigné dans les cours universitaires de mécanique appliquée[4]. Cependant les travaux ultérieurs de Ragnar Holm[5],[6] et John Frederick Archard[1] sont généralement cités dans la littérature scientifique anglaise et américaine.

En 1960, Mikhail Mikhailovich Khrushchov et Mikhail Alekseevich Babichev ont également publié un modèle similaire[7]. Dans la littérature moderne, la relation est donc également connue sous le nom de loi d'usure de Reye-Archard-Khrushchov.

Enoncé

Considérons le mouvement relatif entre deux pièces et sous une force normale avec une vitesse de déplacement , supposée uniforme sur toute la surface de contact.

La loi d'usure de Preston-Archard établi une relation de proportionnalité entre le volume d'usure de la pièce et la force normale et la longueur de glissement de la pièce sur [1]. Ce volume est donné par l'expression suivante :

Avec :

Autres formulations possibles

D'autres formulations de cette loi existent telles que :

avec la contrainte d'écoulement du matériau le plus mou et la surface de contact[8].

avec la profondeur de la piste d'usure[8].

Avec les coefficients et des coefficients de calage.

  • [9]

est appelée vitesse d'usure et est homogène à l'inverse d'une contrainte. La vitesse d'usure est usuellement exprimée en .

Démonstration

Pour démontrer cette loi on commence par s'intéresser à une unique aspérité[10].

On note la charge localement supportée par l'aspérité. Si l'on suppose l'aspérité de section circulaire de rayon alors :

avec la pression d'élasticité de l'aspérité, supposée proche de sa dureté .

Si on suppose que le volume de matière enlevée correspond à un hémisphère de l'aspérité alors :

ce débris est formé par un matériau s'étant déplacé d'une distance .

Ainsi on obtient que le volume de matière enlevé par unité de distance s'écrit :

, en considérant l'approximation :

Cependant, toutes les aspérités ne subissent pas exactement le même enlèvement de matière. Ainsi le volume total de matière enlevée par unité de distance , sera inférieur à . Pour tenir compte de cela Archard introduit un coefficient de proportionnalité adimensionnel . Par soucis de simplicité, on intègre le facteur dans la constante .

Ainsi en supposant les paramètres indépendants de la distance parcourue on obtient l'équation d'usure de Preston-Archard donnant le volume de débris pour une distance donnée :

Limites du modèle

De part les hypothèses posées, ce modèle théorique est difficilement applicable dans la réalité des contacts[8]. Ainsi Meng et Ludema ont recensé plus d'une centaine de lois d'usure adaptées de la loi de Preston-Archard qui correspondent à différents contextes d'application[11].

Notes et références

  1. a b c d et e J. F. Archard, « Contact and Rubbing of Flat Surfaces », Journal of Applied Physics, vol. 24, no 8,‎ , p. 981–988 (ISSN 0021-8979 et 1089-7550, DOI 10.1063/1.1721448, lire en ligne, consulté le )
  2. a et b « 'Der Civilingenieur : Zeitschrift für das Ingenieurwesen. 6. 1860' - Digitalisat | MDZ », sur www.digitale-sammlungen.de (consulté le )
  3. (de) Moritz Rühlmann, Vorträge über die Geschichte der technischen Mechanik und theoretischen Maschinenlehre und der damit im Zusammenhang stehenden mathematischen Wissenschaften, Georg Olms Verlag (ISBN 978-3-487-41119-4, lire en ligne)
  4. (en) Piero Villaggio, « Wear of an Elastic Block », Meccanica, vol. 36, no 3,‎ , p. 243–250 (ISSN 1572-9648, DOI 10.1023/A:1013986416527, lire en ligne, consulté le )
  5. Holm, Ragnar; Holm, Else (1958). Electric Contacts Handbook (3rd completely rewritten ed.). Berlin / Göttingen / Heidelberg, Germany: Springer-Verlag. (ISBN 978-3-66223790-8).
  6. Holm, Ragnar; Holm, Else (2013-06-29) [1967]. Williamson, J. B. P. (ed.). Electric Contacts: Theory and Application (reprint of 4th revised ed.). Springer Science & Business Media. (ISBN 978-3-540-03875-7).
  7. (ru) Michail Michajlovič Chruščov et Michail Aleksejevič Babičev, Issledovanija iznašivanija metallov, Akad., (lire en ligne)
  8. a b et c Nicolas Fillot, « Etude mécanique de l'usure: Modélisation par Eléments Discrets des débits de troisième corps solide », Institut national des sciences appliquées,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. « Théorie de l’usure : Mesure, caractérisation des contacts et vitesse d’usure », sur Techniques de l'Ingénieur (consulté le )
  10. « Archard equation derivation », sur www.doitpoms.ac.uk (consulté le )
  11. S.C. Lim et M.F. Ashby, « Overview no. 55 Wear-Mechanism maps », Acta Metallurgica, vol. 35, no 1,‎ , p. 1–24 (ISSN 0001-6160, DOI 10.1016/0001-6160(87)90209-4, lire en ligne, consulté le )

Liens externes

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