Il fait ses premières armes sous les ordres du maréchal de Brissac en Piémont, où son dévouement et son ardeur sont remarqués. Revenu en France, il participe en 1552 à la conquête des Trois-Évêchés et à la défense de Metz. L'année suivante, il se distingue durant une campagne en Picardie. Pour le récompenser, le roi le place à la tête d'une compagnie d'ordonnance. En 1554, il prend part à la bataille de Renty, où il charge à la tête de ses gendarmes. En 1555, il retourne combattre en Italie, où il entre en conflit avec les Guise. Malgré ses services, il se voit refuser le gouvernement de Picardie, que son père et son frère avaient exercé. En 1557, il participe à la défense du royaume lors de l'invasion de la Champagne et de la Picardie par le duc de Savoie. Il participe aux prises de Calais et de Thionville. Malgré ses efforts, il reste aux marges de la faveur royale ; la charge de colonel général de l'infanterie par delà les monts qu'il reçoit en 1558, est bien modeste pour son rang.
Il manifeste assez tôt ses sympathies pour la Réforme protestante et se convertit secrètement sans doute à l'été 1558, influencé par son épouse Éléonore de Roye, fervente calviniste. Il s'impose alors comme chef naturel du parti huguenot en voie de construction[1].
Le 30 juin 1559 Henri II est blessé lors du tournoi en l'honneur du mariage de sa sœur,
Louis est celui, avec Sancerre, Martigues, Guise et son frère le cardinal qui va le transporter à l'hôtel des Tournelles où il décéda quelques jours plus tard[2].
Guerres de Religion
Après la mort d'Henri II, les mécontentements que lui font essuyer les Guise le jettent dans l’action violente. Il aurait été le capitaine muet de la conjuration d'Amboise (mars 1560), qu'il combat finalement pour donner le change. Suspecté par les Guise au pouvoir d'avoir fait partie des conjurés, Condé est assigné à demeure à la cour. S'il n'est pas arrêté, c'est que les Guise n'ont pas de preuve écrite de sa participation à la conjuration.
Réfugié chez son frère le roi de Navarre, il soutient activement le mouvement de sédition qui anime la province pendant l'été. L'arrestation de l'un de ses agents en possession de documents compromettants pousse le roi, le 31 octobre, à le faire arrêter[3]. Certaines sources le présentent comme condamné à mort sans que cela soit établi. Son exécution aurait été ajournée par la maladie du roi qui meurt le 5 décembre[4]. Avec le changement de gouvernement, il est libéré par Catherine de Médicis, qui a besoin du contrepoids que représente un prince du sang face aux Guise, après la mort du roi François II[5].
Première guerre
Après le massacre de Wassy le , il prend les armes. En avril, il publie un manifeste où il proclame sa volonté de délivrer la régente et le roi des Guise. Il obtient des promesses d’aide d’Allemagne, et s’empare de plusieurs villes de la vallée de la Loire avec une poignée de cavaliers[6]. Les protestants prennent le contrôle de la vallée du Rhône, du Dauphiné, du Languedoc, de Lyon, dont il confie la garde à Soubise. Mais aucun renfort ne peut lui parvenir, ni de ces régions ni de Guyenne. Il perd la bataille de Dreux et y est fait prisonnier (1562). Il est libéré par la paix d'Amboise de 1563, qui octroie aux huguenots une certaine tolérance religieuse.
Deuxième guerre
En 1567, il tente d'enlever le roi et sa mère. Cet épisode, resté sous le nom de surprise de Meaux, fait reprendre la guerre entre les deux camps religieux. Le prince de Condé livre en la bataille de Saint-Denis, qui reste indécise. Puis il assiège Chartres début 1568, en vain, ce qui se termine par une paix relative, la paix de Longjumeau, qui n'est en réalité qu'une trêve permettant aux deux camps de reconstituer leurs troupes.
L’affrontement avec l’armée royale a lieu le à Jarnac. Blessé durant le combat, Condé tente de se rendre lorsqu'il est assassiné d'un coup de pistolet par Joseph-François de Montesquiou, capitaine des gardes du duc d'Anjou appelés les manteaux rouges. Promené sur une ânesse, son cadavre est l'objet des quolibets de l'armée catholique avant d'être exposé pendant deux jours sur une table au château de Jarnac[7].
Son corps fut ensuite remis au duc de Longueville qui le fit inhumer à Vendôme, dans la collégiale Saint-Georges de Vendôme, nécropole de ses ancêtres Bourbon.
Il est le premier de sa famille qu'on ait appelé M. le Prince.
Ses prétendus Mémoires sont une compilation de divers écrits relatifs à l'histoire des protestants de son temps[8].
↑Didier Le Fur, Henri II, Paris, coll. « Tallandier », , 624 p (ISBN978-2-84734-297-0), p 507.
↑Lucien Romier, La Conjuration d'Amboise. L'aurore sanglante de la liberté de conscience, le règne et la mort de François II, Paris, Librairie académique Perrin et Cie, 1923, p. 269 ; Eric Durot, François de Lorraine, duc de Guise entre Dieu et le Roi, Paris, Classiques Garnier, 2012.
↑Arlette Jouanna (dir.), Histoire et dictionnaire des guerres de religion, 1559-1598, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1998, 75.
↑Hélène Germa-Romann, Du « bel mourir » au « bien mourir » : le sentiment de la mort chez les gentilshommes français (1515-1643), Genève, Librairie Droz, coll. « Travaux d'humanisme et Renaissance » (no 347), , 352 p. (ISBN978-2-600-00463-3, présentation en ligne), p. 227-228.
↑Cécile Huchard, « Des Mémoires de Condé aux Mémoires de l'Estat de France de Goulart. Le rôle des compilations pamphlétaires » dans Jacques Berchtold et Marie-Madeleine Fragonard (dir.), La mémoire des guerres de Religion. La concurrence des genres historiques (XVIe – XVIIIe siècles), Droz, 2009, p. 88.
Voir aussi
Bibliographie
Henri d'Orléans duc d'Aumale, Histoire des princes de Condé pendant les XVIe et XVIIe siècles, Tome premier, Tome deuxième, Paris, Michel Lévy frères, 1863 et 1864.
Matthieu Deldicque (sous la dir. de), Visages des guerres de religion, Dijon, Editions Faton, Domaine de Chantilly, , 95 p. (ISBN978-2-87844-338-7).
Arlette Jouanna, Jacqueline Boucher, Dominique Biloghi et Guy Le Thiec, Histoire et dictionnaire des guerres de religion, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1526 p. (ISBN2-221-07425-4, présentation en ligne).
Ariane Boltanski, « « Dans cette bataille, tomba et fut écrasée la tête du serpent ». Les usages idéologiques de la mort du prince de Condé dans le camp catholique », dans Ariane Boltanski, Yann Lagadec et Franck Mercier (dir.), La bataille : du fait d'armes au combat idéologique, XIe – XIXe siècle, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », , 288 p. (ISBN978-2-7535-4029-3, présentation en ligne), p. 123-141.
Éric Gasparini, « La prise d'armes de Louis de Condé en 1562 », dans Marie-Bernadette Bruguière (dir.), Prendre le pouvoir : force et légitimité, Presses de l'Université Toulouse Capitole, coll. « Études d'histoire du droit et des idées politiques » (no 6), , 346 p. (ISBN978-2-36170-179-6, lire en ligne), p. 137-149.
Ch. Paillard, « Détournement au profit des huguenots français d'un subside envoyé par Philippe II à Catherine de Médicis », Revue historique, t. 2, , p. 490-499 (lire en ligne)